C’est une recette que l’on connaît malheureusement par cœur. Une recette qui, depuis de nombreuses années, n’a jamais réellement évolué. Il y a bien eu des déclinaisons saisonnières, mais les bases sont toujours restées en place, solides, inébranlables, sûres de leur force. Malgré les années, la recette tient en effet son public en haleine, et ils sont nombreux, tous les ans, à se faire prendre. Nombreux à rester prisonniers d’un cercle vicieux dont ils n’ont conscience que bien trop tard, une fois qu’ils ne peuvent plus se passer de ce breuvage aux couleurs violacées.
Tout commence avec de la passion. Bien souvent, celle-ci est suscitée par un passé glorieux, fait de souvenirs immaculés, sublimés par une identité forte et séduisante. On se souvient des parfums de cette époque dorée grâce à des noms, présents ci et là, qui ont bercé notre enfance ou notre adolescence, nous donnant ce goût de “reviens-y“. Mais la passion seule ne suffit pas. Aussi, pour la stimuler et l’entretenir, les chefs viennent l’agrémenter de coups de folie et d’exploits, parfois retentissants. La passion est alors revigorée, et laisse place à l’ingrédient le plus perfide, le plus fourbe, celui-là même qui fait de nos prisonniers des condamnés qui s’ignorent : l’espoir. Une infime graine d’espoir, qui germe progressivement dans les esprits de nos âmes perdues, qui, enivrées, se mettent alors à rêver de ce qui causera finalement leur perte : croire, enfin, au renouveau. Mais à peine arrivés dans ce monde enchanté, dans cet état de transe intense, le twist final de notre recette vient porter l’estocade à nos fans de la première heure, ne leur laissant qu’un amer goût de déception.
Passion, espoir, attente, déception : si les fans des Sacramento Kings devaient se réunir sous une seule et même bannière, telle serait sûrement leur devise. En cette saison 2021-22, la recette est à nouveau la même. Comme à chaque fois, d’un œil extérieur, on admire secrètement le courage et le cran de ces fans qui, alors qu’ils auraient toutes les raisons du monde d’aller voir ailleurs, continuent d’être debout, qu’ils s’agissent de supporter les leurs ou de réclamer une énième révolution en interne, qui ne viendra sans doute pas.
Les problèmes de la franchise californienne sont historiquement connus de tous. Le manque de résultats des dernières années n’est finalement que la partie visible de l’iceberg, tant les soucis en interne sont nombreux, qu’il s’agisse d’établir un plan de jeu cohérent à moyen ou long terme, ou, plus globalement encore, de mettre en place un projet d’ensemble cohérent. Une multitude de problèmes, résumée en deux temps trois mouvements par @SactoKingsFR dans ce triste tweet du 20 janvier dernier :
Changer Buddy et Barnes contre la meilleure contrepartie possible.
Changer Gentry contre un vrai coach.
Changer le front office contre un avec une vision et un projet.
Changer le proprio contre un capable de mettre en place une vraie culture de franchise.
Pas gagné tout ça… https://t.co/AvszxP8GC4
— Sacto Kings 🇫🇷 [Flo] (@SactoKingsFR) January 20, 2022
Pourtant, cette saison, l’objectif play-in était a minima visé, et ce d’après le front-office lui-même. Après plus d’une décennie à regarder les joutes de playoffs depuis le canapé, l’objectif était louable. Sauf que… Rien ne se passe jamais comme prévu avec les Kings.
Derrière ces ambitions de façade, quel est le réel projet, à court, moyen, voire long terme ? Telle est l’éternelle question à Sacramento. Alors que front-office et fans semblent, à nouveau, en total désaccord sur la marche à suivre à l’approche de la trade deadline, on essaye d’y voir un peu plus clair.
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Alvin Gentry, le marin qui n’avait pas choisi son navire
Commençons avec le coaching. Paul Westphal, Keith Smart, Michael Malone, Tyrone Corbin, George Karl, Dave Joerger, Luke Walton, et donc, Alvin Gentry : voici la liste des derniers coachs présents sur le banc des Kings depuis la saison 2012-13. Oui, c’est énorme, surtout lorsque l’on sait que parmi eux, seuls Joerger et Walton ont passé plus de deux saisons à la tête de la franchise.
