La reprise NBA approche, et si nous avons déjà parlé de chaque équipe, il est aussi temps de se pencher sur l’un des sujets les plus débattus chaque saison : les trophées NBA. Tous les ans, la NBA distribue un certain nombre de statuettes ardemment disputées par les têtes d’affiche de la grande ligue. Dans cet article, nous allons nous pencher sur celui qui récompense le joueur qui a réalisé la meilleure saison régulière : le Most Valuable Player (MVP).
Que dire sur ce trophée ?
Le trophée de MVP existe depuis 1956 et le sacre de Bob Pettit, alors joueur phare des Saint-Louis Hawks. Il vient récompenser le joueur qui, aussi bien individuellement et collectivement, a réalisé la saison la plus solide. Remis en jeu chaque année, il a surtout permis à certains joueurs de bâtir leur légende respective. Ainsi, Kareem-Abdul Jabbar (et anciennement Lew Alcindor) fut nommé MVP à six reprises au cours de son immense carrière. Cela constitue le record. Un record qui, gageons-le, n’est pas près d’être égalé.
Derrière Jabbar, nous retrouvons Bill Russell et Michael Jordan, qui ont soulevé le trophée Marcel Podoloff à cinq reprises chacun. Viennent enfin Wilt Chamberlain et LeBron James, avec quatre titres. A la lecture des noms, vous comprenez la spécificité de ce trophée. Un joueur peut ainsi être nommé rookie de l’année sans pour autant devenir une légende absolue (et la réciproque est tout aussi vraie : certaines légendes, comme Magic Johnson par exemple, n’ont pas été élues ROY). Pourtant, si vous prenez la peine de lire la liste des MVP depuis 1956, vous verrez que rares sont les joueurs qui ne sont pas passés à la postérité absolue. Nous avons eu l’occasion de parler de ces MVP oubliés (partie 1 ici, partie 2 là). Ils ne sont néanmoins pas nombreux.
Rappelons-le, ce trophée (à l’instar de tous ceux qui sont présentés dans cette mini-série) ne concerne que les 82 rencontres de saison régulière, quand bien même sa remise s’effectue de plus en plus tard (24 juin cette année, soit après la finale NBA, ce qui ne fait pas grand sens et provoque un désintérêt certain des observateurs). Les performances réalisées en playoffs ne sont donc pas prises en compte.
Si certains titres ne sont pas spécialement soumis à des règles tacites (exemple du Rookie Of the Year), ce n’est clairement pas le cas du MVP. Bien qu’elles soient informelles, des règles édictent l’attribution du trophée Maurice Podoloff. Si l’on regarde le palmarès depuis une cinquantaine d’année, une tendance se dégage nettement. Le MVP est ainsi généralement la première option offensive de son équipe. A cet égard, il score inlassablement. Depuis 1974, seuls deux joueurs ont été nommés Most Valuable Player sans avoir marqué 20 points de moyenne : Bill Walton en 1978 (18,9 points) et Steve Nash en 2005 et 2006 (15,5 et 18,8 points).
Le second critère découle du premier : le MVP est une machine à statistiques. Bien évidemment, ce critère est regrettable et pourrait (devrait ?) être remis en cause. Il en résulte que certains joueurs déterminants pour leur franchise (nous avons eu, au sein de la rédaction, un débat enflammé sur Ben Simmons), mais qui, pour l’heure, ne sont pas (encore) des monstres statistiques, n’ont aucune chances de remporter le trophée.
Attention aux conclusions hâtives ! Certes, les statistiques individuelles sont prises en compte lorsqu’il est question de remettre un trophée individuel. Cependant, le joueur qui effectue d’énormes statistiques dans une franchise qui ne gagne pas un match (prenons l’exemple de Dominique Wilkins, ou de Devin Booker aujourd’hui) ne recevra pas le moindre voix de la part des votants. Ainsi, pour prétendre à être élu, le joueur doit non seulement être individuellement hors norme, mais doit aussi être capable de mener sa franchise au sommet de sa conférence.
Pour mieux illustrer les règles informelles, présentons le portrait robot du MVP depuis 1974 et la prise en compte statistique des interceptions et des contres. En moyenne, le MVP de la saison dispute 38 minutes par rencontre et en profite pour noircir la feuille statistique : 26,8 points, 9,4 rebonds, 5,9 passes décisives, 1,5 interception, 1,4 contre.
