Quel est le point commun entre le strudel dégusté par le capitaine Hans Landa dans Inglourious Basterds et les Charlotte Hornets 2019-2020 ? Réponse : l’un comme l’autre ne sont pas si mauvais, à condition d’attendre la crème.
Promis à toutes sortes d’horreurs, les frelons ont réalisé un parcours honorable, se classant 10e de la conférence Est au moment de l’interruption des rencontres, avec un bilan de 23 victoires pour 42 défaites. Inutile de braver les mesures sanitaires et d’organiser un nouveau Projet X pour fêter ça , mais on est assez loin de la catastrophe annoncée.
Les raisons de cette résistance trouvent leur source dans la progression globale de l’effectif, sur laquelle nous étions revenus durant l’été. La formation progressive d’un noyau, dont la tête de gondole se nomme pour le moment Devonte’ Graham, a permis à Charlotte de proposer une opposition honnête la plupart du temps. Il y avait bien évidemment de nombreuses faiblesses à déplorer, mais les fondations d’une équipe intéressante semblaient être là. Un constat sympathique après seulement une année de reconstruction.
Comme pour récompenser ce refus de monter dans le tank, les Hornets furent gratifiés du choix n°3 lors de la Draft 2020, un coup de pouce idéal pour continuer sur cette dynamique positive, basée sur la jeunesse.
Le pick a été utilisé, les contrats ont été signés, l’intersaison touche à sa fin et après 9 mois sans rencontre officielle, les Hornets s’apprêtent à fouler de nouveau un parquet NBA. Avec quelle équipe ?
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Nicolas Batum (Clippers), Willy Hernangomez (Pelicans), Dwayne Bacon (Magic),
Ils ont rejoint l’équipe : Gordon Hayward, LaMelo Ball, Nick Richards, Vernon Carey Jr, Grant Riller (two-way), Nate Darling (two-way), Keandre Cook, Xavier Sneed, Kahlil Whitney, Javin DeLaurier (contrats de 10 jours),
Le roster à ce jour :
Meneurs : Devonte’ Graham, LaMelo Ball, Grant Riller,
Arrières : Terry Rozier, Malik Monk, Nate Darling, Keandre Cook,
Ailiers : Gordon Hayward, Miles Bridges, Caleb Martin, Cody Martin, Xavier Sneed, Kahlil Whitney,
Ailiers-forts : P.J. Washington, Jalen McDaniels, Javin DeLaurier,
Pivots : Cody Zeller, Bismack Biyombo, Nick Richards, Vernon Carey Jr.
Les tendances de l’automne
Lavar Ball vs MJ, coming soon
En matière de Draft, il est de coutume de mettre en parallèle deux écoles.
La première consiste à sélectionner un joueur correspondant à vos besoins, quitte à ce qu’il ne soit pas le meilleur disponible sur le moment (ce raisonnement a bien sûr ses limites, vous n’allez pas enrôler un gros faisan de 2m15 sous prétexte qu’il vous faut un pivot). La seconde stipule qu’il faut s’orienter vers le plus gros talent possible, et ce peu importe le poste.
Au moment d’utiliser leur choix, les Hornets ont clairement opté pour la deuxième approche en jetant leur dévolu sur LaMelo Ball, qui rejoint ainsi Graham, Rozier et Monk sur un backcourt commençant à être bien peuplé.
Meneur créateur par excellence, Ball a les moyens de faire de bonnes choses en Caroline du Nord, mais sa place ne lui sera peut-être pas donnée dès le départ. On l’imagine plutôt sortir du banc dans un premier temps, en relais de Graham ou Rozier, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi ; pour un joueur portant le nom “Ball”, évoluer sur un marché peu attractif et ne pas avoir trop de responsabilités d’entrée de jeu pourrait s’avérer salutaire, en lui permettant de prendre ses marques à l’abri de la pression. Un luxe dont n’a pas pu bénéficier Lonzo, par exemple. Papa ne sera pas content, mais qu’importe.
Au niveau tactique, les qualités unanimement saluées de Ball sur pick and roll seront en revanche mises à rude épreuve. Charlotte est toujours en souffrance au poste de pivot, et c’est le joyeux tandem Cody Zeller – Bismack Biyombo qui va une nouvelle fois tâcher de tenir la baraque à l’intérieur. Avec de tels partenaires de jeu, difficile de tutoyer les étoiles.
Il reste quand même de quoi faire pour LaMelo et les autres playmakers de la maison carolinienne. En l’espace d’une saison, Terry Rozier est devenu l’un des joueurs les plus redoutables de la ligue en catch and shoot et saura donc, en théorie, récompenser une passe le trouvant dans une position démarquée.