Alvin Gentry a pris les commandes du roster après le remerciement de Luke Walton en début de saison. La prise de pouvoir du coach intérimaire s’est soldée par quelques sorties saillantes en conférence de presse, et un discours orienté autour de l’idéologie “joueront ceux qui le méritent“. Rien de révolutionnaire, mais avec une franchise empêtrée dans une confusion générale autour de ses moyens et des ambitions, le dicton suffisait à remplir les cœurs. Néanmoins, rapidement, le ciel s’est assombri. Les défaites à répétition, la nonchalance permanente de certains, et des volées spectaculaires : il n’en fallait pas plus pour entamer le moral de Gentry… Et des fans, bien sûr.
Après le départ de Walton, le general manager Monte McNair assurait vouloir retrouver un jeu rapide plus engagé et prononcé sous les ordres de Gentry :
“A partir de demain nous allons nous concentrer sur le fait de montrer à nouveau ce que nous avons montré en début de saison. Offensivement, nous avons joué vite à quelques reprises, je veux qu’on joue encore plus vite. Je pense qu’on peut être l’équipe la plus rapide de la ligue avec De’Aaron, Tyrese et les autres gars. Défensivement, nous avons fait preuve de progrès, mais nous devons être capables de finir les possessions, de finir les matchs.“
Si les Kings sont bel et bien top 10 NBA en la matière (8ème PACE), en pratique, l’équipe ne joue pas nécessairement plus rapidement sous les ordres de Gentry qu’avec Luke Walton. Et si la répartition des tâches entre Haliburton et Fox semble s’être faite naturellement ces derniers temps, après quelques difficultés, avec un Haliburton plus organisateur et un Fox davantage scoreur, difficile de voir là-dedans quel est le degré d’implication de Gentry.
En tout état de cause, le principal souci des Kings dans le jeu ne se situe pas offensivement. Difficile en effet de voir ne serait-ce que l’ébauche d’un plan de jeu défensif à Sacramento, et ça qu’il s’agisse de l’ère Walton ou Gentry. Les pressions de Davion Mitchell n’y changeront rien, tout comme les lectures de Tyrese Haliburton en couverture. Les Kings se font déchirer, soir après soir, et dans quasiment tous les secteurs de jeu : rebonds défensifs (26è), points encaissés sur balles perdues (29è), sur rebonds offensifs (29è), dans la raquette (30è), en contre-attaque (22è), bref, un véritable trou noir.
Venons-en au fait concernant Gentry. On connait la chanson, et les head coachs NBA n’y font pas exception : lorsqu’un collectif va mal, l’entraineur est souvent le premier fusible à lâcher. Mais dans le cas présent, est-ce que faire sauter Alvin Gentry de son poste serait d’une quelconque pertinence pour les Kings ? Rien n’est moins sûr. Tout simplement car si Alvin Gentry a hérité des rennes de la franchise, ce n’est pas de sa faute.
Je vous l’accorde, le raisonnement est un peu limité, voire stupide, mais n’empêche qu’il est réel – tentons d’étayer un peu l’idée.
Le réel problème dans cette histoire de coaching trouve sa génèse dans le timing totalement raté du départ de Luke Walton, débarqué du banc de Sacramento au bout d’un mois de saison régulière. Durant l’intersaison, les signaux laissant présager d’un départ imminent de ce dernier s’étaient multipliés et pourtant, au final, rien. La confiance lui était finalement renouvelée… Pour un temps. Un temps trop bref, trop court, mais suffisant pour que les Sacramento Kings se tirent une balle dans le pied – une de plus.
Alors qu’un départ à l’intersaison faisait infiniment plus de sens, laissait le temps au front-office de lancer un processus de recrutement sérieux, et laissait surtout le temps à un nouveau coach de s’installer et de prendre possession de son groupe, Gentry s’est retrouvé propulsé à la tête d’une équipe dont, vraisemblablement, il n’a jamais voulu. En témoigne le peu de changements aperçus entre le fond de jeu développé par les Kings sous Walton et sous Gentry, et les mêmes difficultés constantes. Le mal est profond, et aucun coach choisi par défaut ne saurait redresser la barre efficacement, quel qu’il soit.
Dès lors, quand bien même Gentry ne semblerait pas des plus motivés pour révolutionner les schémas de jeu des Kings, est-ce que le congédier et laisser un 3ème coach (4, si l’on compte le court intérim de Doug Christie) s’asseoir sur le banc en une saison serait une solution réellement viable ? Encore une fois, rien n’est moins sûr.
On l’a dit, le coach est et restera encore pendant de longues saisons le fusible idéal, le premier à sauter lorsqu’un groupe ne va pas dans la direction souhaitée, ou espérée, par les dirigeants d’une franchise. Mais reste que dans certains cas, la solution du changement n’est qu’un pansement sur une plaie béante. Gentry ou non, ce n’est certainement pas ça qui changera la face des Kings pour cette saison 2021-22.
