Difficile de se positionner avec certitude sur la qualité de la dernière saison des Pistons de Détroit. Est-ce une déception ? Le bilan comptable peut nous pousser à le croire. Avec 20 victoires et 52 défaites, les Pistons ont terminé en dernière position de la conférence Est et présentent le second pire bilan de l’exercice, seulement “battu” par des Rockets orphelins de James Harden et Russell Westbrook. De la même manière, le développement de la jeunesse n’a pas été qu’une réussite. Ainsi, le pick #7 de la draft 2020, le français Killian Hayes, a vécu une première saison difficile et plombée par différentes blessures. Si cela constitue un contre-temps dans les projections de la franchise, cela ne lui est pourtant pas imputable. D’autant plus que le retour à la compétition du jeune meneur fût prometteur.
Est-ce une réussite ? Encore une fois, plusieurs arguments militent en ce sens. Premièrement, grâce à son bilan catastrophique, la franchise du Michigan récupéra le first pick de la draft 2021, présentée comme très talentueuse. De surcroît, si la première saison de Hayes peut difficilement être cataloguée comme un succès, il en va autrement pour deux autres rookies de la maison dirigée par Dwane Casey. À l’aile, Saddiq Bey reste ainsi sur un exercice prometteur dans son rôle d’ailier shooteur, avec quelques 12 points, 4,5 rebonds et 38% de réussite derrière l’arc, ce qui lui valut une place bien méritée dans la All-rookie Team, mais également un très surprenant titre honorifique de joueur de la semaine du 15 février 2021 (marquée par une rencontre avec 30 points, 12 rebonds et 7/7 de loin dans une victoire face aux Celtics). Au-delà même de Bey, notons également la belle saison d’Isaiah Stewart, jeune pivot dont le nom de famille ne laisse pas suggérer le physique. Titulaire en fin de saison, il sut démontrer qu’il avait tout pour devenir le pivot undersize de l’avenir de l’équipe de Motor City, en témoignent ses 12 points, 7 rebonds et 2 contres de moyenne sur ses 7 dernières titularisations.
Plus encore que de tenter de déterminer si, oui ou non, les Pistons doivent être satisfaits de leur saison, notons le départ de Blake Griffin, coupé de la franchise le 5 mars dernier. Arrivé à Détroit au cours de l’exercice 2017-2018, l’ailier-fort demeure un joueur marquant de la franchise, notamment grâce à son exercice 2018-2019 éblouissant (24,5 points, 7,5 rebonds et 5,4 passes décisives, mais aussi une place dans la All-NBA 3rd team). Toutefois, malgré les immenses services rendus, l’ancienne superstar bondissante n’était plus que le fantôme du joueur qu’il fût, en raison de trop nombreux pépins physiques, mais aussi d’une utilisation certainement critiquable, lui qui parvenait encore à scorer avec efficacité lorsqu’il jouait proche du cercle, ce qu’il ne faisait que bien trop rarement.
Au final, il est donc possible de trouver du positif en-dehors et sur le terrain. Mention spéciale pour l’excellente saison de Jerami Grant. L’ailier, qui a demandé son départ après une saison prometteuse à Denver afin de revêtir un costume plus grand que peu de monde lui prêtait, a démontré qu’il pouvait être un potentiel lieutenant dans une belle équipe. Certes, ses statistiques (22,3 points, 4,6 rebonds, 3 passes décisives à 43% au tir) ont été réalisées dans une véritable débandade collective, ce qui tend à en minimiser la portée. Toutefois, force est de constater qu’à l’issue de son exercice dans les Rocheuses, rares étaient ceux qui auraient parié sur une telle saison du neveu d’Horace.
L’intersaison peut-elle rapidement remettre la franchise sur les rails des playoffs ? Si l’horizon peut ressemble potentiellement plus à la Comté qu’au Mordor, la Communauté des Pistons ne doit pas peut-être pas pour autant miser sur une embellie soudaine.
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Tyler Cook, Sekou Doumbouya (Brooklyn Nets), Mason Plumlee (Charlotte Hornets), Deividas Sirvydis, JT Thor (Charlotte Hornets).
Ils ont rejoint l’équipe : Cade Cunningham, Hamidou Diallo, Luka Garza (two-way), De’Andre Jordan, Balsa Koprivica, Isaiah Livers, Trey Lyles, Kelly Olynyk, Chris Smith (two-way).