Il résulte de ces règles tacites que rares sont les joueurs qui peuvent prétendre à remporter ce titre tant convoité. Voici désormais ceux qui, pour la saison 2019 – 2020, seront dans la course.
Les favoris
Pour la saison à venir, nous avons l’impression qu’une dizaine de joueurs peuvent légitimement espérer poser la main sur le trophée de MVP. Dès lors, il a fallu faire des choix. Inutile de préciser que ces derniers n’ont pas été simples à effectuer. Le septième était quatrième, le quatrième était deuxième … Il a fallu mettre de l’ordre dans le foutoir. Nous vous invitons à nous indiquer quel(s) joueur(s), selon-vous, semble(nt) être le(s) mieux armé(s) pour écraser la concurrence cette saison, arguments à l’appui. En ce qui nous concerne, un sondage interne a été réalisé. En voici les résultats :
7ème : Joël Embiid (Philadelphie Sixers)
Reprenez les critères énoncés ci-dessus et regardez les statistiques du grand Joël, ainsi que la position des Sixers au (presque) sommet de la conférence Est. Vous comprendrez immédiatement pourquoi le jeune pivot camerounais devrait, à l’instar de la saison passée, venir jouer le trouble-fête dans la course au MVP. Statistiquement, Embiid est monstrueux. Le pire (pour la concurrence), c’est qu’avec le départ de Butler et l’arrivée du moins offensif Al Horford, Jojo risque de voir augmenter le nombre de ses tickets shoots. Il n’est donc pas impossible de le voir tourner en 29 / 14 la saison prochaine. Et puisque les Sixers seront probablement au coude à coude avec les Bucks pour glaner le titre honorifique de champion de la conférence Est, nul doute que les votants seront sensibles au curriculum vitae présenté par Embiid.
Ce qui pourrait l’handicaper : nous le savons, le pivot de Philadelphie possède un corps fragile. Drafté en 2014, il n’a joué son premier match NBA qu’en 2016. Depuis, il n’a disputé que 64 % des rencontres des Sixers (31 matchs en 2016 – 2017, puis 63 et 64 la saison passée). Pour prétendre au titre de MVP, il faudrait qu’Embiid dispute a minima 70 rencontres, sans quoi ses absences risqueront d’être rédhibitoires. Au-delà, pour que sa candidature soit convaincante, il devra s’adapter dès le premier jour à la présence d’Al Horford dans “sa” raquette.
6ème : Kawhi Leonard
Double MVP des finales, Kawhi Leonard reste comme LE joueur de la saison 2018 – 2019. Le niveau de jeu qu’il a affiché en playoffs était indécent, et il est parvenu a décrocher le premier titre de l’Histoire des Toronto Raptors. Rien que cela. Tandis qu’Embiid n’a jamais fait mieux qu’une septième place au vote du MVP (la saison dernière), Kawhi est déjà monté à deux reprises sur le podium. Il fut le dauphin d’un Curry intouchable en 2016, avant d’être troisième en 2017. La saison passée, le bilan collectif mi-figue mi-raison des Raptors l’a empêché de réellement peser dans la course au MVP. Néanmoins, s’il réitère les mêmes statistiques du côté des Clippers (26,2 points, 7,3 rebonds, 3,3 passes, 1,8 interception et 0,5 contre en 34 minutes et avec 37 % de réussite à trois points), il est plus que probable qu’il soit dans l’esprit de tous les votants à l’heure de glisser le papier dans l’urne.
Ce qui pourrait l’handicaper : à Toronto, Leonard était indiscutablement la première option offensive de la franchise. Il n’en sera peut-être rien du côté des voiliers. En effet, il lui conviendra de partager la gonfle avec Paul George, qui sort de la meilleure saison de sa carrière. Lou Williams, sixième homme par excellence, viendra également picorer quelques tirs, lui qui possède le temps de jeu d’un titulaire. Dès lors, l’alchimie théorique des Clippers pourrait jouer contre Leonard dans l’optique de remporter son premier titre de MVP. Par contre, cette alchimie pourrait jouer en sa faveur à l’heure de remporter – déjà – un troisième titre NBA.
