Parfois ce qui compte ce n’est pas la fin du projet mais le début d’un autre, ce qui compte ce n’est pas la chute mais l’atterrissage… Un mantra qui colle à la peau de la franchises des Pacers, qui a connu une saison compliquée. Un effectif avec des joueurs talentueux et besogneux, un coach renommé, un Front Office compétent, mais une saison 2021-2022 encore une fois minée par les blessures… Un trio de leaders jamais au complet (Sabonis, Levert, Brogdon), une armée de role players mais peu de joueurs déterminants malgré la superbe saison rookie de Chris Duarte. C’est simple : la chute statistique est totale, les Pacers ont baissé dans tous les ratings. Autant offensivement que défensivement, il a été impossible de lancer une quelconque dynamique et de maintenir des espoirs de play in. Si Carlisle a fait du mieux que possible, n’hésitant pas à lancer Isaiah Jackson et Duarte dans l’arène rapidement avec de réels temps de jeu (et succès), il fut plus compliqué pour lui de devoir composer avec Caris Levert qui a alterné le chaud et le froid avant son transfert. Brogdon, précieux en attaque et en défense (19/5/5 sur l’ensemble de la saison), a été encore une fois trop souvent absent avec seulement 36 matchs disputés. Turner semblait avoir franchi un cap défensivement, avant encore une fois, de se blesser et manquer plus de la moitié de saison. Seul rayon de soleil du collectif: un Domantas Sabonis au four et au moulin pour porter l’attaque des Pacers avec un énorme 19/12/5 avant son transfert à la deadline.
Le petit monde de la NBA est sous le choc, Sacto semble avoir bazardé son rookie le plus prometteur depuis Fox pour tenter d’accrocher le play in en récupérant le All Star Lituanien et des vétérans. Du côté des Pacers, on se frotte les mains : un arrière aussi talentueux que Haliburton va désormais être coaché par Rick Carlisle.
Une plus ” longue ” série de 3 victoires seulement, une attaque en berne (16ème) et une défense en porte de saloon (28ème), Indiana allait changer de jeu de pneus et lançait un nouveau cycle via le trade de Levert à Cleveland contre un Ricky Rubio blessé et plusieurs picks. Le blockbuster de cette trade deadline fut l’arrivée de l’élégant combo guard de Sacramento, Tyrese Haliburton, auteur jusque là d’un très bon début de saison dans le marasme des Kings. Justin Holiday, Jeremy Lamb et Domantas Sabonis partent ainsi pour la chaleur californienne là où Haliburton, Tristan Thompson et Buddy Hield vont se mettre au vert dans les champs de l’Indiana.
Si le Front Office des Pacers est connu pour refuser le tanking et tenter au maximum de maintenir un effectif compétitif, cette fois il fallait faire un arrêt au stand.
Le jeune arrière au sourire angélique et aux bras interminables, Tyrese, déterminé à prouver au Front Office des Kings qu’ils ont fait une erreur, haussera toutes ses statistiques et aura une confiance totale de la part de Carlisle. 17/9/4 à 40% à 3 pts et 36 minutes de temps de jeu, la star c’est Tyrese. Sur les 26 matchs qu’il fera sur cette fin de saison, full tanking d’Indiana, il rayonnera de par sa maturité, ses nombreux bons choix et son implication dans le collectif. Une page se tourne dans l’Indiana et l’avenir est source d’espoir.
Autour de lui ? Peu de choses à retenir tant l’effectif est très affaibli et ne peut plus prétendre à rien sur cette fin de saison. Priorité à la jeunesse, au diable le résultat, il faut former et faire progresser la nouvelle jeune garde.
La saison à peine terminée qu’il faut déjà faire des choix à la Draft, échanger les derniers vestiges de l’ère précédente et préparer la prochaine saison.
