Suite au Game 1, nous vous expliquions comment les Hawks avaient créé la surprise. Entre exploit de Trae Young et ajustements collectifs, Atlanta est arrivé chez les Milwaukee Bucks et a arraché l’avantage du terrain. Dans le Game 2, les choses se sont en revanche corsées pour la troupe de Nate McMillan. Une gifle brutale, une réponse nécessaire et là encore, des changements du côté des Bucks qui ont donné une physionomie radicalement différente à la rencontre. A la sortie, ce sera un blow-out énorme : +40 arrivé à la fin du 3eme quart temps. Match plié.
Une stratégie identique, une exécution différente
Dans l’analyse du Game 1, nous avons évoqué comment Milwaukee est passé de sa défense en drop vers une défense en switch en fin de rencontre, incapables de trouver une solution au lutin d’Atlanta. Pour cette seconde rencontre, les Bucks sont revenus à la colonne vertébrale de leur défense : le drop. Cependant, si la stratégie est la même, l’exécution elle, sera bien différente. Et le résultat : sans appel. Alors, qu’est-ce qui a différé ?
1/ L’intensité
Avant d’entrer dans la partie tactique, il convient tout de même de partir d’un constat clair. Les Bucks ont montré de bout en bout un visage autre de celui du la première rencontre. Les déplacements étaient plus incisifs, la volonté de ne laisser aucun espace était bien plus marquée, le hustle était bien plus présent et tout cela, a contribué, défensivement comme offensivement à construire une énergie et une hostilité toute autre pour les visiteurs. Cela s’est traduit pas moins d’approximation défensive, des mismatchs beaucoup plus difficiles à exploiter (hommage à Brook Lopez, partout et impeccable au large sur Trae Young) et un Giannis attaquant inlassablement des Hawks incapables de le stopper.
Donc oui, à ce que nous dirons ensuite, il faut ajouter ceci : les Bucks ont été bien plus impliqués, ont pris la mesure de l’adversaire et en ont convenu qu’il allait falloir sortir les crocs pour remporter cette série. Et cela a forcément bien aidé le plan de jeu de Mike Buldenhozer.
2/ Ajustements tactiques
Nous le disions dans la preview de la série, les Bucks tenteraient en premier lieu d’isoler Trae Young. Le pari : empêcher ses coéquipiers de prendre feu et laisser la star des Hawks prendre des tirs généreux à mi-distance, puisqu’ils sont moins rentables que ceux dans la raquette ou à 3pts. Mais. Le joueur a fait si mal à Milwaukee que ces derniers ont changé de fusil d’épaule en cours de match pour tenter de le limiter. Trop tard, entre le manque d’agressivité et un Ice Trae incandescent, le mal était déjà fait. Les variations dans le drop ou la tentative de switch n’y ont rien fait. Les Bucks ont coulé.
Revenu à leur défense en drop, comme nous le disions, Milwaukee a néanmoins proposé une version moins commune. Pour comparaison, voici comment ils l’ont joué durant le match 1. Classique, le pivot (Brook Lopez) reculait afin de protéger la raquette. Il laissait donc un champ très libre pour prendre un tir ou un floater. Le tir que les daims souhaitaient offrir. Par ailleurs, la directive des 3 autres joueurs était de laisser un minimum d’espace à leur vis-à-vis et donc de ne pas s’exposer sur des aides. Ce qui donnait l’impression que toute la défense reposait sur les épaules du défenseur de Young (le plus souvent Holiday, rapidement Teague) et de l’intérieur (le plus souvent Lopez).
La nuit dernière, Milwaukee a procédé à quelques changements :
- Se montrer le plus agressif possible sur le porteur de balle et le défendre haut pour obliger l’écran à être posé plus loin du panier
- Sortir le pivot (Lopez) de la raquette pour proposer une opposition plus rapide (et ne pas abandonner un tir facile)
- Aider l’intérieur (Lopez) quitte à laisser plus d’espaces aux 3 joueurs gravitant autour de l’action : le joueur le plus proche du porteur de balle va systématiquement contribuer à barrer la route ou à contester le tir.
Dès le début du match, le ton est donné, comme cette action va en attester. Contrairement au premier match, Milwaukee implique Giannis dans la défense, quitte à offrir de l’espace à John Collins. Résultat, plutôt que d’avoir le choix entre un tir à mi-distance ouvert ou attaquer Lopez, Bogdanovic doit tenter de se créer de l’espace. Et quand il décale vers le droite pour s’éloigner du grec, c’est cette fois Jrue Holiday qui se détache de Young pour venir aider (ici, contester le tir).