5ème : Nikola Jokic
Jusqu’alors, nous parlions des potentielles difficultés que pourraient rencontrer Embiid et Leonard la saison prochaine, puisque leur environnement a énormément évolué. Pour Jokic, c’est exactement l’inverse. Solide quatrième du vote du MVP la saison passée, le pivot serbe peut miser son PEL sur la continuité affichée par les Nuggets, dont l’effectif n’a quasiment pas bougé d’un iota.
Grand, imposant et incroyablement dominant, Jokic est peut-être déjà le pivot le plus polyvalent de l’Histoire. Il est pourtant aux antipodes d’un Embiid, véritable bestiole physique, puisqu’il ne court pas vite et ne saute pas haut. Cela ne l’empêche pas de scorer plus de vingt points, de prendre sa dizaine de rebonds et surtout, de distribuer plus de sept passes décisives par soir ! Si les Nuggets ont terminé à une étonnante seconde place dans la très homogène conférence Ouest, ils le doivent principalement aux performances de leur génial pivot, dont on ignore encore le plafond. Alors qu’il entame sa cinquième saison (rappelons qu’il est né en 1995 !), il y a fort à parier qu’il gonfle ses stats aussi bien que son ventre cet été. Et s’il y parvient, la concurrence peut presque déclarer forfait !
Ce qui pourrait l’handicaper : Parmi les sept prétendants ici listés, Jokic risque d’être celui qui pâtira le plus des résultats collectifs de sa franchise. L’Ouest semble s’être tellement renforcé (les Clippers sont désormais prétendants au titre, Davis a rejoint les Lakers, le Jazz est solide, les Rockets et Warriors pas manchots …) qu’il est très compliqué de se projeter sur les futurs résultats collectifs de Denver. Une chose est certaine : sauf performance exceptionnelle (style Westbrook en triple-double de moyenne en 2017), une sixième place des Nuggets ne permettra pas à son pivot de postuler au titre de MVP. Deuxième petite limite dans la candidature du serbe : pour l’heure, il est celui qui score le moins. Or, dans l’inconscient collectif, le scoring reste un élément déterminant à l’heure de nommer le meilleur joueur de la saison (29,3 points de moyenne pour le MVP depuis 2014).
4ème : James Harden
Lorsqu’il s’agit de nommer le meilleur joueur de la saison, le nom d’Harden revient aussi souvent de la vague de grippe en hiver. Sur les sept dernières saisons, le combo guard des Rockets est aussi régulier qu’un horloger suisse, avec sept présences dans le top 9 du classement final (MVP en 2017, trois fois second, une fois cinquième, huitième et neuvième). Et le gaillard est désormais dans son prime. Si son cas divise toujours autant (est-il trop fort, ou est-ce un croqueur extrême ?), voir Harden sortir du top 5 du prochain MVP semble impossible à imaginer. Du point de vue collectif, les Rockets semblent être armés pour lutter dans la folie de cette conférence Ouest. Du point de vue individuel … la barbe devrait pouvoir, encore une fois, venir gratter les 30 points de moyenne.
Dès lors, nul ne sera étonné de le voir pointer le bout de son nez sur le podium (voire tout en haut de celui-ci) à la fin du mois de juin 2020. A moins que certains changements dans sa franchise viennent anéantir toute chance de bien figurer ?
Ce qui pourrait l’handicaper : la venue de Russell Westbrook à Houston a rendu certains observateurs perplexes. Comment faire jouer ensemble deux joueurs dont le usage rate est édifiant ? (40,5 % pour Harden, 30,9 % pour Westbrook la saison passée). Puisque les deux bonhommes présentent un jeu off-ball assez limité, le risque est de les voir jouer chacun leur tour, pendant que l’autre reste spectateur de la scène. Une absence totale de synergie entre les deux joueurs constituerait un énorme point noir sur la candidature d’Harden au trophée de MVP, puisqu’il semble clair et acté que Westbrook ne se contentera pas d’un rôle mineur dans le jeu des Rockets.
