Les sports collectifs ont pour singularité de s’adonner au si complexe exercice des récompenses individuelles. Si le Graal demeure évidemment le titre NBA, remporté par une équipe huilée, il n’en demeure pas moins que le trophée de MVP de la saison régulière reste prisé. Chaque saison, ils sont une toute petite poignée à pouvoir prétendre à soulever le trophée Marcel Podoloff.
Nous sommes revenus, les saisons précédentes, sur certains aspects historiques de cette récompense individuelle ultime. Il paraît donc aujourd’hui superflu de les rappeler. Gardez toutefois à l’esprit que, bien que décerné après la longue campagne de playoffs, le Most Valuable Player n’est désigné que sur la base de ses performances en saison régulière.
Lorsqu’on rédige ce genre d’article au début de chaque nouvel exercice, il est particulièrement malaisé de se renouveler. En effet, les noms des favoris de l’ensemble de la rédaction de QiBasket, que vous retrouverez ci-dessous, sont peu ou prou ceux que nous citions la saison passée. Et peut-être même celle d’avant. C’est qu’en NBA comme ailleurs, les superstars sont endurantes. C’est d’ailleurs peut-être même pour cela qu’on les nomme “superstar”.
Dans cette introduction, que l’on espère assez rapide, chargeons-nous de réaliser le si complexe travail des mentions honorables. Autrement dit, évoquons rapidement ceux qui, à notre sens, seront un peu courts pour remporter le trophée, malgré les arguments que leur candidature respective peut présenter.
Comment ne pas commencer par James Harden ? Habitué des podiums, le combo-guard des Nets est, dès qu’il pose une patte sur le parquet, un candidat naturel au trophée qu’il a remporté en 2018. Son exercice achevé en est le parfait témoin, bien que tronqué par son départ de Houston puis par quelques blessures. Intégré dans un roster ultra-compétitif, la barbe termina sa saison avec 24,6 points, 7,8 rebonds et 10,8 passes décisives, à 47% de réussite au tir. Tout laisse d’ailleurs à croire que ces chiffres seront amenés à augmenter à compter du 19 octobre prochain, surtout si Kyrie Irving demeure éloigné des salles de basketball.
Dès lors, qu’est-ce qui pêche ? À notre sens, la problématique majeure est tout bonnement le fait qu’Harden ne sera pas le meilleur joueur de son équipe. À tout le moins, il risque d’être placé dans la gargantuesque ombre de l’un de ses coéquipiers, dont le dossier sera certainement extraordinaire. Or, difficile d’être considéré comme étant le meilleur joueur de la saison… si on n’est pas celui de sa propre équipe.
Poursuivons avec Anthony Davis. Favori de nos colonnes l’an passé, l’intérieur star des Lakers a globalement déçu. Encore une fois très souvent blessé, que ce soit en saison régulière ou en playoffs, il ne parvint jamais à être considéré comme un candidat crédible. L’on en est venu à considérer que son corps constitue un obstacle trop important, qui l’empêchera encore cette année de soulever un trophée individuel (au-delà du trophée de MVP du All-star game 2017. De surcroît, à l’instar d’Harden, Davis ne sera certainement pas considéré comme le principal créateur offensif de son équipe. Ce qui au cours des dernières décennies, s’est avéré être une caractéristique décisive.
Ces deux joueurs possèderont certainement un bilan collectif suffisant pour prétendre à remporter le trophée. Ce ne sera probablement pas le cas des stars suivantes. Pêle-mêle, nous pensons à Trae Young, Paul George et Damian Lillard.
Le premier affiche les chiffres d’un MVP, mais aura bien du mal à terminer la saison régulière sur le podium d’une conférence est de plus en plus compétitive. Or, on le sait, il n’est arrivé qu’une fois au 21è siècle que le MVP de la saison ne soit pas intégré dans une équipe placée dans les 3 premières places de sa conférence (Westbrook, 2017). Malgré des progrès collectifs évidents, Atlanta devra batailler dur pour passer devant Boston, Miami ou autre Philadelphia, condition sine qua non pour que son franchise player puisse prétendre à devenir meilleur joueur de la saison.