Le roster à ce jour :
Meneurs : Saben Lee, Cory Joseph, Killian Hayes, Frank Jackson,
Arrières : Cade Cunningham, Rodney McGruder,
Ailiers : Saddiq Bey, Hamidou Diallo, Josh Jackson, Chris Smith,
Ailiers-forts : Jeramy Grant, Isaiah Livers, Trey Lyles,
Pivots : Luka Garza, Balsa Koprivica, Kelly Olynyk, Isaiah Stewart.
En guise de nuance, nous nous permettons de reprendre l’avis de @Motor_City_Pod, qui précise : “l’objectif des Pistons cette saison n’étant pas de gagner mais de développer des joueurs pour savoir qui entourera Cade Cunningham le temps voulu, je partirais aussi sur le 5 majeur évoqué ci-dessus. Attention, Dwane Casey se montre parfois dur avec les tous jeunes donc Isaiah Stewart et Saddiq Bey ne joueront pas 82 matchs comme titulaire. Olynyk n’est pas venu faire de la figuration et les coups de feu offensif de Josh Jackson pourraient lui donner quelques titularisations”. Saisissons d’ailleurs l’occasion pour remercier les comptes de franchise d’accepter de nous répondre avec précision à chaque sollicitation.
Les tendances de l’été
Toute la fanbase avait d’abord les yeux tournés vers le 22 juin dernier et la loterie annuelle. Les balles, plus petites et moins orange, ont été clémentes avec Troy Weaver et les Pistons, puisqu’elles offrirent à la franchise le premier choix de la draft. Immédiatement, le regard s’est projeté vers le 29 juillet 2021. Numéro 1 dans toutes les mock draft du monde, Cade Cunningham était promis à un avenir dans le Michigan. Personne n’imaginait Détroit faire l’impasse sur le prodige d’Oklahoma State, qui présentait à l’université toutes les qualités pour devenir une véritable star. Et si, derrière lui, d’autres joueurs semblent promis à un bel avenir (Jalen Green, Evan Mobley…), Cunningham était trop seul dans sa galaxie pour ne pas être appelé en premier par Adam Silver.
Cela ne manqua pas. With the first pick of the NBA draft 2021, the Detroit Pistons selected Cade Cunningham. Les fans peuvent souffler un grand coup et se projeter, enfin, après plusieurs années de galère.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule acquisition de la franchise en cette soirée de draft. Avec le 42e choix, c’est l’ailier-fort Isaiah Livers qui fût sélectionné, en provenance des Wolverines de Michigan. Âgé de 23 ans et auteur d’un cursus universitaire complet, le bonhomme s’est imposé comme un intérieur sous-dimensionné, excellent derrière l’arc (43,1% de réussite en 5 tentatives de moyenne lors de sa saison senior) et doté d’un QI basket supérieur à la moyenne. Si des questions peuvent être posées autour de son athlétisme, Livers pourra s’inscrire dans la rotation de Casey à un poste 4 qui ne manque pas de personnel. Dans tous les cas, le pari ne semble pas être mauvais avec ce pick #42.
La soirée était encore loin d’être terminée et il ne fallait pas avoir du sommeil à rattraper pour pouvoir suivre, en France, les derniers choix effectués par le board de l’équipe. Encore une fois, ces choix ressemblent à du “100% gagnant”. D’abord, avec le pick #52, c’est l’épouvantail des défenses universitaires, Luka Garza, qui fût sélectionné. Meilleur joueur de l’année, Garza est un intérieur d’une polyvalence offensive rare, comme en témoignent ses 24 points par soir (depuis 2 ans) et son exceptionnel 44% de réussite à trois-points en 3,2 tentatives. Sa faiblesse tient principalement à son manque de vitesse latérale, ce qui fait qu’il aura énormément de mal à contenir qui que ce soit au niveau professionnel. Néanmoins, le pari est tentant. Mieux encore, il est sexy.
Enfin, un autre pivot a été sélectionné. Il répond au doux nom de Balsa Koprivica et avait un rôle certain dans la raquette de Florida State. Sa sélection à la draft fait office de demi-surprise, mais le risque n’est pas bien grand avec le choix #57.
