Depuis 2013, les saisons passent et se ressemblent à Los Angeles. L’été sert à refaire le plein d’espoirs et d’illusions pour mieux les voir foulés une fois la saison régulière débutée. Avec un groupe jeune et prometteur et bien évidemment la signature de Lebron James, les Lakers étaient enfin promis à retrouver les joutes du mois de mai. Certes des esprits sceptiques, dont l’équipe de Lakers France (@LALakersFR), avaient pointé dès la fin du recrutement les faiblesses structurelles de l’effectif, en premier lieu l’absence de spacing, ce qui reportait l’effort d’optimisation sur un coaching staff pourtant réputé pour son incapacité tactique patente.
Pour satisfaire James dans sa quête de quatrième titre, le front-office avait misé sur Rondo, Stephenson, Beasley, McGee et Chandler, autant de joueurs rompus aux playoffs parmi lesquels on comptait tout de même trois bagués. L’expérience couplée aux appétences créatrices des recrues devaient ainsi protéger et faire progresser une jeunesse prometteuse mais surexposée aux critiques. Le résultat est pour le moins mitigé.
Après des débuts poussifs où quasiment tout le roster a appris la dure réalité de côtoyer Lebron James (il faut apprivoiser ses 39,4 d’AST% et ses 31,6 d’USG%), l’équipe réapprend à défendre au courant de l’automne. Les résultats suivent mécaniquement et les Lakers s’installent confortablement dans le top 4 de la Conférence Ouest. L’apothéose advient le 25 décembre lorsque les Angelinos atomisent les Golden State Warriors devant tout un pays, chez les champions en titre qui plus est. La sortie sur blessure de Lebron James sonne ironiquement le début de la fin pour une équipe coupée dans son élan et qui ne parviendra jamais à retrouver un second souffle. Découragement, blessures, gabegie tactique, tous les ingrédients sont là pour en faire la saison la plus décevante de la décennie, devant celle du fiasco Howard.
Résumé de l’été
A l’instar des précédentes saisons, l’été des Lakers a débuté au printemps s’offrant un drama comme seul Hollywood sait les mettre en scène. Le 9 avril, Magic Johnson prend acte de son incompétence et de la réelle difficulté de la tâche de dirigeant pour démissionner de manière fracassante. Trois jours plus tard, c’est au tour de Luke Walton de faire ses bagages pour le Nord de l’Etat. Commence alors une ubuesque campagne de recrutement du nouvel entraîneur où, alors que l’on s’achemine vers un ticket Tyronn Lue/Frank Vogel, le premier rompt les négociations pour une histoire de longueur du contrat, laissant finalement le second seul candidat par défaut. Un processus qui aura une nouvelle fois mis à nu les dysfonctionnements structurels d’une franchise en manque de cap sportif clairement défini.
Malgré le marasme organisationnel, le destin sourit à Rob Pelinka. Le 15 mai, les petites boules de ping-pong sont clémentes et lui permettent une nouvelle fois de grimper dans l’ordre de la draft. Au-delà de la chance insolente, le 4ème choix obtenu ouvre à nouveau tout un ensemble d’opportunités sportives, soit en densifiant le stock de jeunes talents, soit en appuyant sur la touche « reset » pour faire venir la deuxième superstar voulue par la nouvelle direction.
C’est la seconde option, probablement la plus souhaitée par Lebron James, qui est retenue et Pelinka fait all-in pour envoyer Lonzo Ball, Brandon Ingram, Josh Hart, Mo Wagner, Isaac Bonga, Jemerrio Jones, le 4ème choix de la draft 2019, deux autres choix de draft ainsi qu’un swap de picks dans un échange à trois franchises pour récupérer Anthony Davis. La stratégie est désormais claire : faire de la place pour que le One-Two Punch se transforme en Big Three. Les Lakers sont au coude-à-coude pour attirer Kawhi Leonard, mais c’était sans compter la reconstruction totale initiée par Sam Presti. En obtenant Paul George contre une tripotée de picks, les Clippers remportent le morceau au finish. Fin du Big Three.