Le second devrait justement endosser le rôle de n°1 chez les Clippers, en raison de la grave blessure de Kawhi Leonard. Rappelons qu’il termina 3è du suffrage 2019 lorsqu’il jouait sous le maillot d’Oklahoma et qu’il était l’artilleur premier de l’équipe. Bien que continuellement critiqué pour ses prestations printanières, PG13 demeure un joueur capable d’enflammer une saison régulière. Toutefois, une équipe articulée autour de lui pourra-t-elle disputer les premières places de la terrible conférence ouest ? Permettez-nous d’en douter.
Le dernier est celui des trois qui est le plus proche du niveau requis pour devenir MVP. Peut-être l’a-t-il atteint, d’ailleurs. Toutefois, Portland devrait encore une fois se bagarrer pour un spot immédiat pour les playoffs, tant l’ouest du pays est dense. Si les Blazers parviennent à se sublimer pour avoir l’avantage du terrain en playoffs, nul doute que Lillard remportera des voix. Malheureusement, sauf véritable exploit, Dame devrait encore et toujours être considéré comme étant “presque” au niveau des superstars, traitement injuste pour le joueur qu’il est.
Reste enfin, très rapidement, ceux qui peuvent être considérés comme étant les meilleurs joueurs d’une équipe très compétitive, mais qui demeureront relativement éloignés du trophée Marcel Podoloff à notre avis. Tournons le regard vers la conférence ouest, pour parler des cas de Chris Paul et Donovan Mitchell. Les deux premiers évoluent aux Suns de Phoenix, récent finaliste NBA. Le meneur a d’ailleurs terminé 5è du classement 2021. Toutefois, il n’affiche plus les statistiques de sa jeunesse et son apport sur le terrain ne se traduit pas forcément sur une feuille de stats. Sa candidature devrait en pâtir, surtout si Devin Booker venait à prendre le “pouvoir” dans l’effectif.
Enfin, Donovan Mitchell aura beau s’escrimer autant qu’il le souhaite (ce qu’il fît en 2020-21 : 26,4 points, 4,4 rebonds, 5,2 rebonds, 39% de loin, meilleur bilan de la Ligue), il semble impossible de le voir aujourd’hui être considéré comme le MVP de la prochaine saison. Est-ce l’effet “Utah Jazz”, petit marché par excellence ? Est-ce parce que les succès de l’équipe sont fondées sur un collectif dominant plutôt que sur les performances d’un seul joueur ? Quoiqu’il en soit, Spida devrait se retrouver aux portes du top 10, comme à son habitude.
Passons désormais aux véritables favoris pour cette saison 2021-22. Qui succèdera à Nikola Jokic ? Éléments de réponse ci-dessous, par ordre alphabétique.
Giannis Antetokounmpo
Par @fd_phalip7
« Seulement » MVP des finales l’année dernière, Giannis Antetokounmpo a-t-il déjà atteint le « LeBron James treatment » pour le titre de MVP ? Celui d’un joueur tous les ans plus dominant que les autres, mais dont la ligue se détourne au moment de donner la distinction individuelle majeure… par lassitude ?
Giannis ne semble pas être du genre à se reposer sur ses lauriers :
« I don’t care about trophies. I don’t care about the MVPs. I don’t care about Defensive Player of the Years. All those things, I don’t care. I care about getting better because if I do that more things are coming,
Par quels moyens peut-il retrouver le trophée qu’il a quitté en 2020 ? Giannis méritait-il vraiment de recevoir moins de votes pour le trophée du MVP que Chris Paul ?[2]
Le Grec arrive donc le vent en pompe, et la narrative « put some respect on my name » sera facile à mobiliser. La rivalité collective naissante entre les Bucks et les Nets pour la suprématie, et par substitution la rivalité individuelle Kevin Durant/Giannis Antetokounmpo vont offrir à Giannis des occasions de marquer les esprits des votants. Il en va de même avec le Heat, rivaux des Bucks depuis l’upset de la bulle ; rivalité qu’on peut imaginer exacerbée par le transfuge PJ Tucker et l’arrivée de Kyle Lowry. La Conférence Est promet des étincelles, Giannis pourrait bien s’en servir pour briller régulièrement sur la télévision nationale.
Sur le plan purement tactique, Giannis aussi apparait plus prêt que jamais. Les playoffs 2021 lui ont sûrement servi de déclic, s’il en fallait un. Antetokounmpo est donc arrivé en présaison avec un tir extérieur plus fluide, plus rapide, et plus efficace : a-t-il corrigé sa seule faiblesse ?