In & out : le point sur le roster
Le point sur le roster actuel :
Meneur : Tyrese Haliburton, TJ McConnell
Arrière : Buddy Hield, Benedict Mathurin, Andrew Nembhard
Ailier : Chris Duarte, Aaron Nesmith, Terry Taylor, Kendall Brown
Ailier-fort : Jaden Smith, Oshea Brissett, Isaiah Jackson,
Pivot : Myles Turner, Goga Bitadze, Daniel Theiss
Phase de l’équipe : Reconstruction
Habituée à des retool tout les 3/4 ans pour maintenir un niveau plancher ( notamment via l’ajout de vétérans et plusieurs coups à la Trade Deadline), Indiana a cette fois fait le choix de repartir de quasi zéro en envoyant ailleurs ses stars d’hier. Myles Turner fait désormais figure de relique d’ancien régime. L’effectif s’est énormément rajeuni et la Draft a vu l’arrivée de plusieurs joueurs aux profils variés.
Tout est à faire, tout est à prendre. Si Haliburton est la principale attraction de cette équipe des Pacers, autour de lui aucune hiérarchie ne semble être dessinée pour l’instant. Il est difficile actuellement de dessiner un cinq majeur type tant certains postes sont peu pourvues/faibles. On peut bien sûr définir un axe Haliburton/Hield/Duarte qui fournira le tempo en attaque et s’avère déjà très complémentaire. Derrière eux, Mathurin et Nembhard tout juste draftés seront responsabilisés dans des profils de joueurs two ways qui s’intègrent facilement dans l’attaque huilée de Carlisle.
La raquette est bien moins fournie cependant, si Myles Turner reste le lock au poste de pivot, va-t-il encore être dans les rumeurs de transfert ? Qui aligner à ses côtés ? Isaiah Jackson semble prêt dans un rôle d’intérieur rim runner, mais ne serait il mieux pas utilisé en sortie de banc ? Oshea Brissett a montré de bonnes choses au rebond et au shoot sur les saisons précédentes mais est-ce assez pour être titularisé ? Le choix de la sécurité serait d’aligner Theiss au poste d’ailier fort mais une équipe en reconstruction en a-t-elle réellement l’envie ?
Les tendances de l’été
En voiture Simone !
La Draft d’Indiana a été une des plus suivies tant l’équipe était en position de réaliser plusieurs gros coups. Une pay roll basse, de nombreux picks, des rumeurs autour d’un trade pour Russell Westbrook, une arrivée d’Ayton ? Juste après avoir drafté Mathurin, Nembhard et Brown, Indiana sent l’opportunité de signer l’intérieur dominant des Suns, Deandre Ayton. Une offre massive est faite pour le colosse de l’Arizona, offre acceptée. Les fans des Pacers se prennent à rêver d’un pick and roll Haliburton-Ayton, mais le rêve ne durera que quelques heures avant que les Suns, couteau sous la gorge, ne matchent l’offre d’Indiana. Opportunité manquée.
Cela n’empêche qu’Indiana a réalisé une draft cohérente avec des profils NBA Ready.
Benedict Mathurin drafté en sixième position est la principale attraction tant son profil d’arrière moderne est demandé par les franchises NBA. La star des Wildcats d’Arizona propose un profil de jeu varié mais sa première arme et la raison de sa draft est son tir. Il a progressivement amélioré sa palette offensive, étant d’abord cantonné dans un rôle de sniper en catch and shoot, il a su développer sa sélection de tir en proposant des drives, des pulls up en isolation et contre attaque. Joueur explosif mais qui manque de puissance, il peine encore à terminer au contact mais compense cela avec une aisance technique et des bons choix. Sur la ligne des lancers francs il dépasse les 75%, autre preuve que son shoot est fiable et que Indiana ne prend pas de risque en l’alignant.
Seule ombre au talent, avec un tel physique, il doit cependant progresser encore en défense, il peut largement faire mieux que le défenseur moyen qu’il a été à Arizona. Un bon défenseur en 1v1 mais qui parfois se perd lorsqu’il s’agit de penser collectif. L’état d’esprit est bon et son rapport taille/vitesse/puissance lui assure de ne pas être négatif à son arrivée en NBA. Progresser en défense off ball demande du temps et de l’expérience, un axe de progression logique pour un potentiel futur titulaire une fois Buddy Hield échangé ?
