Difficile, après tant d’années à écrire des previews des Knicks, de savoir ce qui a été dit, répété, et ce qu’il faut rappeler. L’espoir perpétuel pour RJ Barrett, puis une certaine déception, flirter avec le chaud et le froid de Julius Randle, déplorer les limitations offensives inhérentes à la présence de Mitchell Robinson sur le terrain… heureusement, la lumière fut.
Voilà, la meilleure décision new-yorkaise du 21ème siècle est passée par là. Après des années à fantasmer sur le meneur superstar qui viendrait sauver la franchise, il était là. Certes, Jalen Brunson n’avait rien du statut ou du pedigree d’une superstar. Nombre doutait de sa capacité à assumer le rôle de numéro 1 sur une saison, lui qui ne l’avait réellement été en NBA que durant une série de playoffs en l’absence de Luka Doncic.
Finalement, 47 victoires et une série de playoffs gagnée plus tard, les doutes se sont dissipés. Les cadres Randle et Barrett ont trouvé des rôles de créateur secondaires qui leur conviennent bien mieux. Autour d’eux, les jeunes Quickley, Robinson et Grimes ont progressé et confirmé tout leur impact. Enfin, Josh Hart et Isaiah Hartenstein ont parfaitement intégré la philosophie du coach Thibodeau, offrant sans rechigner de l’intensité et des efforts.
In & out : le point sur le roster
Arrivées : Donte DiVicenzo, Duane Washington Jr., Jacob Toppin.
Départs : Obi Toppin, Derrick Rose, Trevor Keels.
Roster 2023/2024
Meneurs : Jalen Brunson, Miles McBride, Ryan Arcidiacono.
Arrières : Quentin Grimes, Immanuel Quickley, Donte DiVicenzo.
Ailiers : RJ Barrett, Josh Hart, Evan Fournier, Dylan Windler.
Ailiers-forts : Julius Randle, Jericho Sims, Isaiah Roby.
Pivots : Mitchell Robinson, Isaiah Hartenstein.
Phase de l’équipe : Playoffs
Les Knicks ont terminé 5ème de la conférence est l’an passé, à 3 victoires de la 7ème place synonyme de play-in tournament. Relativement peu blessés, avec un effectif presque inchangés et aux qualités parfaitement adaptées à la saison régulière, les Knicks ont tout pour repartir sur une campagne similaire.
Deux tendances pourraient toutefois mettre en péril la pérennité des Knicks dans le top 6 de la conférence. Premièrement, un regain d’intérêt du Miami Heat pour les victoires avant le mois d’avril. Dans ce cas, et encore plus dans l’hypothèse de l’arrivée de Damian Lillard, difficile de voir les Knicks avec un meilleur bilan. Deuxièmement, les Knicks ont historiquement du mal à confirmer. Les deux dernières campagnes de playoffs (2012-13 et 2020-21) ont en effet toutes deux été suivies de saison à 37 victoires seulement. L’effet de surprise de ces Knicks version Brunson est passé, d’autant plus que les Cavs et surtout le Heat ont mis en exergue certaines faiblesses de construction de l’effectif des Knicks.
Les tendances de l’été : la continuité à tout prix
On ne change pas une équipe qui gagne (un premier tour de playoffs) ! Par défaut ou par volonté, Leon Rose et le front office ont confirmé leur satisfaction avec l’effectif actuel. Quelle meilleure démonstration de cette volonté de continuité que l’apparent désintérêt des Knicks concernant la situation de Damian Lillard ? Il aurait été inenvisageable un an en arrière de voir une telle star sur le marché sans être inondés de photoshop la reliant à New York.
En somme, l’intersaison des Knicks se résume en trois mouvements.
Le premier est la prolongation de contrat de Josh Hart pour 81 millions de dollars sur quatre ans. Depuis son arrivée en février, ses qualités défensives, de rebond et de coupes en attaque ont fait de lui un homme fort de la rotation de Tom Thibodeau.
