Le CBA, règlement de la NBA est complexe. Le lire n’est pas toujours suffisant pour comprendre toutes ses subtilités, son vocabulaire riche et ses nuances. Beaucoup d’interprétations qui sont réalisées par l’environnement constitué des fans et des médias tendent à le rendre d’autant plus opaque que de fausses informations circulent et que de nombreuses approximations voire inventions se répandent. Dans cette série d’articles “CBA Rules”, nous allons essayer de revoir et démêler des règles les plus simples aux plus alambiquées. C’est parti !
Les Prolongations
Tout d’abord, il ne faut surtout pas confondre prolongation de contrat et extension de contrat. Une prolongation ne peut avoir lieu que lors de la free agency et ses montants dépendent uniquement de l’ancienneté du joueur. A contrario, dans le cadre d’une extension classique (hors extensions qui seront expliquées plus bas), le montant du futur salaire annuel ne peut excéder 120% du salaire de la dernière année de contrat, pour une durée maximale de 4 ans avec 8% d’augmentation annuelle au maximum. On comprend assez vite pourquoi ce type d’extension est assez peu prisé. Cet état de fait est néanmoins parfaitement logique: sur le plan purement juridique, l’extension d’un contrat n’est jamais que la prolongation de ses effets dans le temps, pas autre chose. Elle n’a pas pour objet de modifier les éléments essentiels du contrat. Admettre une légère hausse de la rémunération étant déjà juridiquement bancal, il est logique d’imposer la rédaction d’un nouveau contrat si la situation a radicalement changé.
Les prolongations de contrats suivent un régime identique aux signatures d’agents libres: Le contrat du joueur arrive à expiration, le joueur est donc sur le marché et il n’y a que deux possibilités : soit la franchise qui souhaite recruter le joueur a ses Bird rights, soit elle ne les a pas. La durée du contrat et le montant de la rémunération varient en fonction de ce seul facteur.
Comme dit précédemment, dans le cadre d’une extension classique (hors extensions qui seront expliquées plus bas), le montant du futur salaire annuel ne peut excéder 120% du salaire de la dernière année de contrat, pour une durée maximale de 4 ans avec 8% d’augmentation annuelle au maximum.
Les autres types d’extension, qui, s’ils sont par nature des exceptions, sont aujourd’hui devenus la norme, pour deux raisons évidentes : si la franchise veut garder le joueur et que sa cote est haute, le joueur a tout intérêt à aller sur le marché pour avoir la plus grosse offre possible et ainsi pousser sinon obliger son équipe à lui offrir autant d’argent. Si la franchise veut garder le joueur et que sa cote est basse, elle a tout intérêt à attendre la free agency pour le resigner pour une somme modique. La seule configuration où l’hypothèse d’une extension classique fait sens est lorsque les deux parties ne sont pas certaines d’avoir intérêt à aller sur le marché voire lorsqu’elles savent cet intérêt inexistant.
Le dernier exemple marquant ? LaMarcus Aldridge. Dans son cas, on peut dire que cela faisait relativement sens pour les deux parties: marché bouché, salaire de 25M sur plusieurs saisons, bref. Le deal collait aux besoins des parties.
Quand peut-on négocier ?
Pour les vétérans (qui ont donc plus de 4 ans d’expérience dans la ligue), si le contrat était d’une durée de 3 ou 4 ans, une extension est négociable dès le 2e anniversaire de la signature du contrat. Si le contrat était d’une durée de 5 ou 6 ans, alors il faudra attendre le 3e anniversaire de ladite signature. Il est possible de la signer au plus tard le 30 juin de l’année où le joueur devient free agent.
On le voit, tout est fait pour encourager les joueurs à demeurer le plus longtemps possible : Un joueur drafté au premier tour restera donc au minimum 8 ou 9 ans dans son équipe avant d’avoir la possibilité de lever le camp, sachant qu’aucune autre franchise ne pourra lui offrir autant que ce que l’équipe qui l’a drafté pourra lui offrir, a fortiori s’il s’agit d’une superstar où les différences deviennent littéralement abyssales.
Passons donc à ces autres types d’extension.
L’extension d’un contrat rookie
Une telle extension peut être actée à deux moments : soit 1 an avant la future free agency du joueur, entre le moratoire de la free agency le 6 juillet et le début de la saison régulière, soit durant cette free agency.
Le montant max de l’extension correspond à 25% du salary cap (car moins de 6 ans d’ancienneté) pour une durée de 4 ans maximum et une augmentation maximale de 8% annuels.
Le CBA a toutefois pris soin de prévoir des exceptions pour récompenser les superstars. Parmi elles, on trouve la designated rookie exception, Derrick Rose rule et la Kevin Durant rule.
Note importante: Une équipe ne peut acquérir plus d’un joueur ayant bénéficié d’une de ces 3 exceptions via trade.
Exemple: En l’état, Boston ne peut réaliser aucun échange pour acquérir Anthony Davis.. à moins que Kyrie Irving soit inclus dans la transaction.
La Designated Rookie Exception
Cette exception, utilisable sur maximum deux rookies par effectif, a pour effet d’autoriser une extension de contrat allant jusqu’à 5 ans, sans condition de performance aucune. C’est exactement ce qui s’est passé avec Joel Embiid et ce qui arrivera très probablement pour Ben Simmons.
Cette exception reprend en quelque sorte la Kevin Durant Rule (cf explications plus bas) : si le joueur, au cours de son contrat, satisfait une des conditions alternatives de cette règle, alors son salaire se voit automatiquement augmenté à hauteur de 30% du salary cap !
