On dit souvent d’un rookie qu’il lui faut du temps pour s’adapter au jeu strict qu’est la National Basketball Association. La transition NCAA/NBA est souvent fatale pour les basketteurs les moins précautionneux et on se retrouve souvent à pleurer des espoirs qui auraient pu être des références dans la grande ligue. Pour une raison ou une autre, certains joueurs ne matchent pas avec elle, et cela vaut aussi pour les joueurs européens.
Cependant, parfois, la transition se fait aisément, du genre : premier match, première grosse impression, première performance dans la cour des grands. Bref, le début de carrière rêvé pour tout rookie. Si cela ne garantit en rien une carrière de qualité, ces “premières fois” en NBA ont au moins le mérite de marquer les esprits, pour s’affirmer dans une jungle où chaque possession vaut de l’or pour ces jeunes joueurs. Petit retour sur certains rookies qui sont entrés en NBA par la grande porte dés leur premier match.
Allen Iverson – Philadelphie 76ers (01/11/1996 vs Milwaukee Bucks)
30 points – 6 passes – 2 rebonds – 1 interception – 12/19 au shoot (63.2%) – 2/4 à trois points (50%) – 37 minutes
Du haut de ses 21 ans, Allen Iverson était le genre de joueur assez athlétique et électrique pour pouvoir dynamiter la NBA dès son premier match. Le 01 novembre 1996, le numéro 1 de la Draft de la même année est directement titulaire, pour son premier match dans la grande ligue, face aux Bucks de Glenn Robinson et de Ray Allen. 37 minutes à la mène pour The Answer qui régale à base de pénétrations, lay-ups et de ficelles depuis le parking du CoreStates Arena de Philadelphie. Sa vitesse gêne et ses contre-attaques sont tranchantes, que ce soit quand il est à la finition ou quand il décide de balancer des passes sorties d’ailleurs pour ses coéquipiers.
Le match est serré, et finalement les Bucks l’emportent de huit points grâce à un très bon Vin Baker (25 points, 13 rebonds). Philadelphie pouvait compter sur Derrick Coleman, auteur de 25 points, 13 rebonds et 7 passes en 40 minutes, mais c’est Allen Iverson qui crève l’écran avec ses 30 points, 6 passes à des pourcentages honnêtes au tir. 37 minutes pour convaincre et c’est réussi. Les supporters des Sixers sont conquis, et cela durera douze ans sous les couleurs de la franchise de Pennsylvanie. On connaît la suite : des cross-over à outrance, du scoring à ne plus savoir qu’en faire, un titre de MVP de saison régulière en 2001, le titre de Rookie de l’année en 1996-97 et onze apparitions au All-Star Game. Il ne nous avait pas menti pour son premier match…
Brandon Jennings – Milwaukee Bucks (30/10/2010 vs Philadelphie 76ers)
17 points – 9 passes – 9 rebonds – 7/16 au tir (43.8%) – 2/5 à trois points (40%) – 34 minutes
… Au contraire de certains. On reprend les mêmes équipes, on change d’époque direction l’année 2010. 1er joueur à entrer dans la grande ligue en esquivant la NCAA pour l’Europe, Brandon Jennings est drafté à la 10ème position de la Draft 2010 par des Bucks qui recherchaient un meneur de jeu athlétique pour dynamiser son équipe. En soi, le choix de Brandon Jennings était logique, et The Pterodactyl le rend bien dès sa première rencontre. Au bord du triple-double, Brandon ne peut pas éviter la défaite des Bucks ce soir-là face au Philadelphie (86-99) de Lou Williams et Andre Iguodala, mais il contribue dans tous les secteurs du jeu.
Les débuts de Brandon Jennings sont surtout mémorables pour sa première saison tonitruante (15.5 points de moyenne) et ses performances au scoring. Sur ses 82 premiers matchs, le rookie des Bucks accumule trois matchs à plus de trente points, dont une pointe à 55 points dès son 7ème match. Face aux Warriors, c’était un festival, avec en prime 5 passes et 5 rebonds à 21/34 au tir, en 40 minutes. Dans le milieu, on appelle ça une entrée fracassante. Depuis, Jennings n’a pas eu la carrière espérée. Après quatre saisons chez les Daims, puis trois à Detroit, le meneur n’arrive pas à s’imposer dans une franchise comme titulaire. Orlando, New York, Washington… puis plus rien, si ce n’est la Chine qui l’accueille avant qu’il revienne à Milwaukee sur le banc, bien loin de ses débuts en fanfare.