Deuxièmement, le front office des Knicks mettait fin à l’aventure new-yorkaise d’Obi Toppin. Envoyé aux Pacers contre deux 2nd tours de draft, l’ailier-fort n’aura finalement jamais réussi à s’imposer à New York, bloqué derrière un Julius Randle au niveau inespéré. Sportivement compréhensible, l’échange trouve surtout une justification financière : offrir un contrat à Obi Toppin n’était pas la priorité à moyen terme, alors qu’Immanuel Quickley, Quentin Grimes et Jalen Brunson seront éligibles à un nouveau contrat en 2024.
Par conséquence, les Knicks se sont dotés d’une marge financière suffisante pour utiliser leur Mid level exception et offrir un contrat à Donte DiVicenzo (50M$ sur 4 ans). Après une pige réussie à Golden State, il rejoint ses compagnons de titre NCAA Jalen Brunson, Josh Hart et Ryan Arcidiacono. Si son intégration au sein d’une rotation aux postes 2/3 déjà bien compétitive sera à surveiller, nul doute qu’il apporte du spacing et du mouvement sans ballon dont les Knicks ne se priveront pas.
Focus sur la saison 2023-24 des Knicks
Amener de la variété offensive : la saison régulière pour préparer les playoffs
Les Knicks sont une énigme offensive. Ils ne génèrent pas énormément de tirs près du cercle (29,5 tirs par match, 15ème fréquence NBA), ne sont pas spécialement adroits à trois-points (35%, 19ème), font très peu de passes décisives (22,6, 29ème). En résumé, les tirs qu’ils génèrent ne sont pas des tirs à haut pourcentage. Leur True Shooting% était le 20ème de la ligue l’an passé. Et pourtant, ils avaient la 4ème meilleure attaque de la ligue.
En résumant grossièrement, on pourrait dire que les Knicks jouent sur la quantité plutôt que la qualité. Leur jeu très enclin à l’isolation (3ème fréquence de la ligue) leur permet :
- De perdre très peu de ballons (5ème plus basse fréquence)
- De provoquer des lancers-francs (8ème fréquence)
- Et surtout, de prendre des rebonds offensifs (2ème fréquence)
Et si le recours à l’isolation a porté ses fruits pendant la saison régulière, cette stratégie a montré ses limites en playoffs. Les défenses se sont resserrées d’une part, mais surtout, l’adresse des Knicks à 3pts a drastiquement chuté (29,2%, pire moyenne de la Ligue). Fixer par l’isolation pour créer un 3 points ouvert, spécialité de Barrett, Brunson et Randle.
Julius Randle, Isaiah Hartenstein : des hubs offensifs pour créer du mouvement ?
Une partie de cette réflexion est sûrement un biais de récence, mais l’attaque des Knicks ne pourra franchir un cap avec si peu de mouvement hors-ballon. Les séries de playoffs l’ont montré, l’attaque est pour l’instant trop dépendante du shotmaking difficile de Randle et Brunson. Et quand l’adresse à 3 points des role players ne suit pas, l’attaque stagne rapidement.
D’une part, Randle a montré cette année qu’il était ouvert à être utilisé différemment : il a drastiquement réduit sa part de tirs à mi-distance et a augmenté sa part de tirs à 3 points. Son efficacité générale en a grandement profité. D’autre part, une partie de l’intérêt du recrutement d’Isaiah Hartenstein avait été sa capacité d’opérer comme passeur depuis le poste haut ou sur short roll. Aux Clippers, il affichait un pourcentage de passes décisives de 19,3, une excellente marque parmi les pivots NBA (77ème pourcentile). Ce chiffre a plongé à 8,3% lors de sa première année aux à New York.
Donner davantage la balle au poste haut permettrait aux extérieurs des Knicks de bouger hors-ballon : Hart et DiVicenzo ont déjà brillé dans des attaques avec mouvements, Barrett a confirmé avec le Canada cette année qu’il était un bon joueur lorsqu’il coupait au panier. Quickley et Grimes, eux, aiment se nourrir de tirs à trois-points en mouvement.
Immanuel Quickley : l’année de l’explosion ?