3ème : LeBron James
LeBron doit être fatiguant pour les jeunes joueurs qui espèrent dominer la Ligue. Même quand il sort d’une saison “pourrie”, tant collectivement (pas de playoffs pour la première fois depuis des lustres) que sur le plan de la santé (première blessure grave de sa carrière), il nous pond des statistiques dantesques : 27,4 points, 8,5 rebonds, 8,3 passes décisives. Alors qu’il soufflera sa trente-cinquième bougie en fin d’année, il ne reste plus beaucoup de saisons à James pour remporter un cinquième titre de MVP, le premier depuis 2013. Avec l’arrivée d’Anthony Davis, et mine de rien la constitution d’un roster pas inintéressant autour des deux franchises player, les Lakers semblent suffisamment armés pour viser un top 3 de la conférence Ouest. Ce qui serait déjà extrêmement positif pour James dans l’optique de venir égaler Jordan au nombre de trophées de MVP.
Apparemment repositionné au poste de meneur, LeBron s’occupera de distribuer le jeu des Lakers. A ce titre, il aura un avantage physique sur l’intégralité des autres postes 1 de la Ligue. Les seuls qui pourront le titiller seront Westbrook et Ben Simmons. Sur le papier, rien n’empêche le “King” de réaliser une énième saison en 27 / 8 / 8. Généralement décisif dans les rencontres au sommet (et dieu sait si les confrontations Lakers – Clippers seront attendues et observées cette année), LeBron a également pris pour habitude de réaliser quelques performances marquantes, celles qui restent dans l’esprit des votants à l’issue de la saison : plus de cinquante points, de quinze assists, ou encore la possibilité de sortir de derrière les fagots un triple-double excessivement impressionnant. Bref, LeBron James connait la NBA mieux que personne, et sait quel est le chemin à suivre pour terminer MVP d’une saison régulière. Et l’on ne voit pas bien pourquoi il ne s’en donnerait pas les moyens une nouvelle fois cette saison.
Ce qui pourrait l’handicaper : nous avons tendance à l’oublier, puisqu’il n’a quasiment pas joué en 2019, mais Anthony Davis est un joueur d’exception. Et LeBron James est un joueur doté d’un QI basket énorme. Dès lors, s’il se rend compte que les résultats collectifs des Lakers doivent passer par des masterclass d’un Davis ultra-dominant, il est certain que James se mettra en retrait. Sa volonté de ramener un titre avec la franchise de Los Angeles est telle qu’il est bien entendu prêt à sacrifier ses propres chances de titre individuel. Dès lors, il n’est pas impossible de le voir se muer en “super-lieutenant” (vous noterez l’italique et les guillemets) d’un Anthony Davis bien trop fort. Et dans cette hypothèse, c’est ce dernier qui sera bien parti pour terminer la saison en tant que meilleur joueur.
2ème : Giannis Antetokounmpo
Quand on est nommé MVP à l’âge de 24 ans et qu’on évolue dans une franchise armée pour le titre, on est forcément favori à sa propre succession. Antetokounmpo sort d’une saison 2018 – 2019 frustrante collectivement (les Bucks menaient 2 – 0 en finale de conférence avant de se faire avaler par les Raptors). Mais que dire de sa saison individuelle ? 27,7 points, 12,5 rebonds, 5,9 passes décisives, 1,9 interception et 1,5 contre, et surtout la sensation que personne ne peut l’arrêter une fois lancé. Physiquement, il est au-dessus de 99 % de la concurrence. Pire encore, il commence à dégainer à trois-points ! Certes, ce n’est pas encore folichon, mais les rencontres terminées avec plus de 35 % derrière l’arc se sont multipliées la saison dernière : 30,6 % sur les vingt dernières rencontres de la saison régulière, avec 4 tentatives de moyenne.