Pelinka, et l’on peut oser espérer que son entourage sportif lui ait susurré quelques conseils, change son fusil d’épaule et prend le contrepied total de l’intersaison 2018. Le spacing est déjà essentiel pour Lebron James, il est désormais indispensable avec l’addition d’Anthony Davis. Dont acte. Arrivent ainsi le 3&D Danny Green (30 millions sur deux ans) le « 3 and no D » Troy Daniels (minimum), l’autre « 3 and no D » Quinn Cook (6 millions sur deux ans), le désormais « pseudo 3&D » Avery Bradley (9,7 millions sur deux ans), le « 3&D » vieillissant Jared Dudley (au minimum sur un an). Rempilent également Alex Caruso (5,5 millions sur deux ans), Rajon Rondo (au minimum sur deux ans), Kentavious Caldwell-Pope (16 millions sur deux ans) et Javale McGee (8,2 millions sur deux ans). Mentionnons également le malheureux DeMarcus Cousins, recruté au minimum mais qui se blesse au genou durant l’été mettant un terme à sa saison avant qu’elle ne commence. Il est remplacé poste pour poste par un revenant en quête de rédemption, Dwight Howard, au minimum pendant une saison. Enfin, signalons que les Lakers ont été actifs pendant la draft en acquérant le 46ème choix de draft pour sélectionner Talen Horton-Tucker, le prometteur freshman d’Iowa State.
Roster
Meneurs : Alex Caruso, Rajon Rondo, Quinn Cook
Arrières : Danny Green, Avery Bradley, Kentavious Caldwell-Pope, Troy Daniels, Zach Norvell Jr (two-way player)
Ailiers : Lebron James, Jared Dudley, Talen Horton-Tucker
Ailiers forts : Anthony Davis, Kyle Kuzma, Kostas Antetokounmpo (two-way player)
Pivots : Dwight Howard, Javale McGee, DeMarcus Cousins (disabled player)
Jeu et Coaching
Qui dit nouvel entraîneur dit nouvelles intentions de jeu. Disons-le clairement, Frank Vogel ne donne pas tous les gages de la certitude. Il serait d’ailleurs impératif d’oublier ses années aux Pacers puisque, de l’aveu-même du premier intéressé, le basket NBA a depuis le début des années 2010 basculé dans une nouvelle ère. Frank Vogel admet avoir utilisé son passage au sein du Magic d’Orlando entre 2016 et 2018 comme une sorte de laboratoire pour l’assimilation et l’expérimentation des nouveaux principes en vogue.
Si la faiblesse du roster et l’acharnement des blessures excusent son piètre bilan en Floride, les chiffres n’en restent pas moins inquiétants : 28ème à l’offensive rtg et 24ème au defensive rtg en 2016/2017 puis 25ème et 20ème l’année suivante. C’est encore pire pour les statistiques d’optimisation puisque Vogel est dans les 11ème et 14ème percentiles pour l’optimisation offensive et dans les 13ème et 12ème percentiles pour l’optimisation défensive sur les deux saisons.
Il faut néanmoins constater que depuis son intronisation sur le banc des Lakers, Frank Vogel fait un sans-faute dans ses déclarations. Il a visiblement mis à profit son année « sabbatique » l’an dernier pour étudier en profondeur cette nouvelle NBA qu’il n’a pas encore apprivoisé et a fait le tour des coaching staffs pour mettre à jour ses principes et méthodes de travail. Il est aussi le premier entraîneur à clamer ouvertement son utilisation des statistiques avancées dans la détermination des schémas tactiques et des line-ups. Une mini-révolution après le retour en arrière incarné par Byron Scott et le grand n’importe quoi waltonien qui sonne à elle-seule comme l’espoir que la franchise est enfin entrée dans le XXIème siècle. Preuve toutefois qu’il inscrit son travail dans la continuité de ce qu’il a expérimenté à Orlando, il ramène dans ses bagages Quinton Crawford (assistant coach) et Dru Anthrop (chef de la coordination vidéo) qui ont officié sous ses ordres là-bas.