C’est peut-être la domination défensive de Giannis Antetokounmpo qui va taper dans l’œil des votants : avec le départ de PJ Tucker, le Grec devrait être davantage chargé d’éteindre le meilleur ailier adverse.
Il est difficile de voir cette équipe des Bucks, à l’effectif peu chamboulé, en difficulté en saison régulière. Quelques prestations d’éclat face à leurs rivaux en plus de la domination habituelle qu’on lui connait et Giannis Antetokounmpo fera un candidat très solide. S’il devra forcément composer avec une rude concurrence, il a au moins l’avantage d’un effectif stable, de coéquipiers vaccinés et d’une santé, pour l’instant, sans faille. Mais Giannis ne nous a-t-il déjà pas habitué à un si haut niveau pour qu’on soit encore bluffé ? Le développement de son tir extérieur pourrait bien être l’agréable surprise qui mettrait un terme au débat.
Stephen Curry
Par @Schoepfer68
Que dire qui n’a pas encore été dit sur la saison passée de Stephen Curry ? Bien seul dans le bateau Warriors, le chef récita sa partition à la perfection. Tout juste revenu d’une fracture à la main, qui n’a manifestement pas eu de conséquences sur son jeu, le meneur de Golden State réalisa peut-être sa meilleure saison en carrière. Le conditionnel est important, tant Curry sut, par le passé (2015, 2016…), afficher un niveau de jeu stratosphérique.
Résultat, 32 points (meilleur scoreur de la saison), 5,5 rebonds, 5,8 passes décisives et 48% de réussite au tir (42% de loin en 12,7 tentatives, 91,6% aux lancers). En somme, sans Curry sur le parquet, Golden State aurait certainement revisité le top 10 de la draft annuel. Avec lui, l’équipe de Steve Kerr disputa deux rencontres (perdues de peu) de play-in tournament, en vue de se qualifier pour les playoffs. Ce qui permettrait presque d’affirmer que Stephen Curry fût le joueur le plus valuable pour son équipe la saison passée.
Qu’est-ce qui pourrait nous faire croire que cela va changer ? Pas grand-chose, à vrai dire. Certes, les Warriors vont récupérer Klay Thompson au courant de la saison. L’état de santé du second splash brothers questionne encore, et la présence de Thompson sur le parquet n’a jamais – historiquement – empêché Curry de flamber. Voir le numéro 30 réaliser une saison surhumaine au tir – sa véritable marque de fabrique – demeure donc encore le plus probable. Autrement formulé, et pour être plus direct, Stephen Curry affichera encore une fois le niveau d’un MVP en puissance en 2021-22. Rien que pour cela, sa candidature doit être prise en compte, lui qui termina 3è la saison dernière.
On le sait pourtant, le trophée de MVP n’est pas décerné sur la seule base des performances individuelles d’un joueur ; le bilan collectif entre assez largement en jeu. En cela, il s’agit d’un titre individuel qui tient compte des résultats collectifs, ce qui paraît être contestable. Or, les résultats collectifs peuvent mettre un coup de frein définitif à l’idée “Stephen Curry MVP”. Golden State vient de drafter deux joueurs dans la lottery, et il paraît peu probable que ce soit pour les faire tourner des serviettes sur le banc des remplaçants. Sauf que pour atteindre les sommets de sa conférence, les rookies ne sont pas forcément l’arme la plus idéale (sauf exception, évidemment). De surcroît, la compétitivité de la conférence ouest fait que voir Golden State se qualifier directement en playoffs serait une belle performance, sur le papier.
Dans ces conditions, à moins de dépoussiérer un record antédiluvien, Curry ne soulèvera pas son 3è trophée de MVP. Avec le bonhomme, sait-on jamais. De là à en faire un véritable favori, il y a toutefois un pas à ne franchir qu’avec prudence.
Luka Doncic
Par @GregBellier
Comment évoquer le précieux trophée sans aborder le cas Luka ? Le Slovène a terminé 4ème pour son année sophomore, puis 6ème l’an passé. Pourtant, ses statistiques personnelles lui permettraient amplement de l’emporter. Sur l’exercice 2020-2021 le prodige compilait 27.7 points, 8 rebonds et 8.6 passes décisives. Avec ce bilan, Luka a réussi l’exploit d’amener les Mavs en 5ème position de la jungle de l’Ouest à bout de bras. Alors, que manque-t-il à Doncic pour soulever le trophée Maurice Podoloff ?