À cela s’ajoute quelques arrivées en provenance de la free agency. Passons sous silence certaines d’entre elles, qui ne paraissent pas significatives en l’état. Toutefois, mentionnons la venue dans le Michigan de Kelly Olynyk, un énième intérieur qui ne fera pas de mal au spacing de l’équipe et qui reste sur une belle saison à Houston (19 points, 8,5 rebonds, 4 passes décisives, 39% de loin). S’il n’est pas certain d’occuper la place de titulaire, nul doute que sa présence dans la rotation pourra être bénéfique pour les nombreux jeunes intérieurs de l’équipe. L’ajout d’Olynyk est le seul “substantiel” à noter, si l’on excepte la venue de Trey Lyles et le trade récent qui envoya Sekou Doumbouya et Jahlil Okafor à Brooklyn contre De’Andre Jordan et 4 seconds tours de draft. Depuis lors, ce brave Dede a été libéré et a signé chez les Lakers.
En somme, la tendance est à la jeunesse, à l’espoir, voire même à la petite hype. De cela, les fans de Détroit en manquent cruellement depuis quelques années, eux qui n’ont eu qu’un premier tour de playoffs à se mettre sous la dent ces dernières années. Le problème avec l’espoir, c’est qu’il s’agit d’un sentiment à double tranchant et que la déception peut se cacher dans son ombre. Or, en l’état actuel des choses, l’espoir repose principalement sur les épaules d’un joueur en particulier, qui semble être le seul de l’effectif à même à pouvoir redorer le blason de cette franchise historique de la Grande Ligue. C’est dire si la pression qui attend Cade Cunningham est loin d’être anodine.
Elle l’est d’autant moins que le roster paraît toujours aussi déséquilibré, notamment sur le poste d’arrière. Certes, des joueurs comme Killian Hayes ou Saddiq Bey peuvent y évoluer sans que cela n’impacte leur rendement. Toutefois, le français semble avant tout être un meneur créateur, tandis que Bey a fait de belles preuves à l’aile. Peut-être que sur le papier, l’arrière de l’équipe sera Cunningham. Cela ne fera pas de mal, puisque le seul arrière de métier du roster s’avère être Rodney McGruder. Si celui-ci a surperformé derrière l’arc la saison passée sous le même maillot (45,8% !), il n’en demeure pas moins qu’un role player dont le niveau ne semble pas être celui d’un titulaire. En cela, la sphère d’influence de Cunningham grossit encore un peu plus. Pour reprendre la métaphore d’un auteur infiniment plus talentueux, nous pourrions dire que la franchise de Détroit est “une énorme toupie ventrue reposant toute entière sur cette pointe minuscule que constitue Cade Cunningham”. Et pour tout dire, l’image parvient presque à être séduisante.
Focus sur la saison 2021-22 des Pistons
Un back-court compatible ?
L’an passé, 11 joueurs ont évolué sur le parquet sur l’un des deux postes du back-court des Pistons. C’est beaucoup. Trop, certainement, lorsqu’on imagine que le développement des jeunes nécessite un semblant de continuité.
Et si la saison 2021-2022 sonnait le glas de l’incertitude, pour consacrer la stabilité ? Sur le papier, l’idée est belle et réalisable. En effet, théoriquement et sauf retournement imprévisible de situation, Cade Cunningham et Killian Hayes devraient se partager les responsabilités à l’arrière. Quant à savoir qui occupera le poste de meneur et qui sera arrière, cela ne revêt que peu d’importance, tant les postes en NBA tendent à s’uniformiser petit à petit. Surtout, le distinguo ne fait pas grand sens au sujet des deux joueurs, qui peuvent aisément évoluer sur les deux postes du back-court.
Toutefois, sont-ils compatibles ? Autrement dit, Détroit peut-elle envisager son avenir avec sérénité sur les postes 1 et 2 ?
Pour l’heure, tout nous pousse à dire que oui. Les raisons sont multiples. Tout d’abord, les deux joueurs sont d’excellents porteurs de balle. Souvenons-nous que le ticket d’entrée d’Hayes en NBA était sa faculté de créer à la fois pour soi et pour les autres, notamment sur pick & roll. De la même manière, on ne présente plus les qualités d’initiateur de Cunningham. Placée entre leurs quatre mains, l’attaque de Détroit devrait donc être joliment huilée.
Nous pourrions formuler une réserve, minime ; les deux possèdent un jeu loin du ballon moyen, ce qui peut avoir tendance à figer l’attaque. À cet égard, puisque le porteur de ballon principal sera Cunningham, nous ne pouvons que formuler de nos vœux le fait que Killian Hayes puisse développer avec efficacité cet aspect de son jeu.