Puisque nous en sommes au rayon du coaching staff, les interrogations restent entières sur la stratégie du front-office et dans quelle mesure ce dernier a imposé ses vues à Frank Vogel. Même si aucun des assistants n’est érigé en Associate Head Coach, on peut néanmoins imaginer qu’une troïka se mettra en place avec les nominations de Jason Kidd et Lionel Hollins qui peuvent mettre en avant leur passé de Head Coach et leur expérience en Play-Offs. Outre la réputation sulfureuse (pour rester poli) de Kidd, ces deux nominations « cinq étoiles » soulèvent d’immenses réserves sur le plan sportif. Le premier, probablement imposé par le clan Rambis, devient l’assistant le mieux payé de l’histoire. Ce n’est pas son bilan, que ce soit sur le plan tactique (notamment en défense où il est totalement hors-sujet pour gérer le Pick and Roll) ou sur le plan du développement des joueurs qui plaide pour une telle nomination. Hollins s’était retrouvé dans la short list après le désistement de Tyronn Lue. Son passé aux Memphis Grizzlies est déjà plus reluisant, mais comme les Pacers de Vogel, le Grint and Grind appartient déjà à la préhistoire. Nommer un dinosaure dont l’aversion pour les statistiques avancées et la modernisation de la NBA est connue de tous ne ressemble pas à un mouvement d’une grande cohérence. Le reste du staff, composé de Phil Handy, Miles Simon (seul rescapé de l’ère Walton), Mike Penberthy et Greg St Jean, dessine une équipe clairement orientée dans l’encadrement profilé des joueurs, ce qui laisse songeur quant à la philosophie offensive des Lakers.
Comme il l’a été dit plus haut, Frank Vogel insiste dans ses déclarations sur l’importance du 3pts, tout en se distinguant en la matière des idéologues à la Mike D’Antoni. Récemment encore, il se félicitait que la quasi-totalité de son roster était capable de tirer de loin tout en soulignant les progrès inattendus de Rondo dans le secteur. Vogel connaît les nécessités d’un spacing qui se fasse respecter des défenses adverses, que ce soit pour ouvrir le drive à ses joueurs mais aussi pour punir la moindre rupture défensive. Sans que l’on puisse encore juger sur pièce, quelques indices sur les principes de jeu ont été distillés par Vogel. Le premier est la Lebron-dépendance en matière de création. Il est probable que l’on retrouve James dans un rôle de Point-Forward, certes familier pour lui, pour initier la création sur Pick and Roll et ressortir avec précision sur des extérieurs capables de dégainer à 3pts. On peut aussi s’attendre à ce que les Lakers renouent avec une relation inter/exter en s’appuyant sur les forces au poste (Davis, James et dans une moindre mesure Kuzma), pour ressortir à bon escient sur les shoteurs ou finir facilement au cercle. A voir toutefois quelle sera l’animation sur le weak side et quand James ne sera plus sur le terrain pour déterminer si le supporting cast sera spectateur ou acteur des schémas de jeu. L’interrogation reste entière sur le futur de notre jeu en transition. Vogel est peu disert sur le sujet, et l’arrivée de joueurs plus âgés laisse présumer l’idée que ce secteur sera en recul par rapport aux années précédentes. Reste à chiffrer si à défaut d’insister sur le nombre de possessions en (semi) transition, l’efficacité en sera améliorée avec des joueurs comme Davis, Howard et Green.
La défense est aussi un point d’emphase du nouveau coaching staff. A l’instar de son attaque, Vogel insiste sur la relation interieur/extérieur et sur l’impérieuse nécessité de protéger le cercle et la ligne du 3 pts. Malgré le départ de Lonzo « best defensive guard » Ball et d’autres joueurs intéressants comme Ingram et Hart, la défense devrait être au rendez-vous. Attaquer la peinture des Lakers ne sera pas de tout repos et un joueur comme Green devrait à lui-seul stabiliser la défense au périmètre en augmentant sensiblement l’intelligence collective. Le périmètre reste cependant une interrogation puisqu’en dehors de Caruso (excellent défenseur l’an passé) et Horton-Tucker, le reste du roster laisse à désirer. KCP/Rondo ont montré leurs limites l’an passé, Bradley doit retrouver le niveau qui était le sien à Boston, Daniels et Cook sont des trous noirs défensifs et Kuzma doit toujours prouver qu’il est le défenseur polyvalent qu’il se vante être.
Quel 5 majeur ?
Rien n’est encore décidé pour le cinq majeur, mais il serait, à l’heure actuelle, plus judicieux de démarrer avec ce line-up.
Alex Caruso – Danny Green – LeBron James – Anthony Davis – JaVale McGee
Parmi les cinq cités, trois joueurs sont évidemment indiscutables : Danny Green, Lebron James et Anthony Davis. Passé le trio de choc, les deux autres starters sont plus le résultat d’une déduction logique que du choix évident.