Il en va de même pour Miles Bridges et P.J. Washington, dans un registre davantage basé sur les cuts dans les intervalles et les backdoors, avec même un peu de pick and pop pour Washington. Ball aura les occasions, à lui de les convertir.
Gordon Hayward, la stupéfaction
S’il est possible de comprendre les motivations du front-office quant à la venue de LaMelo Ball, l’exercice est plus périlleux dans le cadre du deuxième gros poisson de l’été.
Bien sûr, sportivement, faire venir Gordon Hayward a du sens pour les Hornets. De retour à un bon niveau l’an passé chez les Celtics (17.5 pts, 6.7 rbds, 4.1 ast), il pourrait très bien tourner autour des 20 points de moyenne, et retrouver un statut proche de celui de franchise player.
Ses qualités de playmaker, sa polyvalence et son altruisme en font un coéquipier idéal pour les jeunes Hornets, qui ne se plaindront pas de bénéficier des conseils d’un joueur d’expérience, bien que ses qualités en tant que mentor restent à évaluer.
Et puis il y a un gros “mais”.
Vous n’êtes pas sans savoir que Gordon Hayward se traîne une poisse céleste depuis trois ans, et cette fracture de la cheville lui ayant coûté à elle seule deux saisons (il n’était que l’ombre de lui-même en 2018-2019). Dans un registre de gravité moins important, 2020 ne fut pas de tout repos, avec une fracture au doigt puis une entorse de la cheville l’ayant tenu éloigné des terrains pendant la majorité des playoffs.
Nous sommes donc en présence d’un joueur de 30 ans, à la santé fragile, qui ne retrouvera probablement jamais les qualités athlétiques et l’agressivité lui ayant permis d’être sélectionné au All-Star Game en 2017. Un joueur auquel les Hornets ont donc décidé de donner 30 millions de dollars par an jusqu’en 2024. A une époque où la peur de voir un gros contrat se transformer en boulet pour les finances d’une équipe est présente dans l’esprit de tous, le montant peut faire tiquer.
Cette décision laisse d’autant plus perplexe qu’elle semble être en décalage avec le projet des Hornets. L’équipe vient de partir sur un nouveau cycle, il est difficile de penser que les victoires immédiates soient une priorité absolue. En s’engageant aussi longtemps avec Hayward, la franchise prend le risque de voir ce dernier baisser le pied au moment où le groupe prendra réellement son envol, rendant ainsi son contrat potentiellement très handicapant sur le moyen terme, au moment où certains voudront passer à la caisse.
Nous n’en dirons pas plus, afin de rester focalisés sur la saison à venir, mais il fallait expliquer rapidement pourquoi cette signature a surpris à peu près l’ensemble de l’humanité.
Focus sur la saison 2020-2021
S’ils ont montré un visage parfois enthousiasmant, les Hornets se classaient tout de même parmi les mauvais élèves de la ligue en attaque (29e) et en défense (24e) la saison précédente. Dans l’idéal, une amélioration dans chaque secteur serait appréciable, mais l’intersaison semble indiquer que la priorité a été mise sur le premier point.
L’attaque comme axe de progression
La contribution directe des nouveaux venus dans le domaine de la création laisse espérer une animation collective d’un autre calibre que celle mise en place jusqu’alors.
Cette diversification des profils vient enrichir le catalogue de systèmes à disposition de James Borrego, qui semblait avoir du mal à donner un nouveau souffle à son collectif dans les moments difficiles d’un match. Avec Graham, Hayward et Ball comme porteurs de balle principaux, le coach pourra jouer sur les forces de chacun pour expérimenter différentes combinaisons et tenter de mettre la défense adverse sous pression. La vista de ces garçons devrait permettre de développer un jeu en transition plus efficace et d’offrir des paniers faciles sur contre-attaque. Une alternative idéale pour une équipe qui aura encore probablement du mal à scorer sur jeu placé.
En couplant ce souffle collectif nouveau aux progressions individuelles qui pourraient advenir une nouvelle fois cette année (les cadres restent très jeunes, en-dehors d’Hayward), on obtient de belles raisons d’espérer voir du basket sympathique au Spectrum Center, et ce n’est déjà pas si mal.
Un effectif déséquilibré
En revanche, plusieurs questions se posent quant à l’équilibre et la cohérence de cet effectif.