À titre personnel, il ne lui manque rien. Il n’est pas le meilleur passeur, pas le meilleur rebondeur, ni même le meilleur scoreur. Cependant il est le plus complet de tous. Parmi les 15 joueurs ayant reçu des votes pour le titre MVP l’an dernier, Luka termine 5ème scoreur, 7ème rebondeur, et 4ème passeur. Il a même inscrit plus de points et fait plus de passes que le MVP lui-même : Nikola Jokic.
De plus, Doncic a su gommer un des problèmes longtemps pointés du doigt chez lui : le nombre de matchs joués. Lui qui n’avait joué que 61 matchs lors de l’exercice 2019-20 a su se montrer plus présent l’an dernier. Avec ses 66 matchs joués, il se classe même devant Embiid, Curry et Giannis. En bref Luka est un joueur générationnel, un scoreur élite capable de marquer sur tous les défenseurs de la Ligue, mais parfois les limites d’un MVP viennent de son équipe.
Il ne fait aucun doute que Luka a toutes les cartes en main pour écrire sa légende et aller glaner la plus haute distinction individuelle en saison régulière. Malheureusement certains critères font de lui un candidat moins sérieux que les autres.
La première explication est très simple : une équipe qui gagne. Sur les 65 trophées décernés depuis l’année 1955-56, 50 ont été distribués à des joueurs dont l’équipe terminait première de sa conférence. Sans manquer de respect aux fans de Dallas, il faudrait un énorme concours de circonstances pour les retrouver si haut. Certes, il y a eu des exceptions, mais les chiffres proposés par Luka ces deux dernières saisons, ne sont pas suffisamment exceptionnels pour qu’il puisse espérer être en tête des votes.
Deux problèmes sont alors à recenser. En comparaison des deux années passées, les Mavs ont réussi à passer de la 7ème à la 5ème, de quoi rendre la candidature de Doncic un peu plus recevable. Seulement cette amélioration collective (bien que trop peu suffisante), se couple à une baisse des chiffres de Luka dans tous les domaines. Un problème ? Pas réellement, mais ne perdons pas de vue que le CV statistique est très suivi en NBA.
En conclusion, pour que Luka soit prétendant au titre, il faudrait que Dallas se hisse au minimum dans le top 3 de l’Ouest ou bien que ce génie imprévisible tourne en triple-double de moyenne. Au vu de la situation des Texans, la deuxième option semble plus envisageable.
Kevin Durant
Par @skinnyprop
Candidat légitime déjà l’an dernier, (comme souvent depuis cinq ans) débarrassé de ses blessures et sortant d’une élimination cruelle face aux Bucks. Kevin Durant a de nouveau une parfaite raison de rappeler au monde qu’il est le meilleur joueur actuel en NBA. Avec un Irving écarté pour ses déclarations récentes et un Harden qui se complait en seconde option; Durant a une autoroute devant lui pour être le meilleur scoreur de la ligue et son MVP légitime.
Trop grand, trop mobile et trop polyvalent. The Slim Reaper reste une menace offensive dont on ne peut que faire baisser les pourcentages. Ajoutez à cela son playmaking, son apport au rebond et en défense et vous faites face au meilleur joueur à son poste. Dans une équipe où le secteur intérieur est faible, Durant devrait naturellement partager son temps entre les deux positions d’ailiers, autant d’occasions pour châtier les défenses adverses et noircir la feuille de stats.
Une ligne de stats ? 28pts, 7 Rebonds et 5 passes ?
Une ombre au tableau ? Son temps de jeu qui devrait être contrôlé par le coaching staff des Nets qui, privé de sa troisième star, ne peut s’offrir le luxe de mettre en danger son géant. Les Nets vont ils continuer à limiter son apport lors des Back to Back ? Un détail majeur qui a vu la ligue privilégier la longévité d’un Jokic et d’un Giannis dernièrement.
Joël Embiid
Par @BenjaminForant
La saison dernière, Joël Embiid est passé à un géant serbe près du Graal individuel. Nommé dans les trois finalistes au vu de ses performances personnelles et collectives, les deux pivots se sont longtemps regardés dans le blanc des yeux, avant que l’homme du Colorado ne fasse une vraie différence.