Présent dans absolument tous les classements individuels de fin de saison (offensive rating, defensive rating, PER, box +/- et bien plus encore), Giannis peut en plus de cela compter sur la continuité qu’ont affiché les Bucks cet été. Le seul mouvement d’ampleur est le départ de Malcolm Brogdon du côté d’Indiana. Au-delà, Middleton a été resigné à prix d’or, Bledsoe est toujours présent, tout comme Brook Lopez. Les cadres de la saison passée, à l’issue de laquelle les Bucks ont terminé avec le meilleur bilan de la Ligue, sont toujours présents. Mieux, ils seront probablement revanchards, et à double titre ! Non seulement les Bucks ont laissé passer la chance de redécouvrir, pour la première fois depuis 1974, les finales NBA. Mais en plus, au court de l’été, la Coupe du Monde n’a clairement pas aidé à panser les plaies des daims : Lopez et Middleton ont été éliminés en quart de finale par une équipe de France pourtant loin d’être favorite, avant de perdre une seconde rencontre contre la Serbie. Antetokounmpo, lui, n’a pas semblé aussi dominant avec la Grèce que sous le maillot vert de Milwaukee, au point même d’être critiqué !
Avec l’esprit qui devrait être le leur, les Bucks ont toutes les chances de terminer à l’une des deux premières places de la conférence Est la saison prochaine. Nous l’avons expliqué en propos liminaires, dès lors qu’un joueur réalise des statistiques improbables tout en ayant pour lui un bilan collectif convaincant, il est susceptible de garnir son armoire à trophée individuel. C’est tout le mal que l’on souhaite à Giannis Antetokounmpo. Mais quelque chose me fait dire qu’il n’aura pas besoin de notre sollicitude.
Ce qui pourrait l’handicaper : Houston, we have a problem. On a du mal à trouver de réels points faibles dans le jeu d’Antetokounmpo. Le seul handicap qui pourrait l’empêcher de soulever une deuxième fois consécutive le trophée Podoloff lui est complètement extérieur. Ce handicap s’appelle Stephen Curry, et se retrouve en première place de notre classement.
1er : Stephen Curry
Depuis les blessures consécutives de Durant et de Thompson, et la défaite en finale NBA contre les Raptors, nous sommes nombreux à avoir pensé à la même chose : Stephen Curry sera, de très loin, le leader offensif des Warriors. Cette pensée, pour les fans des guerriers, a quelque chose d’excitant. Pour les adversaires des gars de San Francisco, elle est terrifiante.
Souvenez-vous ! La dernière fois que Curry possédait entièrement les clés de l’attaque des Warriors, c’était en 2015 – 2016. Et ce fut un véritable massacre. Nommé MVP pour la seconde année consécutive, mais à l’unanimité (du jamais vu jusqu’alors, même si le gros Shaq bougonne), le meneur des Warriors était absolument infernal. Au-delà des statistiques (30 / 5,5 / 7 en 50/40/90 au tir, à la louche), Curry a mené les Warriors à ce qui constitue encore (pour longtemps, certainement) la meilleure saison régulière de l’Histoire. 9 petites défaites au compteur. Les plus pointilleux d’entre-vous rappelleront que le numéro 30 était bien épaulé par Klay Thompson et Draymond Green, ce qui n’est absolument pas contestable. Mais on pourrait leur rétorquer que Green est toujours là, et que D’Angelo Russell est plus basketteur que peintre en bâtiment.
Tous les ingrédients sont réunis pour que Curry nous lâche, une nouvelle fois, une saison absolument fantastique. Il le faudra, d’ailleurs, s’il souhaite remporter un troisième titre de MVP, ce qui le ferait rentrer dans la sphère des Bird, Magic et autre Moses Malone – excusez du peu. La hype est à son maximum, l’Histoire est peut-être en marche, et il ne tient qu’à l’ami Stephen de l’écrire, pour de bon.
Ce qui pourrait l’handicaper : à l’instar de Giannis, il n’y a pas grand chose qui pourrait venir dégrader les chances de Curry de terminer MVP. Nous pouvons citer l’intégration de Russell dans le roster des Warriors, qui nécessitera quelques ajustements, puisque l’ancien des Nets ne pourra pas endosser le rôle de catch ‘n shooter attribué à Thompson. Certains parleraient peut-être du bilan collectif des Warriors (au point, parfois, de les mettre hors du top 8 à l’Ouest, ce qui semble … inconcevable ?), mais la situation des Warriors ne semble pas alarmante. L’armada est moins fort que l’an passé, c’est certain. Mais l’est-elle réellement moins qu’en 2015 ?