Il n’y a pour l’heure aucune certitude sur le sort d’Alvin Gentry ou sur l’éventuelle précarité de sa situation. Mais si la question venait à se poser, plutôt que d’agir dans la précipitation de se jeter sur un coach par défaut, poussés par l’idéologie du changement à tout prix, les Kings devraient songer à mettre à profit la période de la trade deadline, voire la seconde partie de saison, pour commencer à tâter le terrain en vue de la prochaine intersaison. Car le changement pour le changement… A quoi bon ?
Après le cas Gentry, parlons désormais de ces Sacramento Kings version 2021-22 à proprement parler. Ceux qui mouillent le maillot sur le terrain… Ou pas.
Rome ne s’est pas faite en un jour, Sacramento n’en prend pas le chemin non plus
Cette intersaison, aucune folie du côté de Sacramento. Si la franchise a été citée à plusieurs reprises sur des dossiers plus ou moins chauds, aucun mouvement d’envergure ne verra finalement le jour. Le mot d’ordre semblait être continuité, dans le sillage d’une deuxième partie de saison 2020-21 qui avait visiblement séduit les membres les plus éminents de la franchise – ou du moins, ceux les plus à même de décider quoi que ce soit qui la concerne. L’objectif de retrouver enfin les playoffs allait devoir être atteint avec l’effectif en place à quelques exceptions près.
Voilà, ça, c’est pour le côté bisounours, monde dans lequel le front-office de la franchise souhaitait visiblement plonger à bras le corps. Mais en réalité, une seconde partie de saison honnête ne suffit pas à pouvoir valablement crier à l’objectif playoffs l’année suivante, d’autant plus lorsqu’aucune lacune du groupe n’est corrigée pendant l’été, ou ultérieurement et que les limites du groupe explosent aux yeux de tous dans les 20 premiers matchs de la saison.
L’exigence des playoffs est telle que pour y accéder raisonnablement, la marge d’erreur est infime ou presque. Et à mi-saison, les Kings sont loin, très loin du compte.
Tout aussi volontaire et rugueux soit-il, Davion Mitchell n’est pas magicien, et ne peut transformer à lui seul une défense NBA, surtout en tant que rookie. Résultat, on l’a déjà dit mais on le reprécise : Sacramento retombe dans ses travers d’une défense catastrophique (27ème defensive rating). Impossible, à ce niveau abyssal de défense, de vouloir prétendre à une place en playoffs, ou même en play-in. Il en est de même pour l’animation offensive : tout aussi génial qu’il soit, Tyrese Haliburton ne peut faire des miracles seul lorsque De’Aaron Fox n’est pas ou peu en rythme. Et même lorsque le duo est en verve, il ne peut rien s’il est miné par des coéquipiers en dilettante ou en-dedans pour on ne sait quelle raison. Les problèmes dans le jeu sont légions, en témoigne les difficultés constantes de l’équipe, sous Walton ou sous Gentry, à trouver de la régularité sur 48 minutes.
Des valises de points encaissés, des joueurs parfois apathiques, un manque de constance, de talents sur certains postes, bref, à mi-saison, la coupe est déjà pleine pour les fans. Pourtant l’équipe n’est pas dénuée de talents, mais force est de constater qu’il y a plus d’un problème dans sa construction (preuve en est l’embouteillage au poste de pivot, par exemple, ou le manque de fiabilité à l’aile).
Alors, à l’approche de la trade deadline, forcément, les têtes se creusent pour savoir ce qu’il faut faire de ce groupe, qui ne semble pas capable d’aller plus loin que l’an dernier.
Décrié par de nombreux fans de semaine en semaine, Buddy Hield semble se diriger vers une sortie inévitable. Shooteur d’élite, il est difficile d’évaluer la part de tort du joueur dans cette relation aux airs de “je t’aime, moi non plus” entretenue avec les Kings : est-ce que Sacramento dispose des armes pour lui permettre de s’épanouir dans son profil ? Pas sûr. Est-ce qu’il fait tout son possible de son côté pour aider les Kings ? Pas sûr non plus. Hield a le profil idéal pour s’épanouir dans nombres d’équipes, et c’est peut-être là l’atout majeur pour Sacramento à l’approche de la deadline. Seul ou accompagné, l’histoire d’amour vache Hield-Kings semble en tout cas arrivée à son terme.
