Une saison régulière dominée, et puis… le fracas des playoffs. Voici comment pourrait être résumée la saison 2019-20 des Milwaukee Bucks, menés de main de maître par Giannis Antetokounmpo.
A l’image de sa franchise, le grec aura été étincelant toute la saison durant. 29,5 points par match, accompagnés de 13,6 rebonds, 5,6 passes décisives, 1 interception et 1 contre de moyenne, et un historique doublé MVP de la saison – Défenseur de l’Année. Dans son sillage, tous les Bucks ont répondu présent, à commencer par le lieutenant en chef, Khris Middleton, récompensé par une deuxième sélection au All-star Game, nullement contestable tant le bonhomme était propre d’efficacité et de régularité, à deux doigts de clore la saison dans le club des “50-40-90″ (plus 50% aux tirs à 2pts, 40% à 3pts et 90% aux lancers francs). Eric Bledsoe, Brook Lopez, Wes Matthews et consorts suivaient également le rythme, et les Bucks roulaient tranquillement leur bosse jusqu’à l’interruption de la saison, donnant parfois l’impression d’une vraie machine de guerre collective. Un chiffre ? 30,4, soit la moyenne – relativement faible – des minutes jouées par Antetokounmpo à chaque match, preuve de l’effet rouleau-compresseur des Bucks.
A cheval sur les mois de décembre, janvier et février, Milwaukee n’allait concéder que 5 défaites pour 35 succès. Peu avant l’interruption de la saison, début mars, la machine avait toutefois commencer à tituber, avec 4 défaites en 5 matchs, certes toutes à l’extérieur, dont les deux dernières avec un Antetokounmpo listé inactif, mais un grain de sable à relever tout de même tant jusqu’alors la saison des Bucks était sans ombre au tableau.
Et puis, vint la “deuxième saison” dans la bulle d’Orlando.
Là-bas, on allait retrouver une équipe de Milwaukee terminant la saison régulière avec une étrange impression de diesel toussotant. 3 victoires pour 5 défaites, là n’était pas vraiment l’important, la première place ayant été sécurisée et l’avantage du terrain étant inexistant dans un tel contexte. Ce qui l’était en revanche, c’était l’état général des troupes de coach Mike Budenholzer sur le terrain. Les jambes paraissaient lourdes, les automatismes un peu rouillés, et alors que la sérénité avait gagné progressivement les rangs des fans de la franchise quelques mois auparavant, une lueur d’inquiétude semblait poindre au loin : et si les Bucks avaient laissé passer leur modjo ?
Au premier tour, Orlando se présentait en victime idéale pour se remettre en jambes et enfin, prendre le rythme. La série aura duré cinq matchs, le Magic faisait sa spéciale en remportant le match 1. Et si Milwaukee allait prendre les 4 matchs suivants, le constat semblait toujours le même pour certains, Khris Middleton en tête : 36% de réussite aux tirs sur la série, moins de 70% aux lancers-francs, bien loin des standards de saison régulière. Toutefois, l’opposition du Magic était insuffisante pour faire douter les Bucks, et Milwaukee accédait au second tour en 5 matchs dans le sillage d’un Antetokounmpo colossal (30,6pts, 16 rebonds, 6 passes de moyenne) et d’une défense retrouvée, du moins par séquence.
Pour être complet sur cette série, difficile d’éclipser l’historique boycott des Milwaukee Bucks lors du match 5 du 26 août 2020. En réaction à un nouvel épisode de violences policières contre un citoyen américain, Jacob Blake, cette fois-ci dans l’état du Wisconsin – dont Milwaukee est la capitale -, les joueurs des Bucks ont marqué l’Histoire de la Ligue avec un grand H en boycottant le match, et en forçant joueurs, staffs et têtes pensantes de la NBA à se recentrer sur les problématiques sociétales traversées par le pays. Un geste fort, à la résonance internationale.
Une fois la qualification acquise, venait le temps du deuxième tour contre le Heat de Miami, facile vainqueur des Pacers de l’Indiana. On ne va pas refaire le match, ni les matchs, ni la série, mais disons le franchement : Miami l’a emporté en 5 rencontres, et c’est tout, sauf un hasard, ou même une surprise. Sur l’ensemble de matchs, le Heat aura été tout ce que Milwaukee aurait dû être : appliqué, motivé, régulier, juste, collectif, bref, tout simplement au niveau de l’évènement. Si Middleton trouvait plus de rythme qu’au premier tour, c’était cette fois-ci Giannis qui était largement perturbé par la garde rapprochée qu’Erik Spoelstra avait décidé de mettre en place sur lui.