On pourra toujours se dire, et sans cette blessure ?
Isiah Thomas – Detroit Pistons (30/10/1981 vs Milwaukee Bucks)
31 points – 11 passes – 3 rebonds – 1 interception – 1 contre – 10/19 au tir (52.6%) – 1/1 à trois points (100%) – 41 minutes
Seulement 37 victoires sur les deux saisons précédant la Draft 1981. Telle était la situation des Pistons à la fin des années 70 et au début des années 80. Le choix d’Isiah Thomas tombe à point nommé pour la franchise du Michigan et ce dernier leur rendra la pareille. La légende autour des Bad Boys de Detroit est connue, la rivalité avec les Bulls de Jordan et les Celtics de Bird aussi (foutue remise en jeu). Deux titres accompagneront la carrière du Baby-Faced Assassin, en 1989 et 1990, mais dès son premier match, Isiah Thomas était déjà au four et au moulin.
Comme Iverson plus tard, ce sont les Bucks qui prendront le tarif face aux Pistons de Phil Hubbard, John Long et, désormais, d’Isiah Thomas. Ce dernier joue 41 minutes et dépose une ligne de statistiques tout à fait acceptable pour un premier match parmi les grands: 31 points, 11 passes, quelques rebonds, un contre et une interception avec de très bons pourcentages aux tirs. Le plus important ? C’est que les Pistons l’emportent au Pontiac Silverdome, devant les quelques 9000 supporters présents, sur le score de 118 à 113 en grande partie grâce à l’interception… d’Isiah Thomas. Être valuable dés ses premières foulées dans la ligue, c’est la vie qu’avait choisi Isiah.
LeBron James – Cleveland Cavaliers (29/10/2003 vs Sacramento Kings)
25 points – 9 passes – 6 rebonds – 4 interceptions – 12/20 au tir (60%) – 0/2 à trois points (0%) – 42 minutes
Était-ce une surprise ? Attendu de toute part, on savait que LeBron allait devenir un nom dans la grande ligue. On ne s’est pas trompé vu le palmarès et les hauts faits que le King a connus depuis, jusqu’à son arrivée aux Lakers cet été. Drafté numéro 1 en 2003 par des Cavaliers qui n’ont pas hésité trop longtemps pour choisir, c’est à Sacramento que la légende de James commence. À l’ARCO Arena, face aux Kings de Bibby, Stojakovic et Divac, LeBron James s’impose déjà comme étant l’option numéro une des Cavs. 1ère action ? Alley-oop soyeux pour Carlos Boozer. 1er shoot? Ficelle à mi-distance, c’est propre. L’athlétisme du rookie se voit directement, son talent aussi.
Néanmoins, Sacramento remporte ce premier match de la saison 2003-2004 en ayant mené sur l’ensemble de la rencontre (106-92), malgré un retour en force de Cleveland en fin de rencontre grâce aux pénétrations de LeBron. Ce dernier termine le match sur un air-ball, certes, mais cela ne fera pas oublier la palette athlétique impressionnante, que ce soit offensivement ou défensivement. Shoot de près, de loin, finger roll, dunk à une main, une qualité de passe impressionnante pour un rookie… La performance de LeBron était déjà excellente et cela restera à ce niveau sur l’ensemble de sa première saison. Bref, un baptême qui a eu le mérite de nous avertir sur ce que pouvait donner LeBron en NBA, et on ne pouvait que se réjouir.
Wilt Chamberlain – Philadelphia Warriors (24/10/1959 vs New York Knicks)
43 points – 28 rebonds – 1 passe – 17/27 au tir (63%) – 9/15 aux lancers-francs (75%) – 48 minutes
Dés le début de sa carrière, le grand Wilt appréciait les grosses statistiques. C’est sûr qu’il est difficile de comparer avec aujourd’hui, tout comme il est difficile de récupérer des images de cette performance. Néanmoins les faits sont là. Face à sa victime préférée, les New York Knicks, Wilt débute sa carrière en 1959 avec les Warriors de Philadelphie. Autant dire qu’il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère : 43 points et 28 rebonds pour son premier match en NBA, c’est tout simplement énorme, quelle que soit l’époque.