Il va être difficile pour moi de vous parler d’Andrew Nembhard en restant objectif (fan de Gonzaga oblige). Un combo meneur/arrière grand, avec une très bonne vision de jeu et un rôle de leader affirmé dans une des grosses écuries du système universitaire. Un profil polyvalent qui a progressé en attaque en devenant le principal porteur de balle de son équipe, investi autant en off ball qu’au drive où il arrive à bien compenser son manque de puissance. En défense ? Plus compliqué. Préservé, souvent placé face au joueur le moins dangereux de l’équipe adverse, il n’empêche qu’il manque de concentration, fait encore des erreurs de lecture et manque parfois d’agressivité.
Meilleur moyen pour affûter le jeune canadien ? Miser sur le long terme, affronter des joueurs expérimentés en G League et croire en la capacité du staff d’Indiana à façonner l’ancien meneur des Bulldogs. Plus gros contrat de l’histoire de la NBA pour un second tour ( 8.6 millions sur 4 ans), Indiana croit en son futur arrière longiligne. Un homme à suivre.
Kendall Brown quant à lui propose une dynamique différente. Ancienne superstar au lycée, serait-il ce profil parfait d’ailier/stretch four moderne, capable de participer dans l’ensemble des compartiments du jeu où son physique lui permet de défendre plusieurs postes, participer au rebond, une étiquette de future star ? La réalité fut plus contrastée à Baylor. Kendall, arrivé dans une équipe en pleine reconstruction, sera peu responsabilisé en attaque, en manque de confiance en début de saison notamment sur son tir, au point de refuser des tirs ouverts. Il va cependant hausser sa productivité au fur et à mesure de la saison tout en conservant une bonne défense. S’il a du mal face aux arrières agiles et rapides, il peut cependant tenir aisément les autres postes grâce à son envergure, sa puissance et sa mobilité. Il doit absolument travailler son drive qui reste très perfectible et sa confiance en soi. L’ancien ailier annoncé top 5/10 a chuté au second tour avant d’être signé en contrat two way par Indiana. Il devrait avoir plusieurs opportunités cette saison pour se montrer.
Myles mort à l’Est
L’éléphant dans la pièce, le secret de polichinelle, l’éternelle interrogation. Que faire de Myles Turner ? Depuis son arrivée dans la ligue il est au centre de rumeurs et cristallise la frustration ressentie face à un joueur au profil rare. Très bon contreur, shooteur correct mais qui est toujours trop blessé et réclame d’être plus responsabilisé en attaque. La réalité est plus cruelle, les équipes adverses par le passé l’ont laissé relativement ouvert en attaque tout en s’appuyant sur sa faiblesse au rebond pour se créer des secondes chances. Dans tout cela, Myles réclame toujours un gros contrat, va encore voir son importance dans l’effectif diminuer au profit de jeunes joueurs mais reste au centre de rumeurs notamment autour d’un trade Westbrook/Hield/Turner.
RDV à la trade deadline pour un dernier tango avec le Front Office ? Encore une fois bien plus de doutes que de certitudes.
Focus sur la saison 2022-23 des Pacers
A Burton but not a Burden
Haliburton concentre l’ensemble des espoirs et du futur des Pacers tant son profil polyvalent et ses progrès nombreux l’an dernier ont rassuré le Front Office sur le choix qu’ils ont fait en envoyant Sabonis à Sacto. Le jeune arrière aborde sa deuxième saison NBA avec déjà un statut de leader de vestiaire et des équipes adverses qui devront s’adapter. Le joueur qui a maintes fois dépassé les 10 passes par match sera la première option en attaque et le Floor General d’une équipe qui manque de création en attaque. Un risque de voir son nombre de pertes de balles augmenter ?