Rapidement mené 3-0, les Bucks allaient s’octroyer un sursis en remportant le match 4. Ironie du sort, ce match se disputa en grande partie sans la présence d’Antetokounmpo, touché à la cheville. Les Bucks ne purent rééditer l’exploit d’une victoire sans leur franchise player au game 5, et Giannis dû assister, impuissant à la victoire finale du Heat, clôturant la série.
Les reproches étaient nombreux en sortie de playoffs, notamment à l’intention du coach, Mike Budenholzer, qui se voyait reprocher un manque criant d’adaptation et de réaction face au plan de jeu proposé par son homologue de Miami, mais également une frilosité palpable à faire jouer ses joueurs majeurs plus de 40 minutes par match si besoin. Au rayon des disgrâces, Eric Bledsoe avait également droit à son lot de reproches, lui qui s’était montré incapable de stopper la renaissance du meneur vétéran du Heat, Goran Dragic.
Bref, l’automne était finalement arrivé plus tôt que prévu à Milwaukee, et on peut dire sans crainte qu’il a été quelque peu agité !
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Eric Bledsoe (New Orleans Pelicans), Sterling Brown (Houston Rockets), Ersan Illyasova, George Hill (Oklahoma City Thunder), Kyle Korver, Robin Lopez (Washington Wizards), Frank Mason, Wesley Matthews (Los Angeles Lakers), Marvin Williams,
Ils ont rejoint l’équipe : Jaylen Adams (Portland Trail Blazers), DJ Augustin (Orlando Magic), Torrey Craig (Denver Nuggets), Mamadi Diakiti (non-drafté), Bryn Forbes (San Antonio Spurs), Jrue Holiday (New Orleans Pelicans), Sam Merrill (via draft), Justin Patton (Detroit Pistons), Bobby Portis (New York Knicks)
Le roster à ce jour :
Meneurs : Jaylen Adams, DJ Augustin, Jrue Holiday,
Arrières : Torrey Craig, Donte DiVicenzo, Bryn Forbes,
Ailiers : Khris Middleton, Pat Connaughton,
Ailiers-forts : Giannis Antetokounmpo, DJ Wilson,
Pivots : Brook Lopez, Justin Patton, Bobby Portis.
Les tendances de l’automne
All-in sur Jrue Holiday, bluff sur Bogdan Bogdanovic
Au cas où vous auriez totalement été imperméable aux nouvelles NBA depuis la fin du mois de septembre, sachez une chose : Milwaukee a été au centre de l’attention une bonne partie de l’automne !
Première cible, visée et acquise : Jrue Holiday. Après des années de bons et loyaux services au sein des New Orleans, le meneur débarque au sein d’une équipe clairement prétendante au titre. Le joueur en lui-même constitue un indéniable update sur le poste en comparaison avec Eric Bledsoe, envoyé aux Pelicans… A une condition près, celle de la santé. On le sait, la santé de Jrue Holiday peut parfois s’avérer fragile. Mais si ce dernier est à 100%, difficile de ne pas être satisfait côté Bucks. Défenseur costaud, réputé et solide, sa mission sera ni plus ni moins qu’épauler Giannis sur la route du titre. Pour un soldat comme Jrue, nul doute que le défi a de quoi séduire.
Seul bémol ? Pour s’arroger les services du meneur, Milwaukee a dû payer cher… trop cher ? Eric Bledsoe, George Hill mais aussi et surtout une multitude de tours de draft. Faisons l’économie de quelques lignes ici, tout a déjà été superbement dit ici-même.
Et puis, il y a eu l’imbroglio Bogdan Bogdanovic. Annoncé un temps à Milwaukee via un sign and trade, on apprend quelques heures plus tard que finalement non, ce sign and trade ne serait pas à l’ordre du jour… Le joueur n’ayant pas été prévenu. Quelques jours plus tard, un méli-mélo d’informations verra le jour (avec notamment de vraies interrogations sur une probable bourde de l’insider Adrian Wojnarowski), si bien que si aujourd’hui la chose est encore floue, le constat est lui intangible : Bogdanovic ni à Sacramento, ni à Milwaukee, mais bel et bien à Atlanta.