On pourrait penser que le pauvre Kenny Sears fait une énorme prestation en face avec 35 points et 15 rebonds, mais ce n’était pas suffisant face à un Wilt Chamberlain déjà de haute facture. Philadelphie remporte son premier match de la saison 1959-60, et “Wilt the Stilt” enchaîne les grosses performances par la suite, avec uniquement un seul match en dessous de la barre des dix points durant sa saison rookie. Trois ans plus tard, le 3 mars 1962, Wilt retrouve ses Knicks adorés à domicile, à l’Hershey Sports Arena. Cent petits points plus tard, il entre dans la légende de la NBA et du basketball pour ne plus jamais en sortir.
Lamar Odom – Los Angeles Clippers (02/11/1999 vs Seattle Supersonics)
30 points – 3 passes – 12 rebonds – 2 interceptions – 2 contres – 10/18 au tir (55.6%) – 2/5 à trois points (40%) – 44 minutes
Drafté 4ème de la Draft 1999, Lamar Odom rejoint celui qui fut drafté numéro 1 l’année précédente, Michael Olowokandi, aux Clippers. Il est clair que parmi les deux, Odom a eu une bien meilleure carrière et un bien meilleur impact sur la NBA dès ses débuts. C’est face aux Sonics de Gary Payton que L.O débute sa carrière, et il n’y fait pas de la figuration. Ce jour-là, Seattle l’emporte face aux hommes de Chris Ford, head-coach de l’époque (104-92).
Néanmoins, Lamar Odom effectue une solide première prestation qui convainc l’ensemble du STAPLES Center: 30 points, 12 rebonds et une bonne implication générale. Rapide, adroit, athlétique, Lamar fait la totale aux joueurs adverses, mais il est bien le seul. L’effectif des Clippers est trop faible pour lutter dans cette ligue, Chris Ford est viré quelques mois plus tard. Seule l’éclosion d’un Lamar Odom flamboyant à 17 points et 8 rebonds de moyenne sur la saison rassure dans la Cité des Anges. Il n’y restera que quatre saisons, ternies par les addictions à la marijuana, pour finalement rebondir à Miami puis dans l’autre équipe de Los Angeles où il remportera deux titres de champion NBA (2009 et 2010) ainsi que le trophée de sixième homme de l’année.
Oscar Robertson – Cincinnati Royals (19/10/1960 vs Los Angeles Lakers)
21 points – 10 passes – 12 rebonds – 8/20 au tir (40%) – 5/5 aux lancers-francs
Encore une fois, on parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, si ce n’est en faisant des recherches. Une époque où les contres n’étaient pas comptabilisés, où la ligne à trois points n’était même pas envisagée pour rentabiliser les snipers. En 1960, la NBA est déjà dominée par les Wilt Chamberlain, Bob Cousy et autres Bill Russell, mais un petit nouveau s’immisce dans la grande ligue cette année-là, et il prend de la place. Son nom ? Big O, Oscar Robertson. Il prend de la place comment ? En foutant 30 points de moyenne par match dès sa première saison NBA. C’était avec les Cincinnati Royals, ancêtres lointains des Kings, qui l’ont drafté en première position. On connaît la légende de Big O à base de triple-doubles un peu partout (181 dans sa carrière). Si ce record est menacé par un Russell Westbrook déterminé, il y en a bien un qui sera difficile pour lui d’aller chercher.
Face aux Lakers de Jerry West et Elgin Baylor, Oscar Robertson va mettre tout le monde d’accord dés sa première rencontre. Avec 21 points, 10 passes et 12 rebonds, il enregistre son premier triple-double de sa carrière en NBA, le premier d’une longue série. Il est surtout le seul à enregistrer un triple-double lors de sa première rencontre officielle. Certains n’étaient pas loin non plus, mais Big O, lui, l’a fait. Une performance qui donne le ton de sa carrière, une performance qui lui permet de confirmer son surnom : Mr.Triple Double. En prime, les Royals l’emportent sur ce match, grâce aussi aux 30 points de Jack Twyman. Oscar Robertson pose néanmoins la première pierre de son travail en NBA, entre Royals et Bucks, qui se résoudra par un titre NBA en 70-71, des records à ne plus savoir qu’en faire et de multiples convocations pour briller dans le match des étoiles.
