On est de retour chez QI Basket pour parler de la franchise des Indiana Pacers !
Une franchise qui a entamé son rebuild sans perdre de temps la saison dernière. Pour la seconde saison de Rick Carlisle, pas le temps de niaiser il fallait continuer le travail de fond, miser sur la nouvelle jeunesse dans l’Indiana, et suivre les progrès du ô combien prometteur Tyrese Haliburton.
La bonne draft, portée par Benedict Mathurin et Andrew Nembhard, était judicieusement accompagnée de quelques vétérans pour tenir le vestiaire. Comme souvent pour une équipe qui se reconstruit, la liste des victoires est bien maigre : 35 victoires, 47 défaites, avec une fin de saison qui permet autant de faire jouer les jeunes longtemps que d’assurer de bons picks de drafts.
A ajouter au bilan : un seul mois en positif, grâce à une belle série de victoires à domicile ; un All-Star, en la personne de Tyrese Haliburton, Buddy Hield champion du concours de tir à 3 points. Voilà les maigres highlights de la saison 1 de la reconstruction des Pacers.
Kevin Pritchard l’avait annoncé, il est temps de lancer un nouveau projet et Benedict Mathurin incarne ce nouvel élan qui doit arriver dans l’Indiana. Le rookie a rapidement effacé Chris Duarte, profitant de la motion offense de Rick Carlisle pour contribuer dans tous les secteurs de jeu. Ajoutez à cela un Andrew Nembhard, ancienne star de Gonzaga qui a pleinement profité des quelques blessures d’Haliburton pour noircir la feuille (avec en point d’orgue un 31/13/8 face aux Warriors) et on en oublie presque que Myles Turner est toujours là. Petit point sur l’effectif.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Bruce Brown Jr, Isaiah Wong,Ben Sheppard, Jarace Walker, Obi Topin, Mojave King
Départs : George Hill, Chris Duarte, James Johnson, Lance Stephenson, Oshae Brissett, Gabe York, Goga Bitadze
Roster 2023/2024
Meneurs : Tyrese Haliburton, Andrew Nembhard, TJ MConnell,
Arrières : Benedict Mathurin, Aaron Nesmith, Ben Sheppard, Isaiah Wong (Two way contract)
Ailiers : Bruce Brown, Buddy Hield,Jordan Nwora, Kendall Brown((Two way contract)), Quenton Jackson, Terry Taylor, Henri Drell
Ailiers-forts : Jarace Walker Obi Toppin, Isaiah Jackson
Pivots : Myles Turner, Daniel Theis, Jalen Smith, Ocar Tschiebwe ((Two way contract)
Phase de l’équipe : Reconstruction
Au vu de la draft, des signatures cet été et des joueurs restants/ non échangés, difficile de dire qu’Indiana est dans une autre phase que celle d’une reconstruction sur plusieurs saisons.
Pas de quoi s’inquiéter tant les voyants sont au vert. Ils possèdent un All-Star qui s’affirme parmi les meilleurs meneurs de la ligue, toujours plus polyvalent et efficace (et resigné au max sur 5 ans). Autour de lui, si la base n’est pas encore solide, elle ne manque pas de potentiel.
Benedict Mathurin a eu les clefs du camion la saison dernière, bousculant la hiérarchie et s’affirmant comme beaucoup plus qu’un simple 3&D, même s’il a mangé le rookie wall après deux premiers mois explosifs. Le roster est très jeune, les quelques vétérans ont cependant du vécu basket via Daniel Theis et la signature de Bruce Brown Jr dont le coté besogneux et le titre récent avec les Denver Nuggets sauront profiter aux jeunes têtes des Pacers. On en oublie presque que TJ Mconnell a joué quasiment toute la saison, que Turner sort enfin d’une saison pleine et a eu droit à un extension de son contrat (18 points, 8 rebonds, 37% à 3 points et 2 contres) via un contrat de 2 ans pour 60 millions de dollars.
Une bonne affaire pour le joueur qui n’a jamais quitté les rumeurs de transfert depuis sa draft.
Les tendances de l’été
Des jeunes, des jeunes et encore des jeunes. Indiana a pleinement profité des trades de la saison précédente pour investir fort dans la draft et continuer à rajeunir son effectif.
3 two ways le rejoignent, comme prévu par le nouveau CBA, les vétérans du vestiaire sont maintenus, la raquette et le poste d’ailier sont renforcés. Pas de quoi chambouler la hiérarchie ou viser une place en Playoffs pour l’instant mais assez pour attirer la curiosité et pouvoir aspirer à mieux. Indiana ne vise pas une place dans l’élite mais espère pouvoir postuler à une place au Playin dans une conférence Est compétitive.