Nul doute que l’addition d’un joueur de complément comme le serbe aura été un apport inestimable pour les Bucks. En terme de création balle en main, de shoot pur, et de solution offensive supplémentaire, Bogdanovic cochait toutes les caractéristiques du role player idéal. Mais que nenni, l’association serbo-grecque ne verra pas le jour, et devant ce vrai couac, les interrogations commencent à se faire sentir dans la fanbase des Bucks, alimentées par le fond d’incertitude quant à la prolongation de Giannis Antetokounmpo…
Reconstruire une rotation avec peu de moyens : défi relevé ?
Vous l’avez constaté dans la rubrique In & Out, les départs ont été légions côté Bucks. Exit Eric Bledsoe, Wes Matthews, Robin Lopez, George Hill, Kyle Korver et autres Ersan Illyasova. Si Hill et Bledsoe ont été sacrifiés pour accueillir Holiday, leurs départs laissaient néanmoins un vide à la mène. Idem, le départ de Wes Matthews pour les Lakers laissait vacant le rôle d’arrière chien de garde, ô combien précieux dans un effectif.
Alors, quelles solutions ont été trouvées pour construire la rotation 2020-21 des Bucks ?
Sur les lignes arrières, plusieurs arrivées :
- DJ Augustin débarque en tant que back-up de Jrue Holiday, avec un contrat de 3 ans et 21 millions. Titulaire il y a 2 ans au Magic, il s’était contenté d’une place sur le banc l’an dernier avec toujours la même production, aux alentours des 10 points et 4 passes. En back-up, Augustin fera nécessairement le job et saura s’adapter sans mal au style Budenholzer ;
- Bryn Forbes, signé pour 2 ans et moins de 5 millions, arrive lui de San Antonio avec l’étiquette d’un pur arrière sniper (environ 40% pour 6 tentatives par match sur les deux dernières saisons), et tentera de remplacer Korver, encore agent libre à l’heure d’écrire ces lignes.
- L’arrivée la plus remarquée sera toutefois celle de Torrey Craig en provenance des Denver Nuggets. Capable d’évoluer sur les postes 2 ou 3, nul doute que la présence défensive Craig se fera fortement ressentir et appréciée chez les Bucks. Bon défenseur sur l’homme mais surtout collectivement, Craig s’est illustré dans la défense des Nuggets par ses qualités d’aides et d’anticipation, et il ne devrait pas en être autrement à Milwaukee.
Sur le front-court, les besoins étaient moins présents. On notera tout de même l’arrivée de Bobby Portis en provenance des New-York Knicks. De l’aveu de notre cher FD, fan des Knicks, ce dernier peut “t’en coller 25 à 90%“, ou au contraire être “un trou noir en attaque“. Vous avouerez que ce sont là deux versants assez opposés. Défensivement ? “Pas mauvais au rebond et au poste, mais limité sur les switchs, zéro rim protection“. Pour les non-anglophones, traduisez : portes ouvertes au cercle si Bobby est là. Gageons tout de même que dans le système de Budenholzer, Portis puisse s’épanouir un tant soit peu et apporter une plus-value, quelle qu’elle soit, quand bien même il s’agirait juste d’offrir une solution intérieure plus mobile que ce cher Brook Lopez.
Avec des miettes, Milwaukee a donc réussi à colmater les brèches, et à la lecture de l’effectif, on peut clairement dire que celui-ci a fière allure. Si DiVicenzo à notre faveur pour débuter les matchs dans le cinq, nul doute que si l’apport défensif de Torrey Craig se confirme, Wes Matthews pourrait être rapidement oublié dans le Wisconsin, lui qui représente la perte majeure de l’automne à Milwaukee.
Avec cette construction en deux temps, l’objectif principal était bien plus haut : convaincre Giannis se prolonger, et lui faire signer le contrat dit “supermax” de 5 ans auquel il pouvait prétendre… (mais quelle transition !)
Giannis Antetokounmpo : five more years
Avec l’échec de la signature de Bogdanovic, le départ de Wes Matthews et la pression croissante des médias outre-Atlantique forçant la question, celle-ci avait fini par s’immiscer dans la tête des fans de Milwaukee : et si Giannis ne prolongeait pas, et avait des envies d’ailleurs ?