Quid de l’autre côté du terrain ? Savoir attaquer, c’est bien. Toutefois, l’histoire démontre que sans une défense au moins décente, les défaites s’empilent plus que les victoires. De ce côté-ci également, rien ne semble faire obstacle à l’association des deux joueurs. Ils sont tous les deux grands pour leur poste (1m98 pour Hayes, 2m03 pour Cunningham) et diablement longs (2m06 pour Hayes, 2m13 ! pour Cunningham). Le profil physique est donc optimal, mais il ne fait évidemment pas tout. Or, le français est un défenseur tout à fait capable, capable de switcher par séquence. L’américain, lui, est également un bon défenseur, même s’il paraît meilleur pour l’instant dans la compréhension que dans la défense sur l’homme.
Ce ne sera certainement pas un back-court étouffant, mais il devrait se bagarrer suffisamment pour ne pas constituer une immense faiblesse, quand bien même l’inexpérience se verra sur le terrain lors des premières années de leur association. Dès lors, l’association Hayes / Cunningham a tout pour être compatible. Reste désormais à voir si le franco-américain sera épargné par les blessures, lui qui n’a joué que 26 rencontres l’an passé. En tout cas, parmi les motifs de satisfaction potentielle, la possibilité de voir les deux gamins jouer ensemble se retrouve très haut placée dans la Little Caesars Arena.
Les Pistons peuvent-ils décevoir ?
De prime abord, la réponse paraît être forcément positive. Évidemment, chaque franchise court de risque de décevoir à chaque nouvel exercice. Toutefois, comme on le dira ci-dessous, on n’attend pas grand chose de Détroit cette saison. Or, si on n’attend rien de vous, la probabilité que vous puissiez décevoir diminue inévitablement. Par conséquent, à moins de proposer un jeu indigent ou de gagner 11 rencontres, la déception collective est quasiment inimaginable : Détroit n’est pas là pour gagner, Détroit est là pour progresser. Néanmoins, on peut trouver deux risques potentiels : la déception individuelle et les difficultés relationnelles.
Au sein de la première catégorie, nous ne parlerons pas du potentiel bust que pourrait devenir un rookie, tant la remarque ne ferait pour l’heure aucun sens. Au rayon de ce qui pourrait devenir une déception, nous pouvons penser à Jerami Grant. Que l’on s’entende bien ; nous ne misons pas, ici, un kopek sur une saison décevante de l’actuel numéro 9 de l’équipe. Force est néanmoins de constater que le bonhomme a placé la barre haute l’année passée, en pulvérisant son record de points sur une saison (de 13,6 à 22,3). Évidemment, Grant a demandé à quitter les Nuggets pour obtenir un rôle offensif de premier plan, et ce fût le cas. De 18% d’usage rate en 2019-2020, il passa à 28,5% l’année dernière, ce qui se ressentit sur sa réussite au tir, lui qui avait pris l’habitude d’aller titiller les 50% de tirs convertis les années passées. Il faut dire qu’il était désormais la menace première pour l’adversaire, qui n’avait pas besoin de passer des heures sur l’analyse vidéo pour savoir qu’il fallait concentrer ses efforts défensifs sur Grant.
Le bonhomme entre maintenant dans “l’âge du prime“, à 27 ans. Il est légitime d’attendre de lui qu’il parvienne à confirmer ses performances. La tâche ne sera pourtant pas aisée, pour plusieurs raisons que Grant ne maîtrise pas forcément. D’abord, il n’est jamais évident d’entériner une progression aussi brusque. Il est possible de considérer que les défenses de tout le pays sont aujourd’hui prévenues et le traitement qui lui sera réservé pourrait être plus dur qu’à l’accoutumé, mettant à mal sa productivité. Toutefois, les yeux adverses devraient être également tournés vers le back-court et la défense ne pourra pas être partout à la fois.
Le back-court, justement. Nul ne doute que Grant aura moins la balle en main que l’an passé, surtout si Cunningham et Hayes demeurent en bonne santé. Cela se ressentira très certainement sur ses statistiques. Les chiffres bruts ne revêtent cependant pas l’importance qu’on veut bien leur donner ; peu importe que Grant score moins, tant qu’il parvient à se fondre dans son nouveau rôle aux côtés d’un porteur de balle présenté comme élite. Si ce n’est pas le cas, notamment s’il exige de conserver son rôle de l’an passé, le “cas” Jerami Grant pourrait devenir compliqué à Détroit, qui versera 19M$ à son ailier.
