Nous l’avions laissé un soir de juin 2019, une époque où il nous paraissait très certainement impensable de nous balader en permanence avec un masque sur le museau. Revenu (déjà !) d’une blessure qui l’avait écarté des terrains pendant un mois tout rond, Kevin Durant disputa 11 minutes et 57 secondes d’un game 5 de finale NBA face aux Raptors de Toronto. 11, c’est également son nombre de points, à 100 % derrière l’arc. Dans son sillage, c’est toute la baie de San Francisco qui se mettait à rêver d’un three peat pourtant bien mal engagé.
Néanmoins, sur une attaque du panier, le tendon d’Achille de l’asperge la plus précise de l’histoire vint à rompre. Bilan de l’opération : 18 mois d’arrêt de compétition. Entre-temps, l’homme a changé de crémerie, passant de Golden State à Brooklyn, où il commença par former un duo (fictif) avec Kyrie Irving l’an passé, puis un trio (véritable) avec James Harden cette année.
On le sait, la rupture du tendon d’Achille constitue certainement la pire blessure pour un basketteur professionnel. Que tous ceux qui, comme moi, se sont un jour fait les ligaments croisés ne s’offusquent pas pour autant ; le tendon d’Achille, pour un bonhomme de 2m13 et de 110 kilos, cela ressemble de près à l’enfer.
Et pourtant, dans un modèle de résurrection, KD est aujourd’hui aux prises avec les Bucks au second tour des playoffs. Si tout ne fût pas rose pour sa première saison sportive sous le maillot des Nets, la NBA a retrouvé son scoreur fou. Et cela, que l’on aime ou déteste le bonhomme (tel n’est d’ailleurs pas le débat du jour), difficile de contester l’affirmation suivante : putain, que ça fait du bien !
Tarentule ou Phoenix ?
Puisque nos connaissances en médecine sont absolument inexistantes et qu’il nous semble futile de réaliser un énième rappel des come-back réussis par les joueurs de la Grande Ligue après une grave blessure, contentons-nous d’apprécier factuellement la saison réalisée en 2020-21 par Kevin Durant. Favori pour le titre de MVP pour ce brave @ValWhatIf, le longiligne ailier a rapidement démontré qu’il en avait le niveau basketballistique.
En effet, avec un temps de jeu moyen qui n’a jamais été aussi faible dans sa carrière (mais qui n’est pourtant pas loin de celui de sa première saison aux Warriors, 33,1 mins contre 33,4) Durant a réalisé une saison statistique… époustouflante ? Donnons les chiffres bruts avant de tenter d’entrer plus en avant dans les détails : 26,9 points, 7,1 rebonds, 5,6 passes décisives, 0,7 interception, 1,3 contre à 53,7 % au tir, dont 45 % de loin et 88,2 % aux lancers.
Changement de physionomie au scoring
S’il n’a pas joué suffisamment de rencontres (nous y reviendrons) pour figurer dans les classements de fin de saison, notons tout de même plusieurs éléments. Avant sa blessure contractée à la mi-février aux ischios-jambiers, Durantula était lancé sur les bases d’une saison record et pouvait rêver de venir titiller Stephen Curry et Bradley Beal pour remporter son 5è titre honorifique de meilleur scoreur de la Ligue. 5, ce serait le 3è total de l’Histoire, derrière les 7 de Chamberlain et les 10 de Jordan. En somme, nous n’avions pas spécialement l’impression que le bonhomme avait passé un an et demi sur le flanc ; comme à son habitude, Kevin Durant marquait de n’importe où, n’importe comment, et savait transformer le lancer en point.
Une différence notable est toutefois à mettre en exergue dans l’art du scoring qui lui est si cher : si ses 17,2 tirs / match constitue son antépénultième total en carrière, juste devant sa saison rookie (17,1) et sa première saison aux Warriors (16,5), sa part de 3 points tentés par soir se situe bien au-delà de sa moyenne depuis 2007. En effet, depuis sa première rencontre, Durantula tente 26,2 % de ses tirs derrière l’arc des 7m23, pour une réussite globale de 38,1 %. Autrement formulé, sur ses 12 premières saison en carrière, KD scorait 5,4 points grâce à l’exercice du tir à distance. Cela correspond exactement à 20 % des points qu’il inscrivit sur cette période de 12 ans.