Disons-le franchement : cet été, la franchise a hypothéqué son futur pour convaincre son franchise player de prolonger au plus vite, principalement via l’arrivée de Jrue Holiday. Voir le grec rechigner à prolonger à Milwaukee aurait été sans aucun doute possible le début d’heures très sombres pour la franchise. Mais de l’autre côté, qui refuserait un contrat à plus de 220 millions de dollars ? Qui refuserait une telle opportunité, qui n’arrive littéralement qu’une seule fois dans une carrière ? Les spéculations allaient bon train, et on voyait ci et là des fanbases se mettre à rêver de l’arrivée du grec dans leur franchise de cœur à l’été 2021.
Tout ce folklore prit fin quand Antetokounmpo mit les points sur les i le 16 décembre dernier, en annonçant lui-même son engagement sur cinq ans à prix d’or à Milwaukee : 228 millions sur cinq ans, jackpot total.
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On imagine sans peine le “ouf” de soulagement immense qui a résonné dans tout le Wisconsin. Est-ce que cette prolongation suffit à verrouiller le destin de Giannis à Milwaukee de manière certaine pour les 5 prochaines années ? Sûrement pas. Demandez aux fans de Houston, qui doivent composer avec un franchise player à qui il reste 3 ans de contrat mais qui a des envies d’ailleurs. Toutefois, ce serait jouer les rabat-joies que de nier l’impact nécessairement positif de cette prolongation de l’ailier grec – ou l’intérieur, on sait plus trop.
Après avoir été drafté par la franchise, et avoir gravi les échelons un à un jusqu’à se hisser à titre individuel sur le toit de la Ligue, voir Giannis plier bagages si tôt dans sa carrière aurait été un réel crève-cœur pour certains. Un choix de facilité, diraient d’autres. Pour l’heure, que ceux-ci se rassurent : Giannis démontre un réel souhait de s’inscrire dans la durée avec Milwaukee et veut tracer sa route au sommet de l’Olympe vêtu du maillot des Bucks. Double MVP de saison régulière, à peine sortie d’un doublé historique MVP-Défenseur de l’Année, Antetokounmpo a déjà posé son nom dans les pages de l’Histoire NBA. Il pourrait bien dans quelques années l’imprimer en lettres d’or.
“C’est dur parce qu’au bout du compte, peu importe où vous n’allez, vous n’êtes assuré nulle part de gagner un titre. Mais je sais qui je suis, et je sais que je suis un homme de parole. Cela pourrait me prendre dix ans, je pourrais ne jamais gagner de championnat ou en gagner cinq. Quoi qu’il en soit, je sais qui je suis, je sais ce que je crois et je sais que je suis resté avec les gens qui ont cru en moi“.
Focus sur la saison 2020-21 des Bucks
Mike Budenholzer, un coach dans le viseur
L’homme le plus critiqué de l’automne côté Milwaukee ? Peut-être. A juste titre ? Sûrement.
Mike Budenholzer a (une fois de plus ?) montré ses limites lors des derniers playoffs. Qu’on ne s’y trompe pas pour autant : l’actuel coach des Bucks est l’un des plus brillants cerveaux de la Ligue. Capable de créer à partir de n’importe quel effectif un système offensif et défensif performant, Bud’ n’a pas dérogé à la règle depuis son arrivée à Milwaukee. L’attaque est l’une des plus efficientes de ces dernières années, dans un système où Giannis Antetokounmpo est non seulement optimisé, mais où ce dernier a également pu progresser. Défensivement, les Bucks sont également l’une des meilleures défenses de la NBA ces dernières années, avec des choix et des priorités affirmées, connues de tous.
Là où le bas blesse pour Budenholzer, du moins lorsqu’arrive le temps des playoffs et des joutes de haut-niveau, c’est sur sa capacité à faire “plus” et à dépasser le système qu’il a mis en place. Indéniablement, le système des Bucks pour les deux dernières saisons écoulées est des plus performants et sied parfaitement aux joueurs de l’effectif. Mais aussi parfait semble-t-il, il ne l’est pas, et nécessite, un jour ou l’autre de faire “plus”. Et c’est précisément ici qu’il semble difficile pour Budenholzer de s’en détacher, quand bien même il y aurait urgence absolue, comme lors de la dernière série de playoffs face au Heat.
Ici aussi, il faut comprendre un élément-clé du coaching : il est très difficile pour un entraineur de se détacher d’un système qu’il a peaufiné pendant des mois, surtout lorsque celui-ci s’avère être l’un des meilleurs, que les joueurs y ont tous leurs repères, leurs habitudes, et performent. Il faut réussir, en quelque sorte, à se “sortir du système”, à se sortir de soi-même, vu que Budenholzer a inondé le plan de jeu des Bucks de ses propres principes.