Initialement, nous évoquions également dans cette section le cas de Sekou Doumbouya, dont les 2 premières saisons à Détroit n’ont pas forcément été concluantes. Nous appelions de nos vœux un jeu plus rapide pour que le français puisse faire parler ses qualités, mais également un réveil de sa part car, dans le microcosme NBA, tout va très (trop ?) vite. La remarque n’a plus d’intérêt désormais, puisque le français a été transféré à Brooklyn contre De’Andre Jordan, un autre intérieur vétéran qui aurait pu apprendre le métier aux petits jeunes. Si la signature se voulait pragmatique, ce n’est pas sous les cercles que Détroit manquait de joueur ; c’est plutôt sur le poste 2. Quitte à transférer deux éléments du roster, ramener un arrière n’aurait peut-être pas été une mauvaise idée.
La libération de Jordan réduit le nombre de vétéran dans le roster. Elle règle la question du rôle de celui-ci, qui aurait certainement été minime (3e option au poste 5 ?). C’est toujours une potentielle difficulté de mise de côté. En effet, des difficultés d’entente peuvent parfois rejaillir lorsque l’effectif est composé de très jeunes joueurs et de quelques véritables anciens. Chacun devra trouver sa place, son rôle, afin que l’harmonie collective demeure. Pour une équipe qui se veut en reconstruction et sans pression, connaître des problèmes relationnels pourrait mettre du plomb dans l’aile du projet.
Oui, les Pistons peuvent décevoir, à titre individuel plutôt qu’à titre collectif. Sera-ce le cas ? L’auteur de ces lignes aurait plutôt tendance à s’inscrire dans la position inverse.
Au final, quel(s) objectif(s) ?
Par fainéantise, nous aurions pu ici vous renvoyer à notre introduction. Il semblerait que ces Pistons version 2021-2022 n’ont pas d’objectif chiffré à atteindre. Ainsi, le front-office ne s’offusquera certainement pas si la saison s’achève dans les bas-fonds de la conférence est, même si le bonnet d’âne de ce côté-ci du pays pourrait changer de tête. Autrement dit, peu importe que Détroit remporte 15, 25 ou 35 victoires. Le roster paraît pour l’heure trop jeune pour pouvoir espérer se mêler à la lutte pour le play-in tournament, qui sera manifestement reconduit. Rien n’exclut d’ailleurs que les têtes pensantes de l’équipe ne lorgnent pas vers la prochaine draft, à nouveau présentée comme très dense en son sommet.
Dès lors, pour trouver les objectifs que peut se fixer la franchise, il faut regarder exclusivement en interne. Nous l’avons dit, l’effectif manque d’expérience (22,9 ans de moyenne d’âge) et est composé de quelques pièces qui ne demandent qu’à se développer sans pression. C’est évidemment le cas des néo-sophomores que sont Hayes, Bey et Stewart, qui n’ont qu’une saison dans les jambes et qui ne connaissent pas encore les ficelles du métier. Nous pensons également aux différents rookies, et notamment à Cade Cunningham.
Le développement de celui-ci paraît d’ailleurs être l’objectif n°1 de la franchise du Michigan. Si l’avenir doit prendre les traits de MotorCade, il est impérieux que l’exercice rookie du first pick soit couronné de succès. Par l’emploi du terme “couronne”, nous n’évoquons pas forcément le trophée de rookie de l’année, même si Cunningham en est évidemment l’immense favori. Nous visons plutôt un exercice complet, épargné par les blessures et au cours duquel le ball handler montera en puissance, un peu à l’instar de ce qu’avait pu réaliser Luka Doncic il y a quelques années du côté du Texas.
En somme, Détroit ne demande qu’à pouvoir se constituer une équipe de plus en plus compétitive, sans que les projecteurs ne soient braqués sur la franchise. Et si tout fonctionne, peut-être que dans un avenir proche, nous pourrons revoir les Pistons au sommet d’une conférence qu’ils ont si souvent dominée. La seconde brique du projet sera posée le 19 octobre prochain. Il ne reste plus qu’à déterminer si l’édifice sera chancelant ou, à l’inverse et dans la droite lignée de la culture de la franchise, solide comme le roc.