Certes, mais sa très bonne vision du jeu combinée à des shooteurs confirmés en fait un casse tête pour une défense qui doit composer avec un arrière aux bras interminables, qui shoote à 40% à 3 pts et sait très bien driver pour finir au cercle. Une saison de patron, une saison de future All Star ? On mise ici sur une saison en 18/9/5 et une nouvelle place dans la hiérarchie des meneurs. C’est pour quand le premier Sacramento-Indiana ?
Kwak Attak
Le plus si jeune Chris Duarte, drafté l’an dernier et candidat pendant quelques temps au titre de ROY n’a eu de cesse d’impressionner de par sa maturité et sa polyvalence en attaque et en défense. On et off ball, sur l’homme comme dans une défense collective, au shoot comme à la finition, Duarte a confirmé toutes les attentes placées en lui, l’ancienne star des Oregon Ducks et le pick 13 de la précédente verra cependant sa saison stoppée après 55 matchs après une blessure à l’orteil gauche. Il se sera offert plusieurs coups d’éclat avec un énorme tir à 3pts sur la tête de Lebron James pour arracher l’overtime, un career high à 27 pts dès son premier match NBA face aux Warriors de Curry et Klay. Excusez du peu. Duarte sera logiquement le lieutenant/facilitateur de Haliburton, sa polyvalence permettant de soutenir le meneur star et de l’utiliser en off ball sur de nombreuses phases de jeu. Dans une équipe qui manque de joueurs capable de scorer en isolation depuis les départs de Brogdon et Levert, il devrait voir l’ensemble de sa ligne statistique augmenter. Le joueur a la tête bien faite et est très mature, un soldat de l’ombre dont les fans d’Indiana savent apprécier l’apport.
Par où commencer ?
Le chantier qu’a devant lui Carlisle est colossal. C’est simple, il faut tout refaire, tout revoir. Les Pacers en envoyant ailleurs leurs leaders ont fait le choix de raser leurs fondations pour peut être s’offrir un avenir plus radieux. La réalité est qu’à l’instant T, il faut recréer une identité autant offensive que défensive. On peut aisément imaginer une attaque léchée et collective comme Carlisle a su le faire à Dallas et précédemment à Indiana. Défensivement s’il dispose de plusieurs bons défenseurs, cela ne suffit pas pour proposer une défense correcte. Faut il défendre en drop ? Proposer du full switch ou un schéma plus classique en s’appuyant sur l’athlétisme du cinq majeur ? Les pistes sont nombreuses, les doutes également. Le cinq majeur est difficilement identifiable notamment sur certains postes.
Qu’est-ce qu’on veut voir cette saison ?
Un équipe qui joue sans complexe, un coach qui responsabilise ses jeunes draftés, un meneur en quête de légitimité et qui postule au statut de All star, le fond mais pas la forme. Indiana comme d’autres équipes en reconstruction jouera avec peu d’attentes de résultats. Les Pacers raisonnent désormais à long terme, commencent tout juste un nouveau projet. Si le groupe de jeunes présenté précédemment est verrouillé pour au moins deux ans, autour d’eux c’est le flou total. Indiana devrait travailler sur comment échanger ses derniers vétérans notamment Hield et Turner qui ont encore une bonne côte.
La compétitivité à l’Est n’a eu de cesse de s’agrandir depuis plusieurs saisons, Indiana n’a aucun intérêt à viser le play in car l’équipe n’en a clairement pas le niveau ( du moins à l’instant où cette preview est rédigée)
Il apparait donc logique qu’Indiana côtoie encore le fond de sa conférence. Contrairement aux autre équipes, leur reconstruction commence à peine. Nous misons sur une saison autour des 30 victoires avec un début d’année compliquée mais une identité qui s’affirmera au fur et à mesure des passes léchées de Tyrese et des coups de gueule de Rick. Un demi tour complet pour les Pacers dans un circuit NBA où la course ne s’arrête jamais.