Changement de physionomie cette année : 7,2 de ses 26,9 points résultent d’un tir lointain, ce qui fait monter la moyenne à 26,7 % du total inscrit. Le changement ne paraît pas significatif aux premiers abords. Pourtant, on s’aperçoit qu’il n’est pas dû à une augmentation drastique du nombre de tentatives. Il dégaine de loin 5,4 fois par soir, son 5è total en carrière. Ce qui a changé, c’est sa précision absolument chirurgicale.
Loin de nous l’idée d’énoncer que Durant n’était pas un bon shooteur avant. Il avait d’ailleurs dépassé la barre symbolique des 40 % de précision de loin à 4 reprises dans sa carrière, lui permettant d’intégrer le prestigieux club des 50-40-90 en 2012-13. Cependant, même dans une saison où l’ensemble des records de précision furent abattus, très probablement en raison de l’absence de public, Durant affiche ici la 6è meilleur moyenne à 3 points de la Ligue. Il faut dire que 45 %, c’est une moyenne de sniper qui dégaine en catch & shoot. Par exemple, J.J Redick affichait une moyenne de 46,6 % l’an passé, et 93,3 % de ses tentatives provenaient d’une passe décisive. Idem pour Joe Harris cette année : 47,5 % de réussite et … 100 % de tentatives assistées.
Chacun conviendra qu’il est plus aisé de scorer lorsqu’on n’a pas une main devant le bout du nez. Or, s’il ne se créé bien évidemment pas toujours son tir, on s’aperçoit que 35 % du temps, Durant est défendu lorsqu’il inscrit un 3 points. Nous en revenons à notre conclusion précédente ; il peut scorer de n’importe où, n’importe quand.
L’on peut tout de même se demander – sans forcément apporter de réponse définitive – si cette part importante de tirs pris derrière l’arc possède une quelconque relation avec sa blessure au tendon d’Achille. Il n’est pas rare, avec un tel pépin physique, de vivre avec la crainte ou l’a priori d’une rechute. Or, pour éviter au maximum tout risque, il semble préférable de dégainer de loin plutôt que de se lancer tête baissée dans l’attaque du cercle. On s’aperçoit d’ailleurs que jamais dans sa carrière il n’avait aussi peu terminé à l’arceau (14,9 % des tirs convertis contre 21,7 % en carrière).
Vous pourriez rétorquer à raison qu’il n’a également jamais pris aussi peu de tir entre 5 et 7m23 du panier – ce que l’on a pris l’habitude d’appeler les “longs 2” (12,9 % cette année, contre 21 % en carrière), mais cela semble évidemment plus dû à la doctrine monopolistique dans la Ligue (celle d’éviter les tirs peu rentables) que d’une quelconque crainte pour sa santé.
Nous pouvons bien évidemment mettre cet aspect-ci du jeu de KD sur la tactique imposée par Steve Nash ainsi qu’au besoin de spacing à insuffler dans l’équipe, pour faciliter les pénétrations de James Harden ou Kyrie Irving.
Quoi qu’il en soit, pour en conclure avec l’aspect scoring de cette saison régulière, notons que sur 36 minutes, l’exercice 2020-21 se retrouve en seconde position sur le podium en carrière du bonhomme, juste derrière la saison 2013-14 … où Durant termina MVP. D’ailleurs, 26,9 points, il s’agit – ou presque – de sa moyenne en carrière (27). C’est dire si la bête est revenue à son niveau.
Une adresse moyenne affolante
Vous l’aurez compris, nous n’avons pas véritablement quitté les berges du scoring. Et pour cause, si nous avons insisté jusqu’alors sur l’adresse à 3 points, permettons-nous de rapidement revenir sur l’adresse globale de KD. On constate qu’avec 53,7 % de tirs convertis, il se classe en 21è position de la Ligue. Devant lui, seuls Michael Porter Jr et Mikal Bridges possèdent un taux d’utilisation du tir lointain supérieur au sien. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les deux jeunes joueurs sont les seuls extérieurs d’un top 20 dominé par Ivica Zubac (69,7 % de réussite). Or, nul besoin d’être expert pour apprécier le fait que de terminer souvent au cercle augmente plus les chances de convertir la tentative que de prendre un tir à 8 mètres du panier.