Dans le cas d’Embiid, la probabilité qu’il soit élu dans la 1ere équipe All-NBA étant très forte, les chances qu’il ne soit dans aucune équipe All-NBA sont quasi nulles. Il sera donc normalement le premier à bénéficier de ce nouveau dispositif.
La Derrick Rose Rule
Créée en 2011 suite au titre de MVP de l’intéressé, elle est destinée à offrir des lauriers en or massif aux jeunes en fin de contrat rookie. Elle permet d’offrir à l’intéressé un contrat équivalent à non pas 25% du salary cap tel qu’initialement prévu par le CBA et d’aller jusqu’à 30%, donc en somme de gagner autant en sortie de contrat rookie qu’avec entre 7 et 9 ans d’ancienneté.
Mais pour mériter de tels lauriers, il faut remplir une de ces 3 conditions :
– Etre dans une All-NBA Team deux fois minimum
– Etre titulaire au All-Star Game deux fois minimum
– Avoir été élu MVP de la saison régulière
Cette règle n’a été utilisée qu’avec parcimonie, pour la simple raison que quasiment aucun joueur n’a réussi à réunir les conditions pour y être éligible. Outre Derrick Rose, seuls Paul George en 2013 et Blake Griffin un an plus tôt ont réussi à l’obtenir.
La liste des déçus ? Kyrie Irving, Gordon Hayward, Damian Lillard, etc… des gens très bien vous voyez.
On termine avec la dernière exception offerte aux franchises pour resigner leurs joueurs. Cette fois, l’on ne parle plus tellement de joueurs mais de véritables monuments. Des joueurs qui auront un jour leur place au Hall of Fame. Cette exception est appelée « Kevin Durant rule ».
La Designated Veteran Player Extension ou “Kevin Durant Rule”
Cette règle a été édictée en réaction au départ de l’intéressé pour donner aux joueurs de nouvelles raisons de rester dans les franchises qui les ont draftés. Elle est dérogatoire par rapport au droit commun des extensions de contrat. Cette fois, on ne parle pas de 30 mais de 35% du salary cap, avec une augmentation annuelle de 8% et un contrat qui court sur 5 ans avec une projection sur 6 ans max en incluant la dernière année du contrat en cours d’exécution avant l’extension. Les règles relatives aux négociations qui régissent extensions classiques s’appliquent aussi à cette DVPE. Cette exception ne peut être utilisée que pour 2 joueurs maximum dans l’effectif. Dernier point, relativement anecdotique cette fois-ci, le joueur signataire d’une telle exception ne peut pas être échangé durant la première année de son contrat. Les conditions d’éligibilité sont les suivantes :
– Avoir 8 ou 9 années d’expérience dans la ligue (on voit donc que l’intérêt de l’extension est de pouvoir occuper 35% du cap sans avoir atteint 10 ans d’ancienneté dans la ligue)
ET
– Avoir resigné à l’issue de son contrat rookie avec l’équipe qui l’a drafté ou avoir resigné avec l’équipe qui l’aurait obtenu via trade durant son contrat rookie
ET
– Avoir été élu dans une All-NBA Team à l’issue de la dernière saison ou deux fois sur les 3 dernières saisons
OU
– Avoir été élu MVP au moins une fois sur les 3 dernières années
OU
– Avoir été élu DPOY la dernière saison ou deux fois sur les 3 dernières saisons
Deux choses sont à noter: Westbrook et Harden ont eux bénéficié d’une dérogation qui a été négociée par le syndicat des joueurs pour leur permettre de négocier un an plus tôt. Seuls John Wall et Stephen Curry ont utilisé le dispositif de manière classique. Ce dispositif permet à la franchise qui a les droits sur le joueur d’exploser la concurrence.
Exemple: les Warriors ont resigné Stephen Curry pour un montant record de 209M sur 5 ans, soit 76M de plus que la concurrence.. Autant dire que cette règle aura peut-être pour conséquence à long terme de pétrifier le marché des agents libres de très haut vol. . Ensuite, avec son élection comme défenseur de l’année l’an dernier, ce bon vieux Draymond y sera également éligible… et peut-être bien que Klay Thompson aussi. Affaire à suivre.
Oui DeMarcus, tu envoyer cette lettre d’insultes à Vlade Divac. Il t’a fait perdre un sacré paquet de pognon. Au fait Jimmy, ok Forman et Paxson étaient désespérants et te faisaient fulminer environ toutes les 6 secondes mais… résultat des courses tu peux t’asseoir sur 80M. Ca pique hein ?
Au delà de ce genre de plaisanterie, il y a quand même quelque chose que personnellement je trouve assez dérangeant avec cette exception: regardez bien les critères. Tous sont liés à des distinctions qui sont issues du vote d’un panel de journalistes. Or ce panel étant extrêmement réduit, la menace de la corruption et des conflits d’intérêts guette.
Dernier point: il existe deux limites à ce système: d’abord, point a priori pas trop grave, on ne peut pas utiliser le mécanisme du sign and trade corrélativement à la signature d’un contrat via cette exception.
On termine avec une limitation un peu plus problématique: la “over 38 rule”. Cette règle interdit tout simplement de proposer un contrat de 4-5 ans à un joueur qui aura 38 ans pendant la durée de validité du contrat. Sachant qu’avant, cette règle était nommée “over 36 rule”, avec la différence que vous imaginez. A qui profite le crime en l’espèce ? Regardez les âges de Chris Paul et LeBron James par exemple. Cette règle leur permet d’être pile poil dans les clous pour obtenir ce contrat XXL. Regardez maintenant qui est à la tête du syndicat des joueurs. Président: Chris Paul, Vice-Président: LeBron James. A décharge, même si ça les arrange eux, ça arrange aussi beaucoup d’autres joueurs, donc admettons.