Alex Caruso a, pour le moment, un seul réel concurrent : Rajon Rondo. On pourrait imaginer qu’à terme, un autre arrière (de type Bradley/KCP) puisse prétendre au poste un, mais cette réflexion doit émerger après les premières semaines de compétition. En l’état, Caruso est le plus à même de remplir les conditions pour évoluer en soutien du tandem Davis/James. Il n’a pas besoin de la gonfle pour s’exprimer, tout en étant compétent quand il doit créer pour les autres. Adroit de loin (48% sur deux tentatives par match), athlétique et intelligent, il est aussi le défenseur dont ce line-up a besoin (parmi les arrières, il est dans le 84ème percentile sur la défense au périmètre et dans le 87ème percentile sur la défense intérieure).
Quand bien même le cinq de départ n’est pas celui qui finirait les matchs, Anthony Davis a été très clair : il veut jouer au poste quatre. Vu que cette saison a également pour enjeu de satisfaire la jeune superstar en fin de contrat, Vogel ne jouera pas avec le feu en l’alignant d’emblée au poste de pivot. Avec l’interrogation sur le niveau et les motivations de Dwight Howard, McGee devrait conserver son bien au début de la saison régulière.
Forces du roster
Voilà les forces : ONE-TWO-PUNCH ! Le duo James/Davis n’a pas son pareil dans la NBA actuelle, et pour peu que tout le monde reste en forme, il pourrait aussi s’inscrire dans les plus belles collaborations de l’histoire de ce sport. Peu de franchises peuvent prétendre avoir aligné deux joueurs avec autant de gravité. S’il est bien exécuté, le PnR Lebron/Davis (voire Davis/Lebron, soyons fou) est un casse-tête qui va martyriser un grand nombre de défenses. Qui doubler ? Permuter pour se retrouver face à un match-up impossible ? On peut prévoir un nombre inédit de 3 points ouverts pour le reste de l’effectif.
Et ça tombe bien, l’effectif est fourni en tireurs capables. Sur tir à 3pts ouvert, cela donne : Caruso (53,1%), Green (51,3%), Cook (49,6%), Daniels (47,9%), Bradley (40,4%), KCP (38,8%). D’une manière générale, l’effectif semble suffisamment dense pour affronter une saison entière. Vogel pourrait même proposer une rotation à 10 joueurs pour préserver son effectif jusqu’aux Play-Offs tant attendus.
Faiblesses du roster
En changeant son fusil d’épaule, Rob Pelinka a également fortement affaibli le capital création de l’effectif. James et Rondo sont les deux seuls purs créateurs du roster. On peut rajouter Davis, sous-estimé pour ses qualités de passe, Caruso dont c’est le métier, voire Kuzma qui aime parfois jouer les pompiers de service à la passe. Cela implique deux choses : il vaudrait mieux que Lebron ne se blesse pas ; gageons que Vogel mette en place des principes qui permettent à l’ensemble de l’effectif de s’exprimer quand Lebron et/ou Rondo ne sont pas sur le terrain. La blessure de Cousins est à ce niveau extrêmement dommageable puisque le pivot aurait eu un rôle considérable dans cet aspect du jeu.
Puisque l’on parle des pivots, c’est à l’heure actuelle un des soucis dans la construction de cet effectif. En termes de quantité, n’avoir que deux pivots est insuffisant surtout si l’on regarde l’historique des blessures de McGee et d’Howard. La gestion des minutes du premier est indispensable puisque nous avons constaté l’an passé combien son départ canon avait puisé trop vite et trop tôt dans son stock d’énergie. En termes de qualité, il y a également à redire. Non pas que McGee et Howard n’aient pas leur place dans cette ligue, mais la trop grande similarité entre leurs profils est problématique. Les deux devraient se limiter à un rôle de finisseur/contreur/rebondeur et si leur spacing vertical reste intéressant on ne peut pas en dire autant de leur capacité à écarter les défenses. En défense, c’est un peu le même problème puisque ni l’un ni l’autre ne sont très à l’aise pour défendre au périmètre, à fortiori de permuter sur les arrières. Avantage Howard sur ce dernier point ceci dit.
Le joueur clé : Anthony Davis
Adoubé par Lebron James, c’est lui le patron désormais. Les Lakers se sont saignés à blanc pour obtenir sa signature, c’est à lui de montrer qu’il vaut quatre années de reconstruction. Sur le papier, il n’y a rien que ce joueur ne sache faire : drive, tir, passe, défense, contre. Pire, tout ce qu’il fait, il le fait généralement très bien. Dit autrement, en bonne santé, Anthony Davis est dans le top 3 de la ligue. Tout le monde connaît ces séquences dans une saison où il démolit l’équipe adverse par ses seuls efforts. Cela fait depuis le Shaq que les fans des Lakers attendent de renouer avec ces sensations et c’est vers ce degré d’excellence que doit tendre Anthony Davis. A lui de montrer que sa seule venue est le plus grand motif de satisfaction des dernières années sans jamais faire regretter le Big Three qu’il aurait pu former avec le célèbre californien. A lui de martyriser les intérieurs adverses, d’aller plus de vingt fois par match sur la ligne des lancers en devenant match après match le cauchemar de coachs adverses incapables de le contenir tactiquement.