Reste donc à appliquer cette nouvelle recette et voir si cela va franchement perturber Young. Si la réponse est non, alors les Bucks s’apprêtent à vivre un cauchemar. Mais quand il s’agit de harceler un joueur, les Bucks ont de quoi faire. Des défenseurs longs, intelligents et athlétiques. Et cela va en effet porter ses fruits. Pour une meilleure illustration, on repart entre une comparaison entre Game 1 et Game 2. Sur la première, je vous laisse observer le champ libre dont disposait Trae Young dans le premier match :
Une fois Jrue Holiday passé, Lopez doit faire au mieux pour protéger la raquette. Mais il concède énormément d’espace parce qu’il doit à la fois forcer le tir à mi-distance, mais également éviter de se découvrir pour éviter une passe ou un alley-oop facile pour Capela. Dès lors, le travail d’aide change la donne dans le Game 2 (extrait suivant). D’une part, Lopez se sent moins esseulé, mais en prime, Trae Young voit quelque chose de très différente une fois qu’il passe la ligne des 3 points.
Rebelote. PJ Tucker délaisse son shooter mais propose une aide sans trop s’impliquer qui limiter la course de Trae Young. Ce dernier, au lieu d’avoir le loisir de s’orienter vers la droite est obligé d’aller tout droit. La première différence que cela fait, c’est que Jrue Holiday a moins d’espace à rattraper pour chasser l’attaquant.
Cela ne s’arrête pas là, puisque si vous regardez au départ de l’action Giannis a également lâché John Collins. Et quand Young évite Tucker, que Holiday revient dans son dos, Lopez n’a pas encore eu à entrer en action sur le meneur que Giannis est déjà prêt à contester.
De fait, quand Collins coupe pour proposer une solution, il est certes débarrassé d’Antetokoumpo, mais il est au milieu de 3 Bucks quand il prend son tir et Lopez a eu tout le loisir de se positionner pour contester. Et ça, pas grand monde ne le fait aussi bien et proprement que lui en NBA. Verticalité ou pas.
La difficulté pour Young face à cette activité est la suivante. Les Bucks sont beaucoup de choses qu’il n’est pas. Le meneur a beau être vif, il n’est pas puissant, il n’est pas long et ne peut pas les battre en allant danser en pleine forêt. De fait, il doit trouver des solutions et au milieu des branches, l’espace manque. Exemple :
Comme susmentionné, le principal changement concernant Lopez est qu’on l’a souvent vu venir affronter le porteur de balle bien plus haut. On a vu une action semblable à la précédente se terminer sur du pull-up 3 plusieurs fois le match précédent. Et encore plus souvent, sur un floater. L’objectif des Bucks était de limiter ces luxes abandonnés au meneur. Notamment celui de posséder des espaces pour manipuler la défense. Dans ces conditions, on l’a vu plus emprunté. En grande partie parce qu’il n’a, paradoxalement, pas réussi à profiter des aides de Milwaukee pour trouver ses coéquipiers.
C’est probablement le plus gros challenge désormais pour les Hawks. Contourner l’ajustement des Bucks en proposant des solutions à Young.
Des conséquences radicalement opposées
Pour les Hawks, qui basent tout leur système autour de Trae Young, la feuille de statistiques du meneur est très souvent le pouls de l’équipe. De fait, quand comme au Game 1 il met 48pts, 11asts le tout à 50% au tir, on sait qu’Atlanta a livré bataille et a probablement gagné. La nuit dernière, les choses furent très différentes. Le meneur a obtenu moins de tirs (16 vs 34), il a moins bien shooté (37,5% vs 50%) et il a perdu énormément de ballons (9 vs 6). S’il est normal qu’un joueur qui manie autant le ballon en perde beaucoup, il faut préciser que ces chiffres et notamment le nombre de ballons perdus s’est fait en beaucoup moins de temps passé sur le terrain (28 vs 41).
En somme, Trae Young a connu une soirée cauchemar après une soirée record. Et Milwaukee a montré avoir joué sa part dans un cas comme dans l’autre.
Pour les Bucks, justement, ces changements défensifs sont également capitaux de l’autre côté du terrain. Plus qu’une question d’énergie, c’est l’occasion pour eux d’exploiter la défense des Hawks. Les ballons perdus et les rebonds défensifs obtenus permettent de frapper en transition. Autrement dit, leur bonne défense est également une source de création offensive. Ainsi, entre l’incapacité des Hawks à trouver la mire et les nombreuses interceptions, ils ont rapidement pris l’ascendant. Sans jamais laisser l’espoir d’un retour à Atlanta, quoi doit maintenant trouver des solutions pour tenter de conserver l’avantage du terrain. Pas une mince affaire.