Tel votre serviteur se rendant compte qu’il a oublié de racheter des pâtes en rentrant du supermarché, les Hornets se sont débrouillés pour passer à côté de la seule tâche indispensable de leur intersaison : trouver un pivot. Un constat regrettable quand on sait que ce secteur est identifié depuis longtemps comme étant problématique, et que l’intersaison aurait pu (dû ?) servir à corriger le tir.
On ne vous fera pas l’affront de vous expliquer pourquoi le tandem Cody Zeller – Bismack Biyombo, en 2020, est très loin de faire l’affaire. On se contentera simplement de dire qu’à moins d’une solution miracle – PJ Washington pivot à plein temps dans une configuration ultra small ball ? – les Hornets sont une nouvelle fois condamnés à galérer joyeusement à l’intérieur, et à se faire marcher dessus par à peu près tout le monde.
Il en ira donc de la responsabilité de Bridges, Hayward et Washington de sauver la face du frontcourt. Autant vous dire que l’on ne souhaite vraiment, vraiment, mais alors VRAIMENT pas une blessure à l’un de ces trois-là, au regard de la profondeur de l’effectif sur ces postes. La situation n’est déjà pas enviable défensivement, elle deviendrait réellement catastrophique dans ce contexte.
Sur les lignes arrières, un autre type de problème pourrait se présenter.
Certes, nous avons envie de croire en une cohabitation saine entre les différents éléments du backcourt. Reste que la direction est tout de même allée drafter un joueur sur-médiatisé, qui prétendra rapidement à un gros temps de jeu, sur le même poste que ses deux plus gros scoreurs. Et ce, alors que l’occasion de combler le vide à l’intérieur était offerte sur un plateau.
Quel message cela renvoie à Graham et Rozier ? Comment la situation sera-t-elle vécue par celui qui se retrouvera sur le banc en fin de match ? James Borrego peut-il réellement faire ce qu’il veut dans cette histoire ? Autant de questions auxquelles il est impossible de répondre à l’instant T, mais qu’il faut obligatoirement avoir en tête. Préparez-vous à voir fleurir des rumeurs en tout genre dans la rubrique des trades…
Au final, quel(s) objectif(s) ?
La course aux playoffs à l’Est est souvent très ouverte et on ne voit pas la saison à venir déroger à la règle. Les Hornets se sont renforcés au cours de l’intersaison afin de participer aux festivités, mais ils ne sont pas les seuls.
Atlanta et Washington, en grosse difficulté l’an passé, devraient présenter un visage bien plus sérieux. Orlando sera toujours embêtant à jouer, et Miami sera supérieur selon toute logique. La division de Charlotte promet donc d’être un beau bazar, au sein duquel la franchise est loin de faire figure de favorite.
Compte tenu de cette concurrence renforcée, et des faiblesses évoquées au cours de cet article, nous avons du mal à imaginer les Hornets décrocher plus de 27 victoires. Un total qui permettra peut-être de se battre pour participer au play-in tournament, et encore. Le plafond de cette équipe est bas, et ce ne sont pas les signatures spectaculaires de l’été qui semblent à même de l’élever. On terminerait bien cet article sur un “faites-nous mentir, messieurs”, mais ce serait omettre le fait qu’ils se tamponnent royalement de ce qui est écrit ici. Bonne saison, amis frelons !
L’avis éclairé, avec @HornetsFR et @Hornets_France
Quelles sont vos satisfactions vis-à-vis de la saison passée ?
HornetsFR : On est content d’avoir réussi notre saison de transition. On en a profité pour développer nos jeunes et créer un groupe qui joue au basket, qu’on adore voir jouer et qui gagne un peu de matchs. On nous annonçait dernier à l’est, on finit 10e à la bataille avec les Wizards et on a refusé l’invitation dans la bulle. On a entamé la saison dernière sans trop d’espoir, avec l’attente de voir nos jeunes grandir sur le terrain. Et en plus on a réussi le hold-up en ayant le 3e pick de la draft !
Hornets_France : L’an dernier, les Hornets ont fait une saison comme à notre habitude. On a eu l’espoir d’accrocher les playoffs jusqu’à mi-saison, sans vraiment être dans les places qualificatives. C’était une année de transition, la dernière saison de beaucoup de nos anciens (MKG, Williams, etc). Borrego a continué de développer les jeunes, ses systèmes sont efficaces (école Spurs, forcément). Le match à Paris était aussi sympa pour tout fan de basket en France.
Lamelo Ball arrive sur un backcourt très concurrentiel avec Devonte’ Graham et Terry Rozier. Selon vous, quel rôle peut-il occuper dans sa saison rookie ?