La doctrine de jeu ne devrait pas changer, du shoot, des joueurs rapides, et si la défense résiste mieux notamment à l’intérieur, nul doute qu’Indiana saura lancer des contre attaques nombreuses.
Faut il réparer une voiture qui roule bien?
Le paradoxe dans toute cette fournée de rookies, draftés, two ways et de joueurs récupérés lors de trade comme c’est le cas d’un Obi Toppin indésirable à New York, c’est que le cinq majeur des Pacers semble bien verrouillé.
L’axe Haliburton/Hield/Mathurin concentrera l’essentiel des espoirs en attaque, malgré des faiblesses à la création – à noter l’ajout de Jarace Walker au poste d’ailier fort pour soutenir Myles Turner. Le rookie et ancien joueur des Houston Cougars coche de nombreuses cases mais surtout celles de la polyvalence défensive. Mobile, fort en jambes et bon rebondeur, il devrait permettre à Indiana de moins prendre la tempête comme ce fut le cas la saison dernière.
Walker apporte en attaque un profil de facilitateur via un bon jeu de passe et une très bonne vision de jeu, un floater qui a fait sa marque de fabrique en NCAA et des dunks rageurs. Il doit travailler son 3 pts pour pouvoir pleinement contribuer dans la Motion Offense de Rick Carlisle. Mais son niveau plancher et la faiblesse de densité sur son poste lui assurent un temps de jeu conséquent la saison prochaine. Potentiel coup de cœur ici.
Est-ce que Indiana a soigné ses maux ? Pas vraiment. Si l’équipe possède de vrais atouts offensifs, elle manque toujours de créateurs variés sur l’ensemble de ses postes. On a l’impression d’un roster à l’ancienne avec les guards qui tiennent le ballon et les forwards qui se mettent à disposition. Pas très NBA 2023 tout ça.
Les Pacers compensent ainsi avec un rythme de jeu élevé qui a mené à une attaque portée sur le 3 points, mais qui semblait perdre le fil dès que la défense adverse resserrait les rangs. La signature de Bruce Brown apporte une réelle solution sur le banc mais l’équipe reste très dépendante de sa superstar Haliburton. Une blessure ou un coup de mou risque de voir le bilan collectif plonger. Pas d’inquiétudes cependant car, encore une fois, Indiana attaque la seconde saison de son projet.
Focus sur la saison 2023-24 des Indiana Pacers
Si l’on a appuyé assez lourdement sur l’impression de déjà-vu due à une étonnante stabilité au sortir d’une saison sans saveur, quels seront les principaux thèmes autour de l’année 2024 des Pacers ?
Maintenir son attaque mais quitter les bas de classements
Tout le paradoxe de ces Pacers en 2022. Visuellement on sentait une équipe tournée à 100% sur l’attaque, galopant sans cesse pour multiplier les tirs ouverts à 3 pts ou les dunks faciles en contre attaques.
Les stats montrent pourtant le contraire. Ils se situent à la 23eme place, à la bagarre avec les Wizards avec un Offensive Rating de 113 malgré la 5eme Pace de la ligue. Indiana attaque beaucoup mais score inefficacement. La faute comme dit plus haut à un manque de variété de profils offensifs et évidemment à l’inexpérience et au manque de repères de l’équipe. 36% d’efficacité à 3pts, cela place les Pacers dans la moyenne haute (top 10) de la ligue mais seulement 56 points à 2 pts marqués. Première équipe en contre attaque, 18eme équipe au nombre de point dans la peinture : voilà le résumé de l’attaque des Pacers : attaquer vite, jouer le match-up mais peiner à concrétiser à l’intérieur quand la défense extérieure résiste aux isolations d’Haliburton ou quand les shoots exters ne rentrent pas.
Indiana ne va pas pour autant renouer avec un basket demi terrain lent et militaire. La tendance restera à la prime aux coups d’éclats et à la vitesse. All gas no brakes dans la cité de l’Indy 500. Si Indiana arrive à se porter vers un style de jeu efficient façon Buldenhozer; aucune raison de ne pas voir l’équipe progresser autant en efficacité qu’en variété offensive. Si Indiana réussit à adapter ses sources de scoring, alors l’équipe sera bel et bien légitime pour postuler à un PlayIn.
Haliburton, mais encore ?
Tyrese Haliburton rayonne dans cette équipe des Pacers tant il a changé la dynamique de la franchise depuis son arrivée.