A ses côtés, l’énigme Marvin Bagley. Les Kings y ont cru – de manière forcée pour certains, par réelle conviction pour d’autres – mais là encore, le mariage semble tourner au vinaigre. Non pas que Bagley ait déjà atteint les limites de son potentiel – c’est d’ailleurs là toute l’énigme -, mais disons simplement que le timing ne semble pas plaider en faveur d’une prolongation de l’expérience. Encore jeune, un potentiel intriguant, des qualités certaines, un coût tout à fait relatif : autant de critères qui font de Marvin Bagley un joueur qui, associé à Buddy Hield et à quelques tours de draft, peut faire espérer à Sacramento une jolie prise en retour. Tant pis pour le projet de Young Team, tant pis pour la draft 2018, mais il faut que les Kings avancent.
Autour de ces deux larrons, d’autres noms émergent comme candidats à un départ. Richaun Holmes, pourtant l’une des satisfactions de l’an passé, est notamment concerné, tout comme le désormais aguerri Harrison Barnes, qui séduirait de nombreuses écuries par son profil. Loin d’être un bon signe, le nom de De’Aron Fox est lui aussi un temps apparu dans des rumeurs autour de Ben Simmons, mais celle-ci s’est rapidement essoufflée au profit de l’affirmation selon laquelle les Kings souhaitaient bel et bien construire autour du duo Fox-Haliburton.
Bref, vous l’aurez compris, du côté du roster, il y aura des choix à faire pour Sacramento. Si la situation n’est pas des plus idéales, il faut tout de même souligner un point : selon plusieurs observateurs, les Kings sont aujourd’hui la franchise la plus à même d’accueillir un calibre All-Star dans ses rangs. Domantas Sabonis, Ben Simmons, John Collins, Jerami Grant, les Kings sont dans toutes les rumeurs, et du côté des observateurs, on nous l’assure : Monte McNair et le front-office de la franchise préparent un coup. Même plusieurs, soyons fous ! Mais qui, à quel coût et surtout, pour quels objectifs ?
Autant de questions dont les réponses seront à trouver principalement du côté du general manager – et ça, c’est ce qu’on appelle une transition toute trouvée.
Monte McNair, bilan mitigé, mais pieds et poings liés ?
Monte McNair est arrivé dans les bureaux de la franchise au mois de septembre 2020. Un an et demi plus tard, difficile de tirer un bilan clair de son activité. “Peut mieux faire” ? “A du potentiel, mais manque de conviction” ?
Lors de sa prise de commandes, il faut dire que McNair avait fort à faire. Sa mission principale était de faire oublier tant bien que mal la douloureuse expérience Vlade Divac, et de remettre un brin de sérénité dans la franchise, qu’il s’agisse des finances ou de l’effectif.
Au rang des réussites, on est obligé de commencer par les deux bons coups que représentent Tyrese Haliburton et Davion Mitchell, récupérés dans leurs drafts respectives. Le premier a tout d’un vrai prodige, et possède une marge de progression encore certaine. Talentueux balle en main, il semble s’approprier naturellement le rôle de playmaker principal des Kings, même en présence de Fox. Le second, vrai pitbull défensif, semble être un parfait complément pour le duo Fox-Haliburton, apportant de l’énergie à en revendre dans le secteur au sein d’un effectif très pauvre en la matière. On notera aussi les bons mouvements réalisés par McNair pour se débarrasser de quelques contrats boulets, qui ont notamment permis de dégager l’horizon pour une prolongation en or de De’Aaron Fox, ainsi que quelques bons coups, à l’image de Richaun Holmes, réalisés en cours de saison dernière.
Mais comme évoqué plus haut, ces ajustements, s’ils restent une base saine pour le futur proche des Kings, ne se montrent pas suffisants, loin de là, pour atteindre l’objectif playoffs. McNair n’a pas encore totalement fait table rase de l’ère Divac, même si certains noms reviennent avec insistance dans les rumeurs, comme vu à l’instant avec Hield, Barnes ou Bagley. Et là encore, on peut se poser, comme pour le coach, la question du timing choisi : McNair n’aurait-il pas mieux fait de procéder à de tels ajustements à l’intersaison, plutôt qu’en cours de saison ? De profiter de la bonne dynamique aperçue avec Fox et Haliburton pour construire, au plus tôt, autour d’eux ?