HornetsFR : Il doit être titulaire le plus tôt possible. On adore Devonte’ Graham et Terry Rozier. Mais un numéro 3 de draft doit être meneur titulaire des Hornets en 2020. D’après les déclarations de James Borrego, c’est ce qui semble être acté (à vérifier à la fin du training camp). Après c’est compliqué les rotations de Graham et Rozier à gérer … Vu les rumeurs de trade autour de Terry, on peut s’attendre à voir Devonte starter et Rozier en 6th man. En fonction des adversaires et des combinaisons avec le front court, on imagine qu’il y aura beaucoup de rotations avec des minutes à peu près égales entre les 3 (avec Malik Monk dans le lot aussi). Lamelo Ball est un meilleur créateur mais Graham et Rozier ont un bon shoot et sont capables de marquer. Lamelo devrait s’amuser à la passe, entre Devonte’ derrière la ligne, Miles Bridges ou PJ Washington en alley oop et des pick and roll avec Cody ou Vernon Carrey. Et je n’ai pas parlé de Gordon Hayward …
Hornets_France : On ne le voit pas être titulaire d’entrée. Le point fort de l’équipe, c’est notre back-court. Ça nous paraît compliqué que James Borrego brise ce duo dès le début de saison. Devonte’ Graham sort d’une saison d’un niveau de MIP, Terry Rozier s’est affirmé en deuxième partie de saison. On voit plutôt LaMelo Ball dans un rôle important en sortie de banc, dans un premier temps. Sa situation pourrait bien évoluer selon ses performances et celles de l’équipe. A l’instar de PJ Washington qui pourrait terminer la saison dans le starting five au poste 5, LaMelo a un vrai coup à jouer cette saison.
Justement, la signature de Gordon Hayward semble aller à contre-temps du projet de reconstruction entamé l’été dernier. Partagez-vous cet avis ? Quel est le projet actuel de la franchise selon vous ?
HornetsFR : Il est trop tôt encore pour juger le contrat de Gordon Hayward. Cependant, 30 millions par an pourquoi pas, mais pas sur 4 ans … Le profil est vraiment intéressant, ça va faire du bien d’avoir un vétéran expérimenté pour prendre la tutelle de nos jeunes. Il y a toujours le risque qu’il se blesse encore mais on va croiser les doigts. Le projet de la franchise c’est de développer ses jeunes au maximum pour en faire des vraies menaces ou de la monnaie d’échange plus tard. On l’a vu, on n’a pas forcé pour changer notre raquette dès cette année. On attend d’être attractif pour la prochaine free agency. On va pouvoir avoir une première année avec Ball et Hayward. On pourra faire notre marché d’intérieurs en sachant exactement ce dont on a besoin. Surtout qu’on a quelques contrats pourris qui se finissent à la fin de la saison.
Hornets_France : Dans l’idée, l’arrivée de Gordon Hayward est cohérente. Quel GM serait assez fou pour ne pas entourer des jeunes pousses par un joueur de talent expérimenté ? Ça donne un coup de pouce au projet. Alors forcément le contrat est cher et le joueur ne donne pas énormément d’assurance. C’est un risque à prendre. Le projet est de reconstruire la franchise avec nos jeunes talents. Il y a une base mais il manque du gros talent (LaMelo Ball permet de combler ça).
Dans un monde parfait, à quoi ressemblerait la saison 2020-2021 des Charlotte Hornets ?
HornetsFR : Intégration optimale de Gordon Hayward, Lamelo Ball gère notre attaque d’une main de maitre, Miles et PJ continuent leur ascension et Devonte’ et Terry restent sur leur lancée de la saison dernière. Le jeu sur demi-terrain on connait pas, ça va courir très vite ! On finit pas trop loin des playoffs à la 10e ou 11e place pour rester dans la loterie et montrer qu’il y a un projet sportif en place. Le but c’est d’être attractif pour la prochaine free agency pour en finir avec Cody Zeller en pivot titulaire. C’est l’année 2 de l’ère post-Kemba et on arrive déjà à être positif et à deviner le bout du tunnel.
Hornets_France : Dans l’idéal on irait en playoffs. L’an dernier l’équipe n’en était pas très loin, sans qu’on y croie vraiment. Si on est épargné par le virus, c’est la principale crainte de Borrego, on peut aller chercher un bon bilan cette saison. On surveillera le développement de PJ Washington, Miles Bridges ou LaMelo Ball, tous promis à des places de titulaires en 2021/2022. On espère enfin une vraie saison de Malik Monk, qui, on l’espère, deviendra un vrai joueur en sortie de banc. Si on a un coup de chance, l’un de nos rookies du 2nd tour de draft explose, un peu comme un Devonte’ Graham l’an dernier.