Si la principale critique adressée au coach a été d’être trop réticent à faire jouer de manière plus conséquente ses joueurs-clés, à l’image d’Antetokounmpo ou Middleton, d’autres ont été plus orientées vers le manque d’un “plan B” efficace. A Milwaukee, le plan A est parfait, ou presque. S’il est toutefois mis à mal, rien ne semble pouvoir venir au secours des Bucks, si ce n’est être porté par un Giannis tonitruant. Et pour les Bucks, les failles du plan A ne sont exposées qu’au plus haut niveau. En saison régulière, les coachs ne prennent pas le temps de disséquer telle attaque, tel plan de jeu, telle défense. Sur une série de playoffs en revanche, c’est un autre monde.
Alors, Budenholzer est-il le coach qu’il faut à ces Bucks-là ? Peut-il se réinventer, faire preuve d’une remise en cause de certains de ses principes pour faire passer le dernier cap à ces joueurs et sa franchise ? Espérons pour lui, pour les Bucks et pour leurs fans que oui. Pour en être sûr, il faudra attendre les playoffs.
Le titre ou rien, vraiment ?
“Championship or bust“. Le titre ou rien, en version française. Cet adage bien connu de notre Grande Ligue est destiné aux équipes construites pour tutoyer les sommets. Les Lakers, Clippers, et autres Milwaukee Bucks. Celles qui n’ont d’autre objectif et d’autre plan pour la saison à venir que de soulever le trophée Larry O’Brien.
Les déclarations de Giannis, dont la citation précédente rapportée, démontrent plusieurs choses.
D’une part, le franchise player des Bucks a conscience de la difficulté réelle pour gagner un titre NBA. De notre prisme de fan, cette réalité est parfois un peu mise de côté, voire occultée. Mais c’est pourtant un réel constat : il est extrêmement ardu de terminer avec le trophée entre les mains. La route est longue, pavée d’embauches et d’obstacles en tout genre, et être dans la meilleure équipe ne vous assure pas automatiquement un succès en fin d’année. Demandez plutôt à ceux qui ont la chance de remporter le précieux sésame, eux-mêmes relatent la difficulté qu’il a fallu pour y arriver.
D’autre part, on ne peut s’empêcher de penser que ces déclarations, aussi belles et justes peuvent-elles paraître, jouent également un rôle de “dépressurisation”. Les Bucks vont être, plus encore que l’an dernier, sous le feu des projecteurs.
La conférence Est s’est renforcée, ce n’est un secret pour personne. Brooklyn apparaît comme un trouble-fête de haut vol, et compte bien perturber la tête de la conférence promise aux Bucks. Philadelphie semble, sur le papier, armée et prête à en faire de même. Si un certain James Harden venait à rejoindre ces derniers, la concurrence montrait encore d’un cran au sommet de l’Est. Bref, vous l’aurez compris : si les Bucks veulent conserver leur statut de numéro 1, il va falloir cravacher, surtout que dans le même temps, les confrontations avec l’Ouest seront d’autant plus ardues que l’an dernier.
Surtout, les Bucks seront scrutés au moindre faux-pas, mais la pression s’accentuera davantage quand viendra l’heure de la postseason. Après deux échecs successifs, et en dépit des bons mots d’Antetokounmpo, un nouvel échec avant les Finales NBA serait, si ce n’est intolérable, au moins fort horripilant.
Alors le titre ou rien ? Peut-être pas, mais bon, dans le doute…
Au final, quel(s) objectif(s) ?
A la vue de ce qui précède, les objectifs de la saison des daims sont – on l’espère – assez limpides. Du pur point de vue collectif, Milwaukee fait figure de grandissime favori à sa propre succession pour régner sur le toit de la conférence Est. Ce n’est cependant là que la phase 1 du plan, qui ne sera validée que si des progrès sont véritablement effectués en playoffs.
Ces progrès passeront principalement par deux éléments clés. Tout d’abord, nous en avons parlé, par la faculté de Mike Budenholzer à se défaire de son plan de jeu lorsque les circonstances l’exigent. Il faut faire jouer Giannis Antetokounmpo 43 minutes pour remporter un game 4 ? Que le Grec soit envoyé au charbon. Il est nécessaire de relâcher la pression défensive dans la raquette pour faire face à une équipe dotée de plusieurs snipers ? Allons-y gaiement. Sans ces adaptations, que le haut niveau rend impératives, le rêve de titre que font les fans de Milwaukee risque de ne jamais être concrétisé.