Pour ce qui concerne le plan de jeu de la franchise, on l’a vu un peu plus haut, McNair avait des envies de jeu rapide et de défense plus solide après le départ de Walton. Un plan simple en théorie, mais qui se confronte là-encore à des difficultés pratiques (manque de personnel, de constance, de régularité, de talents, d’envie, parfois). En confortant un coach pour le délaisser au bout d’un mois, puis en devant composer avec un coach qui n’a pas envie de sa place, McNair s’est infiniment compliqué la tâche. Les paris qu’il a tentés semblent se délier au fur et à mesure que la saison avance, et viennent nécessairement noircir le tableau de ses accomplissements.
18 mois plus tard, difficile d’établir clairement le bilan de Monte McNair. Pourtant, il serait tentant de succomber à la tentation de l’accabler de tous les mots. En tant que general manager, McNair a évidemment une part de responsabilité dans l’échec que subissent actuellement les Kings. Beaucoup attendent de lui un sursaut, avec une trade deadline 2022 de haute volée, capable d’effacer une première partie de saison catastrophique et de retrouver la route de l’objectif playoffs annoncé.
Cet objectif playoffs, dont on parle depuis le début de l’article, justement, parlons-en, car c’est peut-être là finalement, tout le nœud du problème Kings.
Les playoffs (on englobe le play-in également) étaient l’objectif assumé en début de saison, et confirmé à de maintes reprises par le front-office depuis. Un rêve auquel les dirigeants s’accrochent coûte que coûte, à tel point que la trade deadline 2022 qui se profile est vue comme l’opportunité en or de raccrocher le bon wagon, en attirant un joueur d’un calibre All-Star, tout en conservant le duo Fox-Haliburton. Un tour de passe-passe somptueux, qui remettrait les Kings sur la bonne voie d’une qualification.
Cette vision idéalisée du très proche futur des Kings est probablement la raison pour laquelle il est difficile de tirer un bilan concluant des 18 mois d’activité de McNair. Elle est aussi la raison pour laquelle rien ne sert, à notre sens, de tirer sur Alvin Gentry. Cette vision est celle des décisionnaires de la franchise, et du propriétaire Vivek Ranadivé pour ne pas le nommer. Il faut retrouver les playoffs, vite, très vite, trop vite. Si on laissait à Monte McNair le choix de décider lui-même de la politique sportive à mener, librement, irait-il dans la même direction ? Irait-il aussi vite ? Le doute est permis.
Entre le front-office et les fans, la discorde continue
Cette vision et cet objectif, c’est aussi et surtout le sujet qui cristallise le plus les discussions dans la fanbase, et c’est bien évidemment tout sauf un hasard.
Pour une bonne partie des fans, il est déjà trop tard. Sacramento est actuellement 13è de la conférence Ouest, en pointant à 18 victoires seulement. Le mois de janvier qui vient de se clôturer est une série noire à lui seul (3 victoires pour 12 défaites), et les motifs de satisfaction, mis à part la prise de confiance des plus jeunes, sont rares. Les rumeurs autour de Bagley, Hield, Fox, et consorts, même si elles sont parfois futiles et peu fiables, viennent ajouter du trouble à une situation déjà floue. A entendre et à lire les discours entre les fans et le front-office, on a parfois l’impression que les deux parties ne parlent pas de la même franchise.
Se séparer des joueurs bankables pour aller chercher des jeunes ou du choix de draft ? Une situation que le front-office refuse, sans doute par peur d’un énième retour en arrière. Raccrocher le wagon des playoffs quitte à jeter toutes ses forces dans la trade deadline ? Impensable pour les fans, qui, plus qu’un nom, aimeraient surtout voir, enfin, un projet viable être mis en place.
Et à vrai dire, c’est sûrement ce qui manque le plus aux Kings, et ce depuis de nombreuses années.
La question du coach, des joueurs, la vision du management, tout ça fait finalement partie d’un projet beaucoup plus global. Un projet et une vision de franchise, avec des objectifs atteignables, adaptés, modulables selon l’évolution de la franchise. Des lignes directrices claires, dès le départ, aussi bien en termes de choix managériaux qu’en termes de vision et de projet de jeu. Ce n’est qu’en mettant en place une telle vision, quelle qu’elle soit, que le choix du coach, des joueurs, et du jeu fera sens.
Construire autour du duo Fox-Haliburton ? Pourquoi pas. Mais à quoi bon venir ajouter là-dedans un troisième larron, All-Star ou presque, à tout prix, sans réflexion plus profonde sur le projet à deux, trois ans ? L’empilement sans vision reste de l’empilement. Pourquoi ne pas, pour une fois, prendre les choses à l’endroit ?