Immanuel Quickley ne cesse d’émerveiller. Arrivé dans la ligue en provenance de Kentucky comme un tireur en catch&shoot, il a d’abord brillé par sa création de tirs à mi-distance. Il y a ensuite ajouté un tirs à trois-points en sortie de dribble de plus en plus efficace ; avant d’émerger l’an dernier comme un des tous meilleurs défenseurs extérieurs de la ligue (quand il était sur le terrain, les Knicks avaient l’équivalent de la deuxième meilleure défense de la ligue (110 de defensive rating), et la pire défense de la ligue lorsqu’il était sur le banc (122).
A l’aube de sa quatrième année et d’une prolongation de contrat, Quickley pourrait demander davantage de responsabilités, et il sera difficile de lui refuser. Son usage% a légèrement baissé avec l’arrivée de Jalen Brunson, qui a coïncidé avec son passage principalement au poste 2 quand il jouait avec les starters.
A la vue de son impact, extrêmement positif, lorsqu’il était aligné avec les starters Brunson-Randle-Grimes, Tom Thibodeau se contentera-t-il de l’utiliser comme 6ème homme, leader offensif de la second unit ?
Enfin, évidemment, puisque New York reste New York, il faudra s’attendre à des rumeurs de transfert, ou un mélodrame concernant le montant exact de son prolongation de contrat à venir.
RJ Barrett : moins, c’est plus ?
Enfin, comme un maronier, il faut mentionner la progression de RJ Barrett. Est-il temps pour lui de faire son deuil d’être un shotmaker, capable de créer son tir en sortie de dribble ? Vu ses pourcentages d’efficacité, une année de plus dans les tréfonds des tireurs à fort volume, il est sûrement temps de se rendre à l’évidence. Il a cependant, par séquences, brillé en tant que slasher, ultra-agressif vers le cercle, utilisant sa taille pour trouver des coéquipiers démarqués.
Il ne revient pas à affirmer définitivement que Barrett, à 23 ans, ne pourra jamais devenir un scoreur efficace lorsqu’il crée son tir. Toutefois, dans la mesure où il existe aujourd’hui des alternatives plus efficaces dans l’effectif, il peut porter un rôle plus réduit, mais sûrement plus efficace. Dans une équipe qui tire assez peu au cercle, son agressivité et sa capacité à créer sur drive sera essentielle. L’an passé, il était 20ème de la ligue aux points créés sur drive, et ce malgré son inefficacité latente en finition près du cercle. C’est sûrement dans ce rôle qu’il apportera le plus à cet effectif, et pourra regagner la confiance d’un coach qui lui a souvent préféré Josh Hart pour finir les rencontres.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Un Madison Square Garden plein de vie, parce qu’une franchise new-yorkaise en bonne santé semble, très objectivement, bénéfique à la NBA.
Pour cela, les coqueluches Brunson et Randle devront rester sur la dynamique extrêmement positive de la saison dernière. Derrière eux, ils peuvent compter sur un des effectifs les plus profonds de la ligue, bien tenu et motivé par le Maréchal Tom « Tito » Thibodeau. Ils ont sans doute l’an dernier maximisé leur plafond offensif en se hissant à 2 victoires d’une finale de conférence. Ils seraient ainsi bien inspirés de tenter de varier et dynamiser leur attaque, même au prix de quelques victoires durant la saison régulière.
La montée en puissance de certains jeunes sera également à surveiller cette saison. L’arrivée de Jalen Brunson a logiquement diminué le niveau défensif des Knicks, tout en améliorant largement assez l’attaque pour ne pas lui en tenir rigueur. Or, quand on connait l’attrait de Tom Thibodeau pour les défenses agressives, le profil de Miles McBride intrigue. Ultra agressif en défense sur porteur, il a pris ses aises offensives au cours de la saison, après avoir remplacé Derrick Rose dans la rotation. S’il arrive à montrer en NBA l’adresse extérieure aperçue en G-League, il pourrait être amené à de plus grandes responsabilités en sortie de banc.
Les Knicks sont sur la bonne voie et ont la possibilité d’établir un succès stable. L’effectif n’est pas encore prêt pour jouer les joutes suprêmes, mais les fondations sont là. Place maintenant à Leon Rose, Tom Thibodeau et Jalen Brunson pour les sublimer.