Cette affirmation est d’ailleurs confirmée par le true shooting %, une statistique avancée qui permet de mesurer l’efficacité moyenne d’un joueur en tenant compte du fait qu’un tir à 3 points est plus compliqué à rentrer qu’un tir à 2 points et, a fortiori qu’un lancer-franc. Avec 66,6 % de true shooting, Durant affiche son score le plus élevé en carrière. Une précision diabolique, aurions-nous pu dire. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit, à nouveau, le 6è total de la NBA, étant précisé que ce score est souvent atteint par deux types de joueurs :
- les intérieurs “à l’ancienne” qui ne jouent que près du panier, tout d’abord. Ainsi, Ivica Zubac, Rudy Gobert ou Richaun Holmes trustent les premières places du classement, en ayant tenté à eux trois la bagatelle de 19 tirs de loin dans la saison ;
- les snipers, qui vivent et meurent avec leur adresse lointaine. Pour la saison régulière achevée, citons les cas de Joe Ingles (72,2 % de ses tirs sont à 3 points), Joe Harris (62,8 %) ou Duncan Robinson (85,5 %). Cela confine à la logique ; le shooteur en état de grâce aura un très haut TS %, puisque la part du 3 points dans cette pondération est plus importante que celle des autres tirs.
Or, on remarque que KD ne figure dans aucune de ses deux catégories. Cette saison, 39 % des tirs pris en NBA valaient 3 points s’ils étaient inscrits. Durant est loin en-deçà de cette moyenne, on s’en souvient (31,3 %). En conséquence, si son TS % est tellement élevé, c’est bel et bien parce qu’il a su être d’une rare insolence sur l’ensemble des 35 rencontres disputées. On constate d’ailleurs que s’il avait converti ne serait-ce que 0,12 lancers de plus par rencontre, il aurait accompagné Irving dans le groupe des 50-40-90 de la saison. Cela représente simplement 5 lancers francs au total sur ses 238 tentatives.
Kevin scoreur, Kevin passeur
Attaquant complet, Durant profita de cette première saison sous les ordres de Steve Nash – passeur s’il en est – pour alimenter les camarades. Avec 4,2 passes décisives de moyenne depuis 2007, on sait que l’ailier est altruiste. S’il est pris à deux, il n’a pas véritablement de mal à aller chercher le joueur tout seul. Et cette année, si le bonhomme démarqué s’appelle Kyrie Irving ou James Harden, c’est la catastrophe. S’il s’appelle Joe Harris, ce n’est guère mieux.
Constatons tout d’abord que sur les 35 rencontres disputées en saison régulière, le numéro 7 affiche 31,2 % d’usage rate %. Autrement formulé, Durant terminait 31,2 % des actions des Nets lorsqu’il était sur le terrain, soit par un tir, soit par une passe, soit par une perte de balle. C’est le second total de l’équipe… juste derrière Caris LeVert, qui a joué 12 rencontres en début de saison, principalement en sortant du banc. Durantula possède donc un usage rate légèrement supérieur à celui des deux autres superstars de l’équipe (Irving : 30,4 %, Harden : 28,4 %). C’était donc lui qui avait la charge principale de conclure une action.
Et si, nous l’avons vu, ce n’est guère le dernier pour conclure les 24 secondes de possession par un tir, il réalisa également sa meilleure saison régulière du point de vue de la création pour les autres. Au niveau des chiffres bruts, ses 5,6 passes / match constituent son second total en carrière, derrière les 5,9 offrandes distribuées chaque soir lors de sa dernière saison sous les ordres de Steve Kerr. Cependant, si nous nous penchons sur une autre statistique avancée, l’assist %, on s’aperçoit que l’exercice 2020-21 est le meilleur de sa carrière dans le domaine. L’assist % constitue une estimation du pourcentage de paniers inscrits par l’équipe assistés par Kevin Durant lorsqu’il est sur le parquet.