L’apport de Jrue Holiday sera également – et c’est le second point – déterminant dans la future réussite (ou non) de l’équipe. Dans son nouveau système de prédiction, basketball-reference estime que le combo-guard apportera sa petite vingtaine de points, avec 5 rebonds et 7 passes décisives par soir. Mais plus encore que le pur aspect statistique, le transfuge de New-Orleans peut impacter positivement le jeu de n’importe quelle franchise par sa défense sur les lignes extérieures, compétence obligatoire lorsqu’il s’agit de faire passer un cap à une équipe dans les séries serrées de playoffs. Pour cela, bien évidemment, il faudra qu’Holiday puisse jouer au basket, ce que sa santé fluctuante l’empêche trop souvent de faire (713 matchs disputés sur un total de 902, soit 21% de rencontres ratées).
Quoi qu’il en soit, nul de doit douter du fait que lorsque la NBA reprendra, Milwaukee fera du titre NBA son objectif numéro 1. L’avenir nous dira si Bud’ et ses hommes sont capables de poser leurs mains sur le graal.
L’avis éclairé, avec @BucksFr
Beaucoup ont décrié la gestion automnale de la franchise via le cas Holiday et surtout Bogdanovic. Pour autant, sans faire d’énormes coups à la FA (impossible vu le cap) la franchise a tout de même fait des mouvements intéressants pour tenter de reconstruire un peu de rotation. Qu’en penses-tu personnellement ?
@BucksFr : La franchise était sous pression avec l’extension de Giannis et avait besoin de faire des moves. Eric Bledsoe, ça n’était plus possible. Est-ce qu’on aurait pu faire mieux que Holiday avec ce package ? Possible, mais pas sur un timing qui nous sécurisait Giannis à temps. En ce qui concerne Bogdanovic, les Bucks ont fait une faute mais je suis persuadé qu’ils n’ont rien fait de plus mal que ce qui se fait partout ailleurs (les signatures en 10 minutes après le début de la FA ? Come on) et c’est ce qui me gêne.
Parmi les arrivées, celles de Torrey Craig semble la plus prometteuse, notamment défensivement. Couplé à l’arrivée de Forbes, pur shooteur, penses-tu que ce duo a pour objectif de combler la perte de Matthews ?
Craig oui, si on enlève Holiday. C’est un défenseur élite qui peut complètement décharger Middleton de défendre sur le meilleur extérieur adverse dans le cas où on le met dans le 5, je pense que c’est lui qui remplacera Matthews. Forbes, je le vois plus dans un rôle à la Korver, en meilleur et plus jeune. Surtout, je pense que ces deux joueurs resteront à leur place et n’iront pas outrepasser leur fonction en essayant de créer à tout-va sur certaines séquences, ce qui pouvait agacer chez Matthews.
Autre homme vivement critiqué durant l’automne, Mike Budenholzer. Nul doute qu’il arrivera encore à faire faire une belle régulière à ces joueurs, mais arrivera-t-il à faire ce qu’on attend tous de lui : dépasser son plan de jeu quand il le faut ?
Faudrait lui demander à lui hein ! On espère deux-trois choses : qu’il soit capable de s’adapter, qu’il évite les rotations hasardeuses et surtout, qu’il laisse ses meilleurs joueurs sur le terrain.
Un mot sur Giannis. La prolongation était attendue, elle a été actée et, sur le papier du moins, Giannis est à la maison pour 5 ans. Double MVP, DPOY, All NBA : il est là depuis peu, mais semble avoir déjà atteint, individuellement, l’apogée. Quel pan de son évolution personnelle – en tant que joueur et leader de franchise – tu aimerais encore voir évoluer chez lui au cours des prochaines années ?
Je vais pas te dire le shoot à 3 points, c’est improbable. Par contre s’il travaille sur ses lancers et commence à mettre 75/80% de ses tirs sur la ligne ça pourrait être un vrai upgrade. Déjà parce que les adversaires y réfléchiront à deux fois avant de faire faute, mais aussi parce qu’avec sa bonne dizaine de lancers par matches, l’impact serait non-négligeable.