L’improbable : Karl-Anthony Towns
Improbable, adjectif : qui a peu de chance de se produire. La définition colle à merveille avec l’idée de voir Karl-Anthony Towns soulever un trophée individuel à la fin de la saison. Pourquoi ? Parce que les Wolves. Nous l’avons suffisamment répété, les résultats collectifs pèsent énormément dans le vote du MVP, sauf performance historique. Or, la franchise de Minneapolis risque de trainer sa peine pendant quatre-vingt deux rencontres cette saison. Sur le papier, au mieux du mieux, elle peut décrocher un huitième spot de playoffs. Mais même ceci semble hautement improbable, malheureusement pour la fanbase.
Pourtant, individuellement, KAT a tout pour manger la concurrence. Très grand (2m13), il sera la première (unique ? tout dépend de Monsieur Wiggins) option offensive de la franchise. Alors qu’il postule à figurer dans le top 3 des meilleurs pivots de la Ligue, Towns aura à n’en point douter les statistiques attendues d’un MVP en puissance. Dominant dans la raquette, adroit de loin (deux saisons consécutives à plus de 40% avec 4,5 tentatives par rencontre), bon rebondeur, il ne lui manque finalement qu’une équipe solide pour prétendre, un jour, à soulever le plus prestigieux des trophées individuels de saison régulière.
Les bookmakers ne s’y trompent pas. Si l’on peut retrouver certaines bizarreries (pour certains sites, Aaron Gordon possède une côte pour être MVP), on constate que la côte “KAT MVP” est relativement solide. Elle se situe autour de 40/1 en moyenne, en douzième position parmi les joueurs NBA. Rappelez-nous la définition du terme “improbable” ?
Ils pourraient (vont) s’inviter
Vous l’aurez remarqué, certains joueurs ultra-dominants n’ont même pas été mentionnés jusqu’ici. Il faut dire qu’effectuer un tel classement nécessite forcément de faire des concessions. Et pour certains, concession rime avec blasphème. Dès-lors, cette dernière rubrique est ici pour réparée toutes les injustices nés du top 7 précité. Quatre joueurs doivent impérativement être mentionnés. Le premier est Paul George. Le nouveau joueur des Clippers, troisième au vote du MVP la saison passée, a toute les armes individuelles et collectives pour se mêler à la lutte qui nous concerne ici. Néanmoins, à l’instar de ce que nous avons dit pour Kawhi, il conviendra de voir de quelle manière les deux superstars cohabiteront sous le maillot des voiliers.
Qui dit Paul George, disait encore récemment Russell Westbrook. Et qui dit Westbrook, dit statistiques. A ce sujet, pas d’inquiétude à avoir pour Brodie, qui devrait encore et toujours noircir la feuille de match du côté des Rockets. Son rôle exact au sein de la franchise d’Harden doit cependant être précisé. Si la mayonnaise prend, il ne sera pas incongru de le voir récolter quelque voix en juin prochain. Néanmoins, son potentiel rôle de seconde option risque de lui porter un préjudice insurmontable.
Dans cette nouvelle ère, où les duos règnent, citons ici Anthony Davis, bien que nous en ayons déjà parlé précédemment. Avec un LeBron James en “mission titre” pour lui balancer des caviars, le nouvel intérieur des pourpre et or devrait s’éclater dans les raquettes adverses. Parmi tous ceux qui n’ont pas été nommés dans notre classement, si je devais miser un kopeck sur un joueur, ce serait indéniablement sur lui.
Enfin, la fanbase toute droit sortie de l’Oregon ne me pardonnerait pas de ne pas mentionner Damian Lillard. Entre deux punchlines balancées à Shaquille O’Neal, le meneur des Blazers semble pouvoir faire aussi bien qu’en 2018, lorsqu’il a terminé au pied du podium du classement du MVP. Le numéro 0 pâtit certainement du manque de “hype” de sa franchise qui, malgré des résultats brillants ces dernières saisons (troisième de la conférence Ouest à chaque fois, finale de conférence 2019), peine à être considérée comme une équipe qui compte dans le paysage NBA.
Il semblerait que nous ayons fait le tour. Irving, Griffin et autres Beal partent de bien trop loin pour avoir la parole dans cette conversation. Espérons désormais que chaque joueur mentionné réalise une saison à la hauteur de nos (mes ?) attentes. Cela devrait alors offrir un magnifique spectacle.