L’avis éclairé de @Motor_City_Pod & @DetPistonsFR
Quels sont les objectifs de cette nouvelle saison du côté de Détroit ?
@Motor_City_Pod : Le roster des Pistons est encore trop inégal pour espérer quoi que ce soit. Les objectifs seront de savoir quels joueurs pourront avoir un rôle dans le futur, que ce soit comme titulaire ou comme rôle player. Cade est rookie, Killian quasiment, Bey et Stewart doivent montrer leur potentiel… L’addition des quelques vétérans + joueurs utiles dans un rôle particulier (exemple de Luka Garza) devrait permettre de dégager de vraies conclusions à cette saison. Mais à la draft 2022, Detroit sera un lottery pick.
@DetPistonsFR : L’objectif serait de développer les joueurs. Leur permettre de faire des erreurs sans être en pression de résultats et donc qu’ils apprennent. Mais sans être ridicule : une trentaine de victoire n’est pas trop demandé.
Que peut-on attendre de Cade Cunningham pour sa première saison ?
@Motor_City_Pod : Il est la nouvelle figure du projet et sa carrière déterminera le futur des Pistons. On attend de lui d’être le joueur moderne porteur de balle à la Doncic / Harden (dans le profil, pas encore dans le niveau), qui sera tellement important que Detroit construira autour de lui. En termes d’objectifs, le Rookie of The Year sera une première marche et atteindre le All-Star Game dans ces 3 premières années serait un bon signal.
@DetPistonsFR : Le titre de rookie de l’année, clairement. On a eu l’occasion d’interviewer son frère, et il a présenté le même objectif individuel. Mais au-delà, on attend de lui de bien cohabiter avec Killian Hayes et d’être un électron libre balle en main. Il devrait être capable de faciliter notre jeu d’attaque et d’isolation qu’il nous manque encore un peu.
Et des trois intérieurs sélectionnés au second tour de la draft ?
@Motor_City_Pod : Koprivica étant retourné en Europe, on ne parlera que de Garza et Livers. Garza, par son profil atypique en attaque et sa capacité à sanctionner de loin sera un facilitateur pour les porteurs de balle que sont Hayes et Cunningham. Livers se pose comme un 3&D intéressant, le profil parfait pour une équipe déjà bien rodée. Il convertira les shoots ouverts et mettra de l’énergie en défense. Est-ce qu’il n’arrive pas trop tôt dans le projet des Pistons ? Peut-être mais un athlète comme lui est toujours utile.
@DetPistonsFR : Pour l’heure, Koprivica est rentré au pays, donc il n’y a rien à attendre de lui cette saison. Livers pourra apporter du shoot principalement. Garza, quant à lui, est en two-way contract et devra donc prouver lorsqu’il aura l’occasion de jouer. On attend de lui qu’il améliore sa mobilité en défense, ou de trouver un moyen de compenser cette lacune.
Est-ce la dernière saison de rodage avant le grand décollage dans la conférence est ?
@Motor_City_Pod : Normalement non. La faiblesse de l’Est et le talent de Cade devraient permettre à Detroit de gagner des matchs. Pas suffisamment pour le play-in tournament mais sauf tanking assumé (ça n’est pas dans l’esprit de la maison et ca serait contre-productif pour le noyau déjà en place), Detroit choisira pas Top 3 dans la prochaine draft mais plutôt 6/7. Ca sera parfait pour consolider le groupe mais pas suffisamment pour exploser. Cade, Killian, Saddiq, on ne connaitra leur vrai niveau qu’à la fin de leur contrat rookie. Donc 2024, ou 2025.
@DetPistonsFR : Non, pas encore. Il est important de ne pas aller trop vite et d’éviter de ne pas mettre trop de pression sur des joueurs aussi jeunes (Sekou, Hayes et Cade n’ont que 19 ans. 20 pour Hayes). L’objectif serait d’être playoffable d’ici 2024 à mon avis. Là oui on pourra commencer à parler de résultats. Mais ça dépendra beaucoup des avancées (ou non) qu’on fera cette saison. Si l’équipe a l’air prête à viser plus haut alors, oui, on le fera. Mais ça ne doit pas être un objectif dès l’année prochaine. Nous sommes déjà en avance dans le projet, ça serait dommage de se précipiter et de gâcher ça.