Pourtant, le Camerounais avait de vrais arguments à vendre. Collectivement d’abord, avec la première place de la conférence est acquises aux dépends des Nets et Bucks, les plaçant sur la dernière marche du podium des bilans NBA, derrière le Jazz et les Suns. Individuellement ensuite, avec une production statistique offensive de haute volée : 28,5 points, 10,6 rebonds, 2,6 passes décisives, par rencontre. Tout cela avec ses meilleurs pourcentages en carrière (51% au FG, 37% à trois-points et 85% aux lancers-francs).
Mais Embiid, ce n’est pas qu’un attaquant hors-pair, digne héritier des grands pivots de la Ligue. C’est aussi un expert défensif, qui a permis aux Sixers, avec notamment l’aide de Ben Simmons de finir la 2nd place du rating défensif de la saison. Avec 1,4 contre et une interception par soir, sa ligne statistique complète devient impressionnante.
A l’aube de cet exercice 2021-22, Embiid est un candidat naturel à la succession de Nikola Jokic. Cela dépendra évidemment de la réussite collective des Sixers. Dans un monde où Ben Simmons joue en étant à 100% investi, difficile de ne pas voir les hommes de Rivers truster le haut du tableau à l’Est, condition obligatoire pour être dans la course au MVP. Mais cette condition est importante. L’avenir collectif de Philly est loin d’être le plus stable, et personne ne sait réellement dans quel état sera le roster dans deux mois. Les pronostics de l’équipe @QIBasket reflète bien ce flou quant aux futures performances de Philadelphie : les Sixers voguent entre la 3è et la 7è place en fonction des classements.
L’autre question qui entourera Embiid tout au long de sa carrière, c’est son physique qui l’empêche de jouer toutes les rencontres. Encore la saison passée, Joël a raté 21 matchs. Si cette quantité d’absence n’est pas rédhibitoire dans une course au trophée de MVP, elle jouera forcément en sa défaveur si le duel est serré comme lors de l’exercice précédent.
Une chose est sûre néanmoins : contrairement à certains de ses concurrents (James & Durant notamment), le pivot n’aura pas de coéquipiers dans ses basques pouvant lui voler la vedette. Si les Sixers réussissent leur saison collectivement, qu’Embiid domine tout autant la raquette des deux côtés du terrain, nous le retrouverons évidemment dans la course au trophée Maurice Podoloff.
LeBron James
Par @BourguignonThéo
Dans le trio de tête, avec Embiid et Jokic, avant sa blessure, LeBron James carburait encore et toujours à plein régime la saison passée, avec un 25-8-8 de moyenne tous les soirs. Reposé, après un exercice 2020-21 harassant pour tous les acteurs majeurs de la bulle d’Orlando, normalement débarrassé de tous ces pépins physiques, tout est fait pour que le King retrouve un trône qu’il convoite depuis 2013. Une éternité.
Dans sa reconquête du plus prestigieux des trophées, LeBron James dispose de trois réels avantages sur ses concurrents : son aura naturelle, qui lui confère d’emblée davantage de voix que ses adversaires à dossier égal ; la narrative, avec son incroyable longévité et la perspective d’être le MVP le plus âgé de l’histoire de la Grande Ligue ; le fait de jouer avec ce qui est sans doute le meilleur lieutenant de la Ligue (le débat est ouvert avec Harden), c’est-à-dire Anthony Davis, et avec un élévateur naturel de plancher en saison régulière qu’est Westbrook, autant dire que les Lakers gagneront des matchs et risquent de se retrouver dans les hauteurs de la conférence ouest. Si LeBron reste dans ses standards statistiques, ne se blesse pas et que son équipe trouve comme attendu son rythme de croisière, ses concurrents au trophée de MVP devront se lever tôt pour l’empêcher de marquer encore davantage l’histoire.
Toutefois, il y a plusieurs problèmes. Vous l’aurez noté, le scénario décrit ci-dessus est le scénario rêvé, celui où tout se passe comme prévu. Hélas ou heureusement, c’est selon vos affinités avec les Lakers, il est rare que tout se passe comme prédit avec la franchise californienne. Tout d’abord, LeBron James, qui aura 37 ans en décembre prochain, n’est pas à l’abri de quelques pépins. S’il a su réinventer son jeu pour durer sur les parquets tout en dominant toujours autant, le natif d’Akron est d’une part davantage sujet aux blessures musculaires, et celles-ci mettent plus de temps à se soigner. Pour espérer être élu MVP, en dehors de la pure production statistique, il ne faut pas rater plus de 20 à 25 % de matchs, maximum. Dès lors, LeBron n’aura pas vraiment le droit de rater 10 à 15 matchs pour cause de blessure, au singulier comme au pluriel, car il y aura en outre une dizaine de rencontres de load management dû à son âge avancé, pour qu’il puisse arriver en pleine forme lors de la postseason.