En carrière, l’on peut ainsi affirmer que 20 % des paniers convertis par les coéquipiers de KD proviennent d’une de ses passes. Ce total est monté à 26,2 % lors de la saison 2018-19, juste avant sa terrible blessure. Il atteint cette fois-ci 27,5 %, ce qui le classe en 24è position de la Ligue, ex aequo avec Domantas Sabonis. Le chiffre n’est cependant pas extraordinaire ; s’il permet de noter que l’ailier est plus altruiste que jamais (nuançons le propos en rappelant que le jeu des Nets est principalement basé sur l’isolation), on dénombre pas moins de 9 joueurs qui dépasse les 35 % d’assist %, et 7 au dessus des 40 % : Russell Westbrook (48,6), Trae Young (45,5), James Harden (44,4), Luka Doncic (44,1), LeBron James (41,8), Chris Paul (40,9) et Nikola Jokic (40,4).
Ainsi, Harden est de très loin le playmaker n°1 des Nets, étant précisé que Kyrie Irving affiche quant à lui 28,6 % d‘assist %. Nous pourrions dès lors arriver à la conclusion que sans la blessure de James Harden, qui l’a tenu éloigné des terrains pendant plus d’un mois, la part de Durant dans les passes décisives de l’équipe aurait été bien moindre. Force est cependant de constater – et il ne l’a pas toujours fait en carrière – qu’il a su suppléer l’absence de la barbe la plus célèbre du sport professionnel pour faire jouer – et marquer – ses coéquipiers.
Quid de la défense ?
Cette année, les Nets se sont affirmés comme étant une exceptionnelle équipe offensive (118,3 d’offensive rating, soit le meilleur total… de tous les temps). Cela, nous pouvions potentiellement l’imaginer en début de saison, vu les noms cochés par Nash sur la feuille de match. Par contre, la crainte que nous avions, c’est que l’autre équipe de New-York soit également une passoire défensive. Le roster en place ne possédait ainsi guère que Bruce Brown et Jarrett Allen pour être missionnés sur les attaquants adverses. Durant, lui, s’était affirmé comme un très solide défensive dans la baie d’Oakland, mais il était difficile de se positionner sur son abnégation défensive à son retour de blessure ; surtout s’il remarquait que la stratégie du “marquons simplement plus que les autres” fonctionne. Et elle a fonctionné.
En effet, nos craintes étaient justifiées. Avec 113,8 de defensive rating, Brooklyn est la 23è défense de la Ligue. Parmi les équipes qualifiées en playoffs, seule l’arrière-garde de Portland est plus mauvaise (29è, 116,0). Ainsi, sur 100 possessions, les Nets encaissent en moyenne 113,8 points. Alors certes, le net rating est très positif : 4,5, soit le 7è de la Ligue. Cependant, sur le papier, certaines équipes présentent également une attaque historique… mais également une défense solide. Citons le Jazz, les Clippers, les Suns ou les Bucks. L’ennemi le plus complet semble donc se trouver à l’ouest.
Toutefois, il est un adage qui veut que les défenses se resserrent en playoffs. En ce qui concerne Brooklyn, notre réponse peut être : oui et non. Voilà pour faire avancer le schmilblick. Plus sérieusement, nous pouvons traduire nos constatations de la manière suivante :
- effectivement, la défense des Nets a resserré la vis. Avec 108,2 de defensive rating, les hommes de Nash affiche le 3è total des playoffs. Pourtant, les Celtics et les Bucks ne sont pas réputés pour avoir des attaques timides. Cela n’a pas empêché Milwaukee d’inscrire moins de 90 points à deux reprises en trois rencontres.
- par contre, les défenses qui font face à l’armada des Nets ne se sont absolument pas resserrées. Enfin, elles ne parviennent pas à freiner la folie des Nets, qui, avec 121,1 d’offensive rating, n’en finissent plus d’impressionner dans ce secteur.
Quelle est la place de KD dans ce renouveau défensif ? En saison régulière, dans le marasme collectif, Durant était… moyen. Si le yaourt nature devait être transcrit en défense NBA, Durant pourrait postuler pour être affiché sur l’étiquette : 232è, 112 de defensive rating individuel. Alors certes, c’est bien mieux que la moyenne de l’équipe, moyenne plombée par Landry Shamet, Joe Harris, Jeff Green ou Kyrie Irving. Mais cela reste absolument neutre dans la Grande Ligue.