A priori, sa relation avec Lebron James ne devrait pas trop créer de problème. Quand Lebron évolue à côté d’un joueur de sa trempe, il lui laisse volontiers son lot de tickets shoots et de temps de possession dans ses zones de préférence. Il n’y a pas de raison que cela se passe autrement, d’autant que la non-venue de Kawhi Leonard a éliminé les risques de frustration de Davis. Si l’on inverse la logique, Davis n’a jamais vraiment pu bénéficier de la présence d’un joueur de ce calibre (certes Cousins s’en est approché le temps d’une demi-saison). Gageons que cette nouvelle configuration lui permettra également de faciliter son impact sur le terrain sans devoir tirer sur la corde raide. C’est aussi ce dernier aspect qu’il faudra étroitement surveiller car à la moindre rechute, cela sonnera de nouveau le glas des ambitions angelinas.
La problématique de l’équipe : le coaching staff sera-t-il à la hauteur de l’effectif ?
Pour tous les motifs exposés plus haut, l’essentiel de la responsabilité ou des efforts sont reportés sur la capacité du staff à optimiser son roster. Certes, le one-two-punch a cet avantage de mécaniquement impacter le bilan de l’équipe. N’importe quel effectif mené par James/Davis est d’emblée compétitif. Mais toutes les questions suivantes restent entières : quels schèmes pour les mettre en valeur ? Quels schèmes pour créer un fond de jeu cohérent et efficace ? Comment organiser ses rotations ? Quels principes défensifs pour défendre le pick and roll ?
L’étude des profils du staff ne donne aucune indication réelle sur ce qui sera expérimenté sur le terrain, ce qui n’est pas forcément très engageant. A défaut, on se rassurera d’un staff construit pour être au service des joueurs et les maintenir dans un niveau de performance optimal. Ceci a du sens dans une « player’s league » comme l’est la NBA, qui plus est en playoffs quand les individualités prennent un peu plus le pas sur les collectifs, mais que cela n’exonère pas Vogel et les siens de proposer quelque chose qui tienne la dragée haute aux ténors tactiques du game.
Vogel devra aussi faire attention aux enjeux internes à son vestiaire. Davis est en contract year, et s’il devait connaître une saison à la 2012/2013, l’apocalypse de l’été 2020 pourrait bien advenir. L’entraîneur devra aussi faire très attention à ceux qui l’entourent. Kidd est coutumier de la trahison de haut vol pour servir ses seuls intérêts et il n’hésitera pas à répandre le poison auprès des joueurs qu’il côtoiera quotidiennement si cela lui permet de devenir calife à la place du calife. Il faut espérer que Vogel (ainsi que les assistants qu’il a choisis personnellement) a conscientisé cette bombe à retardement qui siège à ses côtés pour ne pas voir ses ambitions personnelles et collectives atomisées en cours de saison.
Pronostic
3ème de la Conférence Ouest (Entre 52 et 57 victoires)
C’est généralement le moment où je deviens le chat noir pour ma propre équipe. Mais au diable la pusillanimité et la prudence, et je vais raisonner dans l’optique où tout se passe bien, entendez par là « où personne ne se blesse ».
Comme prévu, les équipes n’ont pas les solutions défensives, individuelles ou collectives, pour maîtriser Lebron James et Anthony Davis. Le reste de l’équipe comprend que c’est défensivement que leur destin se joue et s’arrachent soir après soir pour générer les bons stops. L’alchimie dans le vestiaire prend et tout ce beau monde porte les Lakers au sommet de la division Pacifique, et par là-même, sur les toits de la Conférence Ouest. Vogel prend confiance et démontre ses capacités de micro-ajustement in-game pour proposer un play-book de qualité. A la fin du mois d’avril 2020, les Lakers font à nouveau peur et s’apprêtent à réclamer un bien qui n’a cessé de s’éloigner depuis 2010.
Evidemment, si un seul de ces éléments n’est pas au rendez-vous, ça sent les levers à 4h30 pour pas grand-chose.