Permettant de tourner la page de l’ère de Domantas Sabonis, le virevoltant combo guard apporte dans l’ensemble des compartiments du jeu et est le premier contributeur du système de jeu mis en place par Rick Carlisle. Cependant, ses absences ou ses coups de mou ont un impact trop direct sur les résultats de son équipe. Tant qu’Indiana n’arrivera pas à varier son nombre de porteurs de balle sur le terrain, les Pacers resteront dépendant de la box score du meneur.
Si nous ne sommes pas sur l’héliocentrisme des Hawks ou des Rockets de Harden, cela reste un axe de progression pour l’équipe. D’où l’intérêt d’avoir récupéré un Obi Toppin, peu fiable en défense à 3 pts et en défense mais qui peut contribuer à l’intérieur, low risk, high reward ?
Autour de lui, les guards sont de profils variés mais est-il possible de les aligner en même temps ? Tout l’intérêt de la signature d’un Bruce Brown, fort défenseur mais aussi playmaker efficace, alignable aux côtés de Tyrese. Indiana va devoir se passer de Buddy Hield par séquences (et peut être à terme le glisser sur le banc), pour trouver le chemin de la raquette et profiter des capacités d’isolation d’Haliburton, pour varier son tempo de jeu et proposer un autre type d’attaque face aux grosses défenses de la ligue.
Évidement, le second joueur le plus attendu est Benedict Mathurin. L’athlétique arrière a complétement bouleversé la hiérarchie en s’affirmant comme la troisième option des Pacers dès le début de saison : contributeur au rebond, généreux dans l’effort mais surtout solution fiable off ball. Car le joueur a de beaux attributs physiques mais peine à créer son propre shoot et souffre d’un dribble inconstant et peu varié. Excellent pour attaquer un close out, profitant de la menace qu’il représente à longue distance et avec une excellente vision de jeu, son profil ne demande qu’à être poli.
Il concentre l’essentiel des espoirs dans la franchise pour devenir le lieutenant d’Haliburton. Sil réussit à faire avancer son handle, nous tenons devant nous une menace offensive certaine, un potentiel All-Star ?
Mathurin a l’avantage de pouvoir être aligné avec l’ensemble des porteurs de balle de son équipe.
Je m’attends à ce que le temps de jeu de Buddy Hield, bien que létal à trois points, se voit être réduit pour permettre à Carlisle de varier son trident en attaque.
Mathurin peut contribuer avec Tyrese, Andrew et Bruce Brown. Son shoot, ses cuts efficaces lui assurent son rôle de troisième option. Charge à lui de progresser sur son sens de la passe et du dribble pour devenir une menace offensive complète. Le joueur voit les bons coups mais manque encore de vitesse de réaction pour trouver le bon timing, éviter les turnovers, ajoutez à cela sa difficulté à résister aux défenses qui viennent le trapper et vous avez un joueur qui incarne bien son équipe. Benedict Mathurin pour faire avancer son équipe et postuler un jour à l’élite de son poste.
Il doit cependant varier son style de jeu, progresser sur sa capacité à éliminer son défenseur autrement qu’en passant en force ou en allant à pleine vitesse. Motifs d’espoir ?
https://www.youtube.com/watch?v=QA2vfpjSWFE
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Un meilleur bilan qui, si possible, tend vers l’équilibre ? Une place proche d’un Playin pour permettre à ce jeune groupe de se frotter au stress des échéances, au besoin d’enchainer les wins et de tenir ses fins de matchs ?
Un Haliburton All-Star à nouveau, un style de jeu électrique mais une défense qui résiste ENFIN aux intérieurs de sa ligue ?
Peu de zone d’ombres, mais beaucoup de confirmations sont attendues dans l’Indiana. Sans trop se répéter, si Carlisle réussit à faire varier l’attaque de son équipe, Indiana risque de rapidement devenir une équipe à considérer à l’Est.
Les Playoffs et le niveau d’exigence attendus sont encore trop loin. Indiana passe tout juste la seconde mais a de nombreuses raisons d’assumer calmement ses ambitions, ne pas paniquer à la Trade Deadline et croire en le young core qui se dessine.
Nous avions parlé l’année dernière du fond mais pas de la forme, celle-ci sera attendue cette année. La masse salariale est saine pour pouvoir accueillir des vétérans ou des contrats expirants, un meneur au potentiel infini et des profils à forte valeur ajoutée.
Qu’attendre de plus d’Indiana si ce n’est de la patience et de la rigueur ?