Par contre, la mayonnaise est tout autre au playoffs. Depuis 8 rencontres, le yaourt nature s’est transformé indubitablement et avec 104 de defensive rating, Kevin Durant est excellent défensivement. C’est tout bonnement la meilleure marque de l’équipe parmi les joueurs qui dispute a minima 5 minutes / match, devant Nicolas Claxton et Blake Griffin (qui, en matière de renaissance, se place “là” aussi). 104, c’est tout aussi bien que Khris Middleton et à peine moins bien que Torrey Craig ou Jrue Holiday. Parmi les joueurs majeurs, seul Antetokounmpo est véritablement devant l’ailier des Nets (98 de defensive rating).
Il en résulte qu’en playoffs, Durant possède un net rating de +18 (122 de offensive rating – 104 de defensive rating = 18). Et cela, dans le top 25 suscité, parmi les joueurs qui jouent véritablement (on exclut donc Serge Ibaka, par exemple), c’est tout bonnement la meilleure marque.
En conclusion, il semblerait que Durant ait passé la démultiplié de son côté du terrain. De quoi rêver de passer une énième bague à l’annulaire ?
Quel futur immédiat ?
À l’heure de la rédaction de ces lignes, Brooklyn est à égalité face aux Bucks de Giannis Antetokounmpo. Avec un Harden blessé au bout de 43 secondes de jeu dans le game 1 et indéfiniment out, le destin des Nets est plus que jamais remis entre les immenses paluches de KD. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui, alors que Kyrie Irving souffre d’une entorse. Avec 31,8 points de moyenne depuis le lancement des joutes printanières (en 37,7 minutes), autant dire que le bonhomme répond présent. Les deux premières victoires contre la franchise frappée du daim portent d’ailleurs sa marque, et plus particulièrement la seconde. Si les Bucks ont affiché une résistance digne d’une équipe de N2 (- 39 au final), Durant inscrivit 32 points et délivra 6 passes décisives en 33 minutes, à 66,7 % au tir global et à trois points.
Il ne semble d’ailleurs pas dérangé par la défense que peuvent lui proposer les Bucks, par l’intermédiaire du Grec, voire de Khris Middleton. Sur les 3 premières rencontres de la série, le plus beau Phenix que la Terre ait porté juste après Renaud (notez l’ironie) dégaine à 49,3 % et 44,4 % de loin en 6 tentatives. Il domine la série et, sur ses épaules de serpent anorexique, c’est tout Brooklyn qui fait figure de favori au titre NBA.
Qu’espérer de mieux ? Certes, il se murmurait que son départ de Golden State était principalement motivé par l’envie de démontrer qu’il n’avait pas besoin d’une superteam pour décrocher une troisième bague. En cela, si les Nets vont au bout de leur parcours, ce sera raté. Sur le papier, et uniquement offensivement, le trio Durant – Irving – Harden est peut-être l’un des plus effrayants de l’Histoire. Quoi qu’il en soit, lorsque Kyrie Irving est, théoriquement à nouveau, le troisième joueur d’une équipe, on peut difficilement ne pas appeler cette dernière “superteam“. Désormais, Kyrie Irving également à terre, Kevin Durant sera seul porter les espoirs des Nets.
Néanmoins, avec du recul, le potentiel futur titre de Brooklyn ne vaudra pas moins que les autres. LeBron James a remporté ses bagues entouré de Bosh, Wade, Irving, Love ou Davis. Stephen Curry avait autour de lui Thompson, Green ou Durant. Michael Jordan avait Pippen, Grant ou Rodman. Personne ne gagne jamais seul. Et si la personnalité de Kevin Durant n’est guère propice à l’adoration, lui qui semble toujours avoir quelque chose à prouver (et qui le prouve maladroitement), il n’y aura pas lieu de lui tomber sur le coin de la tronche s’il soulève le trophée O’Brien à l’issue de ces playoffs ; il aura éliminé Boston, Milwaukee, Philadelphia (très certainement) et une équipe de l’ouest – certes novice au niveau des finales NBA – mais qui n’aura certainement pas démérité sa qualification pour la plus belle des séries.
Et si la bague pouvait être décrochée avec 30 points, 8 rebonds et 5 passes (statistiques actuelles contre les Bucks), il est probable que la tarentule glanera au passage son 3è trophée de MVP des finales. La renaissance du Phenix serait alors magnifique.