Ensuite, il y a l’équation Westbrook. Du fait de son talent intrinsèque, le meneur améliore significativement la qualité du roster. Soit. Mais il s’agit aussi d’un chef d’orchestre glouton, qui prend une vingtaine de tirs par matchs et qui a un usage rate important, ce qui de facto devrait faire baisser le nombre de tirs tentés de LeBron, ainsi que ses statistiques globales en points et passes décisives, ce qui n’est pas idéal pour être élu MVP. Enfin, l’interrogation légitime du déclin du King se posera nécessairement un jour. La chute ne sera sans doute pas vertigineuse, mais lente et progressive, et ses capacités qui diminuent doucement sont tant d’arguments en défaveur de sa candidature au titre de MVP de la saison 2021-22.
Nikola Jokic
Par @JeremyQiBasket
A la fin, c’est le Serbe qui l’emporta. Nikola Jokic a produit une saison aussi complète qu’inattendue. Généralement plus en retrait en saison régulière, n’hésitant pas à laisser des matchs glisser en ne prenant presque aucun tir dans la rencontre, son CV s’en voyait généralement amputé d’une caractéristique majeure : des statistiques ronflantes.
L’an passé, dans une équipe criblée de blessures, voyant son socle défensif se déliter, il a néanmoins dû s’employer autrement pour permettre à son équipe de rester dans les sommets de la conférence Ouest. Le résultat est sans équivoque : 26,4 points (56,6% ; 38,3% à 3pts), 10,8 rebonds, 8,3 passes décisives et en tête dans la plupart des métriques d’impact global (PER, VORP, APM, RAPTOR, BPM, etc…). Une progression au scoring qui aurait presque pu faire de lui un favori pour le MIP. Récompensé pour sa faculté à agir sur toutes dimensions du jeu de son équipe, le Joker, qui a pris part à toutes les rencontres de la saison passée s’apprête à renfiler les Sneakers avec une silhouette encore plus affinée que l’an dernier. De bonne augure ?
Cette saison encore, Nikola Jokic devrait être un poids lourd pour le trophée. Toujours privé de Jamal Murray, il devra mettre les bouchées doubles pour compenser l’absence de son principal lieutenant depuis maintenant 3 saisons. Dans un système héliocentrique bâti autour de ses qualités rares de pivot playmaker, au sein d’une équipe avec beaucoup de talent, mais sans joueur de statut proche ou équivalent, il aura à la fois tout le temps et le besoin de s’exprimer. Les Nuggets sont dépendants du niveau de leur pivot développer leur jeu, ce qui représente un atout indéniable pour sa candidature. Si la défense de Denver retrouve de l’allant, son scoring sera un peu moins crucial, mais si elle reste au niveau de l’an passé, alors il faudra ressortir une saison dominante dans tous les compartiments (Points, rebonds, passes) pour rester dans le top 3/4 de l’Ouest.
Jokic possède 3 atouts majeurs pour s’imposer : statut d’Alpha de son équipe, groupe compétitif collectivement et aisance naturelle à produire des statistiques. Alors qu’est-ce qui peut le freiner ?
Probablement que la plus grande barrière à un 2eme sacre, s’avère être celui de la saison passée. Les défis pour Jokic sont les mêmes, mais cette fois, sa candidature ne sera plus étudiée comme une belle surprise mais comme quelque chose d’attendu. Si cela ne change en rien la donne sur le plan de la performance, c’est plutôt la lassitude des votants et la réticence à délivrer deux années consécutives ce trophée qui peuvent s’avérer une balle dans le pied du joueur des Nuggets. Autrement dit, il ne faudra pas reproduire sa grande performance, mais prouver qu’il peut faire encore mieux pour avoir une véritable chance de brandir une deuxième fois la statuette…. Chose qui, par ailleurs, ne semble pas être un objectif majeur pour le pivot.