Michael Carter-Williams – Philadelphia 76ers (30/10/2013 vs Miami Heat)
22 points – 12 passes – 7 rebonds – 9 interceptions – 6/10 au tir (60%) – 4/6 à trois points (66%) – 36 minutes
Vous vous souvenez de la Draft 2013 ? Vous savez, celle qui a vu Anthony Bennett en premier choix ? Aujourd’hui, on peut dire qu’elle a finalement accouché de beaux enfants comme Victor Oladipo, Steven Adams, Rudy Gobert, Dennis Schröder et surtout Giannis Antetokounmpo. À côté de cela, on a Michael Carter-Williams. Pas mauvais basketteur, le meneur n’a néanmoins pas la même aura que ceux cités plus haut. Désormais back-up de Chris Paul aux Rockets, on se rappellera surtout de sa saison rookie. Tout d’abord parce que ce fut une des rares satisfactions de Philadelphie durant cette saison 2013-2014, mais aussi parce que MCW nous a gratifié d’une première rencontre mythique. Le 30 octobre 2013, ce sont les champions en titre de Miami qui viennent dans la ville de la cité fraternelle, confronter les Sixers. Wade n’étant pas là, ce sont LeBron James et Chris Bosh qui portent le Heat sur leurs épaules.
En face, il y a Michael Carter-Williams qui annonce la couleur dés sa première prise de balle. Interception, coast-to-coast pour claquer ses premiers points dans la grande ligue, puis passe pour Spencer Hawes qui termine la 2ème possesion du match par un shoot qui rentre. Pendant 36 minutes de jeu, MCW va contribuer dans tous les compartiments du jeu : anticipation pour chiper des ballons, catch-and-shoot derrière la ligne à trois-points, du rebond, de la passe, des lay-ups… Au final, 22 points, 12 passes, 7 rebonds et 9 (!) interceptions dans l’escarcelle du jeune Carter-Williams. Concrètement, un quasi quadruple-double, face aux champions NBA en titre. Tout simplement une des plus grandes performances de début de carrière, qui ne se confirmera pas par la suite, malheureusement. Suite à un transfert aux Bucks peu fructueux, c’est doucement en tant de back-up au poste 1 qu’il revient d’abord à Charlotte puis aujourd’hui à Houston.
Sympa ce petit article détente, merci à l'auteur !
Par contre, je le trouve assez "sévère" avec certaines des stats… le "bon" match d'Isiah Thomas (30/10 c'est juste fou !!) ou les pourcentages "honnêtes" de Iverson (63% pas sur qu'il ai connu bcp de soirées pareilles c'est juste excellent).
Et j'ai aussi un peu de mal avec le fait de parler de carrière "ternie" par une "addiction" à la marijuana. A la limite la carrière est ternie par la politique ultra répréhensive à l'égard du cannabis mais je vois pas à quel moment le fait de fumer peut ternir une carrière. Ou bien que peut-on dire de l'addiction maladive de Jordan et des jeux d'argents ?
J'ai essayé d'avoir une critique objective parce que j'apprécie le boulot de l'équipe et je pense qu'un peu de support fait jamais de mal 🙂
Je pense que l'utilisation de "bon" et "honnête" est plus une litote ici 🙂
Concernant la marijuana, il semble que beaucoup de joueurs considèrent que son utilisation est utile à haut niveau. Après, en général, toute addiction est mauvaise.
L'exemple du jeu avec Jordan est bon puisque cela a contribué à le pousser vers une première retraite sportive (même si pas la raison principale). De même que sans une faculté de récupération hors norme, le voir sortir de casinos à 6h du matin en pleines finales est assez dingue.
On peut penser aussi aux soucis de Larry Sanders et Michael Beasley avec la weed, ou Ty Lawson avec l'alcool.
D'une manière ou d'une autre cela peut/doit avoir un impact.
Ta réflexion peut mener vers des débats vachement intéressants du coup 🙂
ok
thanks allot